22 août 2025, 10:00

WE CAME AS ROMANS

Interview Andy Glass


C’est en pleine tournée nord-américaine que nous avons eu l'opportunité d’échanger avec Andy Glass, bassiste et compositeur de WE CAME AS ROMANS, à propos du nouvel album des patrons du metalcore, « All Is Beautiful... Because We're Doomed », paru ce 22 août chez SharpTone Records.
 

Comment se passe la tournée pour le moment ?
Andy Glass : Eh bien, nous avons fait quelques festivals, dont l’Incarceration, nous sommes passés par le Canada, et là je suis à Atlanta. Je suis un peu fatigué, mais globalement tout se passe bien !

J’imagine que c’est peut-être aussi l’occasion de faire découvrir certaines nouvelles chansons en live en avant-première de la sortie de l’album ?
Carrément ! C’est super parce qu’on n'avait partagé que des extraits à la fin de nos vidéos ici et là, et maintenant, on peut enfin jouer certains morceaux intégralement en live. On a caché des indices à droite à gauche et ça nous plaît de pouvoir partager davantage désormais. Tu sais, c’est un album que nous avons écrit comme étant 100% le reflet de nous-mêmes, et donc nous voulons nous éclater. Nous avons joué deux chansons inédites à ce jour sur scène, ainsi que l’intro de l’album. Les gens ont pu avoir un aperçu de l’album avant même qu’il ne sorte et c’est plutôt amusant à faire. Bon, c’est aussi un peu bizarre, parce qu’ils ne connaissent pas encore les paroles, mais c’est génial de les voir devenir complètement dingues ! Et puis, nous avons pu filmer du contenu dans ces moments-là, donc globalement, ce n’est que du positif !

Quelles chansons ont eu le privilège de ce baptème live ?
Nous avons fait ce morceau bien lourd, "Red Smoke" qui est un breakdown géant à lui tout seul, et "One By One" qui sonne plus comme un titre rock plus classique. Sur "Red Smoke", les gens n’ont pas besoin de connaître les paroles, c'est un morceau qui envoie et ils sont juste enthousiastes. Pour "One By One", on fait une petite intro pendant laquelle Dave prend le temps d'apprendre les paroles du refrain : il les chante plusieurs fois, et ensuite on lance le morceau, comme ça les gens peuvent quand même chanter avec nous. C’est une approche différente, mais très sympa. Tu sais, nous avons tellement tourné qu’au bout d’un moment, ça revient un peu à toujours balancer les mêmes chansons. Pour cette tournée, nous avons voulu faire les choses différemment et proposer une expérience inédite. Nous avons inclus de nouveaux titres, rallongé des breakdowns, ajouté des interludes... je pense que ça apporte un peu de piment, et en tant que musicien, nous donne l’opportunité de casser une certaine routine. La tournée en tête d’affiche dans des salles nous permet de concevoir ce type d’approche pour le public, là où c’est plus limité en festivals où tu n’as qu’une courte fenêtre de tir pour montrer ce que tu sais faire. 

La tournée s'achève par une date à Detroit, votre ville d’origine, le jour même de la sortie de l’album. C’est votre "release-party en famille" ?
Oui et avec quelques surprises supplémentaires. C'est formidable de finir la tournée là-dessus. Tu sais, d’habitude nous entamons nos tournées par Detroit, mais là je pense que ça va être génial de terminer par cette date. Bien sûr, nous serons sûrement un peu cassés par la fatigue d’avoir joué et fait la fête avec le staff et les autres groupes tout au long de la tournée, mais ça va être tellement fort de jouer pour la famille et les amis. Nous sommes un groupe à la vision très familiale, nous aimons être entourés des gens qu’on aime et créer de bons souvenirs, donc ça va être incroyable de finir sur une note aussi positive.


