29 août 2025, 12:09

THREE DAYS GRACE

Interview Neil Sanderson


Parmi de nombreuses annonces de séparations de groupes ou de départs de certains de leurs membres, nous avons eu le plaisir, l’année dernière, d’apprendre l'inverse, c'est à dire le retour d’Adam Gontier dans THREE DAYS GRACE après plus d’une décennie. En 2025, THREE DAYS GRACE nous propose un nouvel album aux allures de véritable renaissance : « Alienation » concilie avec brio les deux voix de Matt Walst et d’Adam Gontier sur des morceaux à l’inspiration retrouvée. C’est avec un Neil Sanderson très souriant que nous nous sommes entretenus pour en parler !
 

« Alienation » est sorti le 22 août. Comment te sens-tu alors que cette nouvelle ère de THREE DAYS GRACE démarre ?
Neil : C’est un moment très spécial ! On a la chance d’avoir été accompagnés par les fans dans ce voyage, et ce depuis le début. THREE DAYS GRACE a eu son lot de turbulences, de nombreuses manières. Mais voir l’ouverture d’esprit et l’accueil chaleureux de nos fans tout au long du chemin et pour chaque itération de THREE DAYS GRACE a été très spécial. Maintenant, on boucle en quelque sorte la boucle et je pense que c’est la meilleure version de THREE DAYS GRACE qui ait jamais existé. C’est comme si deux mondes se rejoignaient et ça nous donne une autre dimension, de bien des manières. C’est fantastique pour nous de capter cette nouvelle énergie sur l’album et de pouvoir le partager avec le monde. J’ai très hâte de pouvoir l’offrir aux fans, un peu comme un remerciement pour leur soutien. On a vraiment capturé un moment qui n’a pas eu lieu très souvent, où on a tous les cinq décidé de se rassembler et de faire ce qu’on a toujours fait, c’est-à-dire de s’installer autour d’un feu de camp avec des guitares et de discuter, rire et partager des histoires. Ces moments se sont transformés en chansons et c’est ce que vous entendez sur l‘album.

Donc le processus d’écriture s’est déroulé comme à l’époque des premiers albums ?
Oui, exactement. On aime écrire sur des guitares acoustiques, même si la chanson finit par être heavy. On a tendance à vraiment partir de fondations solides pour s’assurer que ce soit rempli d’émotions et vrai, plutôt que de forcer les choses. C’est notre boulot de mettre nos émotions en musique, c’est pour ça que les gens s’y identifient et créent ce lien très fort. Il faut que ce soit réel pour nous et ça prend beaucoup de temps. À vrai dire, on passe plus de temps à échanger des idées de chansons qu’à enregistrer en studio !

J’imagine que ça prend effectivement pas mal de temps de trouver les bonnes mélodies qui rendent des singles aussi efficaces que les vôtres !
Oui, parfois ça prend jusqu’à dix ans pour créer une chanson, mais ça peut aussi prendre dix minutes. Ça dépend de la dynamique de chaque chanson car finalement, ça vient de nos esprits et de nos cœurs. On a vraiment de la chance de pouvoir partager ça avec les fans du monde entier !

C’est le premier album que vous réalisez depuis le retour officiel d’Adam Gontier l’année dernière. Qu’est-ce qui l’a motivé à vous rejoindre officiellement après avoir joué une poignée de concerts avec vous ?
Eh bien je pense que c’est quand on a fait ces concerts et qu’on a vu la réaction du public. Ça avait vraiment l’air d’être sa place. On était resté ouverts à toutes les futures possibilités pour nous et parfois, la vie est faite de chapitres. Pour celui-ci, on s’est tous rassemblé et on était tous très enthousiastes pour la suite. On avait l’impression d’avoir à nouveau le même but : celui de devenir la meilleure version de THREE DAYS GRACE et de nous-mêmes, et qu’elle soit la plus convaincante possible. Je pense que c’était vraiment le sentiment qu’on avait le premier jour où on est allé chez Barry, notre guitariste. Il a une très jolie propriété au sud de l’Indiana, aux États-Unis, avec un studio, de grands espaces, des voitures, des camions et plein de trucs amusants. Dès notre premier jour là-bas, on a commencé à écrire "Mayday" et "Deathwish" qui ont toutes deux fini par être sur l’album. D’ailleurs pour "Deathwish", c’est Adam qui est arrivé avec cette mélodie très intéressante autour d’un riff de guitare distordue qui s’enchaînait de manière un peu étrange. On a tout de suite trouvé ça cool et on s’y est mis. Il a fini par être sur "The Power" donc, techniquement, "The Power" est le premier single de l’album qu’on a vraiment développé.