Afin de contextualiser ce nouvel album, j’aimerais revenir sur le fait que le précédent, « Darkbloom », sorti en 2022, était le premier avec Dave en tant que chanteur principal après la disparition de Kyle en 2018, et il avait beaucoup à voir avec une notion d’hommage, de deuil et d’héritage. Cela fait maintenant plusieurs années que Dave a pu prendre son rôle à 100% en live. Est-ce qu’on peut considérer que « All Is Beautiful... Because We're Doomed » marque un nouveau chapitre pour WE CAME AS ROMANS et un pas en avant pour votre musique et vous-mêmes ?
D’abord, merci pour la manière d’avoir amené ça, je te remercie. Effectivement, ce contexte est ce qui a rendu l’écriture de « Darkbloom » si difficile, parce que nous étions très touchés émotionnellement. Et en même temps, le thème sur lequel écrire était totalement évident : nous savions de quoi nous devions parler, pour rendre hommage à notre frère disparu. Cela a été un challenge difficile sur le plan émotionnel et nous avons pris le temps de laisser couler le flot de pensées sur ce thème.
Pour « All Is Beautiful... Because We're Doomed », on est un peu dans le contrepied du précédent album, parce que justement on ne savait pas de quoi nous allions parler, et ça a été notre plus grand obstacle à surmonter. C’est un grand défi de ne plus seulement évoquer notre ami, mais de plutôt nous recentrer sur qui nous sommes à l’instant présent. Cela a supposé de lever pas mal de non-dits dans le groupe et nous avons appliqué une règle que j’avais commencé à mettre en place pour « Cold Like War », à savoir que nous n'abordons que des expériences communes ou qui parlent à tous les membres du groupe. Je ne veux pas que Puckett, notre batteur, ou Dave au chant, ou même Lou et Josh aux guitares se retrouvent à interpréter une chanson écrite pour quelqu’un d’autre. La règle est donc de thématiser sur quelque chose que nous avons tous vécu, qui résonne en chacun de nous, qui nous fait réagir d’une certaine manière. C’est presque thérapeutique, par moments, au sein du groupe. Tu sais, même pour les titres des albums, ça a été influencé par mes lectures. Pour « Darkbloom » je lisais La Méthode Shadow Work, et le premier jour d’enregistrement en studio, je suis tombé sur une phrase qui disait «don’t let your dark bloom take over» («ne laisse pas ton aura sombre l’emporter» - NDLR), et j’ai adoré ce concept au point de l’utiliser pour l’album.
Pour « All Is Beautiful... Because We're Doomed », j’ai lu Anatomie de l’Esprit de Caroline Mist, dans lequel elle évoque une règle d’or qui dit que, si tu investis énergétiquement dans les autres, alors ils investissent énergétiquement en toi. Et cette règle, elle l’appelle "all is one" ("tout ne fait qu’un" - NDLR). J’adore cette idée, je me suis fait tatouer 'all is one' sur la paume de la main, regarde, et j’aime cette pensée que nous tous, gens et choses, sommes connectés les uns aux autres en somme.
Pour autant, je trouvais ce concept un peu trop large, et au même moment je lisais beaucoup d’Homère, notamment L'Iliade et L'Odyssée, donc de la mythologie grecque. Homère a l'approche suivante : «je vais t’apprendre un secret qu’on ne t’enseigne pas dans les temples. La vie n’est que plus belle à vivre, quand on prend conscience qu’on est tous condamnés à disparaître.» Tu dois vivre chaque moment, chaque jour, comme si c’était le dernier, parce que l’essence même de la vie, c’est qu’elle arrive toujours à sa fin, vu que nous sommes mortels.
J’ai donc pensé à combiner ça en « All Is Beautiful... Because We're Doomed », avec cette idée que chaque interaction avec la nature ou d’autres personnes est magnifique, tout comme chaque action que tu fais. Il y aussi cette idée de leçon à apprendre, même quand tu traverses des moments difficiles. Tu peux y trouver des éléments qui non seulement feront de toi une meilleure personne, mais te permettront aussi de voir à quel point la vie est belle dans sa manière de se dérouler.
Voilà comment a pris vie le concept qui soutient tout l’album, et ce qui est drôle c’est que nous étions dans un avion qui survolait l’Australie quand j’y ai pensé. Tout le monde dormait et j’ai attrapé mon PC, j’ai commencé à créer des croquis, de nouveaux logos, des notes sur ce thème. Quand les autres se sont réveillés, je leur ai expliqué l’idée en leur disant «je crois que j’ai le concept !» et ils ont adoré ! A partir de là, nous n’avons plus cessé d’avancer.

C’est très profond ! Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle donc avec l’artwork de l’album - la vue d’un canyon en contre-plongée - et je trouve qu’on peut soit l’interpréter de manière très négative ("je suis tombée, la remontée est impossible, je suis fichue"), soit pleine d’espoir ("je suis au plus bas, mais je vois la lumière, peut-être que je peux m’en sortir"). C’est un fait exprès ?
Je suis ravi que tu pointes cela du doigt ! Effectivement, l’idée est d’être très ouvert dans l’interprétation, parce que de la même manière tu peux difficilement distinguer si c’est le jour ou la nuit, la lumière ou la pénombre, la rupture du temps... Il y a aussi cette notion de boucle qui, comme un cercle, renvoie à la représentation d’une vie entière, d’un cycle complet ou à l’inverse de fragments et de moments, ou même une relation avec une personne, tous ces éléments qui te permettent de t’ouvrir à toi-même, quoi que ça signifie pour toi. J’aime réécouter certains disques qui me renvoient aux moments de ma vie où ils sont sortis et qui me rappellent une personne avec qui j’ai partagé des moments à cette période-là, ou bien des saisons comme l’été ou l’hiver quand tout devient gris... J’aime me remémorer tous ces instants.
Je lisais aussi Le livre Tibétain de la Vie et de la Mort (de Sogyal Rinpoché - NDLR), qui ne t’apprend rien d’autre que l’importance de savoir apprécier ta vie et comment appréhender la mort, en voyant la mort comme quelque chose de nécessaire et même comme une célébration de la vie. Je pense qu’il y a beaucoup de choses intéressantes là-dedans, le lien entre la vie et la mort, et tous ces petits moments qui font la passerelle entre les deux. Eckhart Tolle parle du fait de trouver dans le moment présent les petites lacunes de la vie, et de l’importance d’identifier ces lacunes. C’est pour cela que l’album s’ouvre sur ce bruit étrange et s’achève sur un autre, formant une boucle. Il est intéressant de penser que dans ces moments tu peux trouver une forme de paix, mais tu peux aussi t’interroger sur toi-même dans ces petits vides. Et si tu es calme, simple spectateur objectif de ces instants, tu peux peut-être trouver beaucoup de réponses. Il y a beaucoup de choses à entendre dans cet album et j’aime particulièrement cette idée. J’aime aussi à penser qu’une fois que tu l’auras écouté en entier, tu n’entendras plus ces bruits de la même manière. 

Côté production, qui est derrière « All Is Beautiful... Because We're Doomed » ? Je parierais sur Jordan Fish pour "Bad Luck" mais ensuite… ?
Nous avons toute une équipe avec nous. Effectivement Jordan nous a aidés sur "Bad Luck" mais nous avons aussi travaillé avec Drew Fulk (producteur de MOTIONLESS IN WHITE, Lil Peep, A DAY TO REMEMBER... - NDLR) et Will Carlson.

Ah, j’avais vu juste pour "Bad Luck", alors !
Oui, c’est l’un des premiers morceaux que nous avons écrits pour l’album. Il a une vision incroyable en termes de mise en relief et de mélodie principale. Nous l’avons contacté parce que nous adorons BRING ME THE HORIZON et sa capacité et celle des autres membres du groupe à sans cesse amener des idées novatrices qui rafraîchissent le genre. C’est un honneur d’avoir pu travailler avec lui. Alors, tout s’est fait à distance. Nous avions des bribes d’idées qui ne s’assemblaient pas totalement. Il a suggéré des idées pour les relier et la chanson a pu prendre vie. C’est lui qui a amené l’idée du refrain, par exemple. ​Travailler avec Drew et Will a aussi été une expérience incroyable. Nous avons aussi pu compter sur Landon Tewers de THE PLOT IN YOU et d’autres personnes.

​Si je trouve que les morceaux s’organisent par "chapitres", en regroupant par exemple "Lake Of Fire" et "Red Smoke" ou bien "Circling a Dying Sun" et "Knowing Pain", il y en a un qui m’a interpellée parce qu’il semble singulièrement à part : "B2tm". Peux-tu nous en parler ?
Alors ça correspond à l’époque où nous préparions notre quatrième album et ça ne se passait pas super bien pour nous. Nous étions entourés de gens qui étaient prêts à nous dire absolument tout ce que nous voulions entendre, à nous flatter sans arrêt en mode "vous gérez, vous allez tout déchirer, c’est génial." A l’époque, nous nous sommes sentis invincibles, nos égos ont un peu enflé, et cet album est arrivé et a failli conduire à la perte du groupe. Nos ventes de merch étaient catastrophiques, nous ne remplissions plus les salles, et nous étions tous globalement malheureux. Alors nous avons fait un grand ménage, nous nous sommes séparés de toutes ces personnes qui évoluaient autour de nous sans rien apporter concrètement. Nous étions perçus comme de potentielles sources de revenus, rien de plus, nous avions perdu notre raison d’être, et nous étions les premiers à blâmer pour ça. C’est une situation pour laquelle nous avons dû faire face à nos responsabilités, même si nous avons aussi ressenti beaucoup de colère envers les personnes concernées. Il y a eu une époque où nous étions totalement pris dans l’engrenage, cette machine qui te fait faire de la musique pour passer en radio ou parce qu’il faut vendre. Nous avons dû extérioriser toute cette colère, ce sentiment d’avoir survécu mais d’avoir été effacé en même temps. Nous avons dû trouver comment lâcher prise pour survivre. A cette époque, je regardais beaucoup de documentaires sur les aliens et ce morceau ne sonnait pas comme maintenant et n’abordait pas le même thème. Je me suis dit que David ne chanterait jamais là-dessus, et que nous étions en train de retomber dans une vieille habitude comme dans un piège. Nous avons arrêté et totalement réécrit ce morceau pour plutôt l’utiliser pour faire sortir cette colère, comment nous étions furieux après nous-mêmes d’avoir dérapé et de nous être vendus. J’adore ce morceau et effectivement c’est un peu le mouton noir ou le vilain petit canard de l’album, mais il est très cool. Je pense que ça a été thérapeutique d’une certaine manière, un peu comme quand tu es dans une nouvelle relation mais que tu continues à parler de ton ex, à un moment il faut que ça sorte. 


Concernant cette perception de "chapitres" dans l’agencement des titres, vous avez eu une méthodologie particulière pour organiser l’album ?
Alors au départ, j’avais dit qu’on utiliserait un tableau blanc. Nous en avons un au studio, mais il servait uniquement à lister les pistes et les choses à faire. Mais ensuite j’en ai pris un autre, Josh aussi, et on s’est mis à tout écrire. Nous avons listé les albums que nous avions déjà écrits et les sentiments que nous avions ressentis, puis ceux que nous ressentions dans le moment présent. Nous avons aussi commencé à retracer ce qui s’était passé en tournée ou même chez nous, tous les évènements que nous avions traversés. C’était super cool de voir cette sorte de rétrospective de l’ensemble de la vie du groupe, pas forcément dans l’ordre chronologique. Nous avons même eu des moments où nous avons mis certains morceaux de côté pour les laisser décanter. Nous nous sommes aussi amusés à inclure des références dans les nouveaux morceaux sur la base de ce passé retracé, comme par exemple sur "One By One" où on retrouve des paroles d’anciens morceaux ou albums concernés par l’époque dont parle ce titre. C’était un processus très cool d’essayer de mettre ici et là des petites choses qui aident à créer une pièce d’ensemble, mais c’était aussi très fastidieux, parce que quand tu composes un album avec un concept, il faut qu’il y ait une colonne vertébrale solide pour tenir le tout. Il faut une histoire qui se tient et trouver la bonne manière de la raconter et de la présenter. Tout cela prend du temps à ciseler afin de s’assurer que tout fasse sens et soit fluide. Tu veux que ton auditeur soit captivé et vive une aventure à part entière.

Vous avez enrichi l’expérience à travers des clips également. Peux-tu nous parler de votre collaboration avec George Gallardo Kattah qui a réalisé à la fois la vidéo de "Bad Luck" et celle de "Culture Wound" ? Je trouve leur esthétique incroyable !
Et bien d’habitude c’est moi qui m’occupe de nos clips vidéos, j’écris en général à partir d’une idée. Je travaille souvent avec différents artistes afin que l’idée prenne vie. Pour «Darkbloom» nous avons beaucoup utilisé la technique du fond vert. Nous avons aussi travaillé avec Jensen Noen qui a fait des vidéos pour FALLING IN REVERSE par exemple, et d’autres gens merveilleux. Mais pour cet album, j’ai souhaité un rendu plus brut, plus esthétique et j’ai fait le choix de me mettre sur le banc de touche pour l’écriture des clips. Il faut aussi dire que j’étais complètement sur les rotules après plus d’un an et demi à écrire en permanence pour l’album déjà, en collaboration avec Josh. A ce moment là, je me suis dit que j’adorais le travail que George avait fait pour les vidéos de THE PLOT IN YOU, et j’ai décidé d’aller vers lui, lui transmettre les titres composés et voir ce qu’il serait capable d’en faire en termes d’images, en partant de rien et avec uniquement son instinct. C’est la première fois que je lâche prise et que je confie à un autre artiste une œuvre d’art pour voir comment il l’interprète et se l’approprie. George a fait un travail fantastique. Il a envoyé les idées et nous avons fait quelques ajustements minimes, mais j’étais vraiment en mode "fais ton truc". C’était génial, et ça a vraiment enlevé un poids de mes épaules, tout en étant très fun de regarder la vision de quelqu’un d’autre prendre vie au sujet de nos morceaux. Je pense que parfois, quand tu es créatif ou dans l’écriture, tu as ton idée en tête, comme si tu regardais une peinture de très près, et tu n’en vois qu’une infime partie. Et puis tu prends quelques pas de recul, et là tu découvres la vision d’ensemble. Je pense que j’étais tellement impliqué à la fois dans l’écriture des morceaux et leurs vidéos qu’à un moment il valait peut-être mieux lâcher prise et laisser l’univers rendre tout fluide en faisant confiance. C’est ce que j’ai fait pour ces clips et c’est une bonne surprise à la fin pour moi d’avoir un résultat aussi cool. J’ai adoré travailler avec George et une super équipe autour, parce qu’il a vraiment le sens du détail et il a totalement su capter toutes les subtilités que nous avons voulu mettre dans nos morceaux. Il a su faire brillamment les faire ressortir dans les vidéos. C’est un super gars !


​Même si vous avez tout validé, c’est cool d’avoir pu déléguer cet aspect alors !
​Exactement ! De la même manière, même si nous avons des équipes pour créer les designs pour le merch, le côté visuel a toujours été mon domaine, mais au final je suis content d’avoir pu compter sur d’autres personnes pour prendre la main. Notre groupe a toujours eu cet esprit familial et communautaire, donc je préfère m’entourer de gens aussi passionnés que moi plutôt que de rester seul dans mon coin juste pour pouvoir dire égoïstement que c’est moi qui fait les choses.

Le troisième clip, celui de "No Rest For a Dreamer", est différent puisqu’il est entièrement en noir et blanc. Il montre des flots de rivières et le montage change de rythme jusqu’à être inversé, c’est assez déroutant. Est-ce que le but c’est de représenter le cycle continu de la vie par exemple ?
Alors ce qui est drôle avec celui-là, c’est que lorsque nous allons sortir l’album, il va être modifié et les images apparaîtront en couleurs. Tu verras à ce moment-là que ce qu’on prenait pour un flot continu est en fait constitué de canyons, avec des couleurs chaudes, et la perspective change totalement. Cela fait partie des sortes d’indices que nous aimons disséminer un peu partout. Tu remarqueras que pour les titres des morceaux, la première et la dernière piste ont des titres en majuscules, toutes les autres ont des titres en minuscules. Nous avons voulu insérer des respirations dans les morceaux aussi, presque comme des petits défauts, comme pour montrer que l’art se suffit à lui-même tel qu’il est, y compris dans son imperfection. Nous voulons avoir notre propre univers, comme une sorte d’île, un monde à nous. J’écoutais du SYSTEM OF A DOWN l’autre jour, et l’une des raisons pour lesquelles ce groupe ou d’autres comme TOOL, A PERFECT CIRCLE, LINKIN PARK ou même SLEEP TOKEN sont devenus incontournables en haut des affiches de festivals, c’est parce qu’ils ont su créer leur propre son, leur univers totalement unique. Ils ont leur île, leur vent de fraîcheur, et c’est ça l’essence de l’art. J’ai vraiment envie de faire ça, pour sortir de la facilité de toujours faire la même chose et de toujours tourner avec les mêmes autres groupes, parce qu’à la fin c’est épuisant et ça devient du réchauffé. J’ai voulu m’en éloigner et si possible travailler à créer notre petite île à nous.

Je pense que cet album est vraiment réussi dans ce sens parce qu’il fourmille de détails qui invitent à plusieurs réécoutes pour tout découvrir, et puis c’est complet avec les clips et bientôt les concerts. Je rajouterais également que je trouve le travail de Dave à la voix extraordinaire, il montre une palette de nuances totalement inédite. C’est une étape supplémentaire ça aussi, non ?
Tu sais Dave est une machine, et un très bon ami. C’est quelqu’un de très discipliné, il est sans cesse en train de travailler pour développer de nouvelles compétences. Le voir faire est une véritable source d’inspiration pour nous. Nous l’avons aussi beaucoup sollicité, nous l’avons mis à l’épreuve en mode "essaie ceci, peux-tu faire cela", et c’est génial parce qu’il a cette soif d’explorer les capacités de sa voix et de les développer sans arrêt. Il a été puiser dans du falsetto pour certains passages, il a screamé différemment pour d’autres. Bref, je pourrais passer des heures encore en studio avec lui à l’écouter crier et chanter toutes ces paroles. Et en plus, c’est un excellent performeur sur scène !

Hâte de vous voir à l'œuvre !

WE CAME AS ROMANS se produira à Paris le 1er octobre au Trabendo.

Blogger : Carole Cerdan
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Carole Cerdan
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