Sur l’album, les voix de Matt Walst et d’Adam se complètent vraiment bien. Est-ce qu’il y a eu une discussion pour savoir comment se ferait la répartition des parties chantées ?
Non, on n’était pas sûrs de la façon dont ça allait se passer, mais ça s’est fait vraiment naturellement. Ils ont décidé de ne pas trop y réfléchir et ont fait au plus naturel. À vrai dire, à un moment, ils faisaient même un pierre-feuille-ciseaux pour savoir qui chanterait (rire) et c’était très cool. Si l’un chantait la ligne de chant principale, l’autre pouvait faire les harmonies. Mais je pense que c’est un peu comme les PINK FLOYD avec Gilmour et Waters qui avaient des voix très différentes et des approches très différentes de l’art, mais le contraste entre les deux participait en grande partie au résultat final. C’est presque comme si on apportait une autre dimension. Chaque chanteur n’essaie pas de sonner comme l’autre et ça crée ce contraste qui apporte un autre niveau d’écriture aux chansons, qui est de savoir qui va apporter ce message. C’est devenu très amusant pour Matt et Adam. Ils ont passé un super moment et c’était super de voir la magie opérer en écrivant les chansons ensemble, mais quand ils étaient dans la cabine d’enregistrement ils devaient faire des allers-retours. Ils ont passé un super moment et ont été très pros. À la sortie de l’album, je repense à tout ça et ça me fait sourire parce qu’on a passé tellement de bons moments à le créer... C’était si enthousiasmant, j’espère que les fans sont aussi enthousiastes que nous. C’est juste génial !

J’ai remarqué qu’il y avait quelques clins d’œil à vos fans des débuts, déjà sur la pochette de l’album qui rappelle celles de « One-X » et « Three Days Grace », mais aussi dans le son de "Mayday" qui est exactement celui de "I Hate Everything About You" ! Est-ce que c’était des références directes ou est-ce que c’était inconscient de ma part ?
C’était un peu des clins d’œil, oui ! Je trouve ça cool que tu les aies remarqués. On est un peu revenu en arrière et on s’est demandé quelles guitares et quels amplis on utilisait quand on a créé le son qu’on avait sur "I Hate Everything About You". On a pu retrouver le même matériel que sur les deux premiers albums et j’ai même fini par avoir l’ampli, qui a été vendu et acheté de nombreuses fois, mais qui était la clé de notre son et du son de guitare de Barry. C’était un ampli Diezel VH4 sur lequel on a enregistré toutes les guitares de « One-X ». J’ai fini par retrouver le propriétaire et je lui ai dit « Okay, je veux l’acheter » (rire) ! J’ai donc fini par récupérer cet ampli ! C’était très drôle de nous faire un clin d’œil à nous-mêmes. J’ai entendu une citation un jour qui disait « Si tu te copies toi-même, on appelle ça du style » (rire) !

Énormément de vos singles ont beaucoup de succès. Je crois d’ailleurs que "Apologies" est numéro 1 aux États-Unis à l’heure où l’on se parle, et que la WWE a utilisé "Dominate" très récemment. Est-ce que ce succès vous met la pression pour l’écriture de nouvelles musiques ?
Pas de pression. C’est un peu comme être un inventeur et travailler sur un projet pendant longtemps. À un moment, il faut le lancer et espérer que ça vole. On a sorti "Dominate", la WWE l’a sélectionné et il y a eu des millions de vues de gens qui l’ont aimée immédiatement. C’est presque une confirmation qu’on fait ce qu’il faut actuellement ! Mais si on réfléchit à qui on veut satisfaire ou si on commence à vouloir plaire à absolument tout le monde, ce n’est pas honnête. Quand tu crées quelque chose que tu as imaginé toi-même, que tu le lances et que ça décolle, ça renforce la confiance que tu mets dans ton écriture. C’est un rappel qu’on est là où on devrait être. C’est d’ailleurs ce que me dit mon psy !

Je crois que ma chanson préférée de l’album est "Alienation", notamment grâce au kalimba qu’on entend de temps en temps entre les riffs. Est-ce que tu peux nous parler de ce single ?
Bien sûr ! À vrai dire, ce kalimba est dans la pièce d’à-côté. On a loué une maison à Nashville, et on a fait venir nos deux producteurs avec leur matériel. On n’a même pas utilisé de studio, juste une grande maison. Matt et moi, on dormait dans un appartement en bas, il y avait ce kalimba dans la pièce et je l’ai entendu jouer ces notes. Si je me mets au piano, je pourrai te dire exactement lesquelles, mais il jouait cette mélodie, et j’ai dit à Zach, notre producteur, de venir l’enregistrer. Il est venu avec son iPhone, on s’est posé et il l’a enregistré. On l’a mis dedans en y associant un riff correspondant, et soudain la chanson avançait à fond ! D’ailleurs, les paroles et la mélodie viennent d’une autre version de "Alienation" qui est totalement différente et qu’on montrera peut-être au public un jour. C’était beaucoup plus alternatif et pas aussi heavy. On avait cette version-là depuis un moment et on l’a fait correspondre à ce riff heavy pour en arriver au résultat que tu entends.


Y a-t-il un élément ou un "easter egg" dans l’album que tu aimerais souligner ou expliquer aux fans ?
Sur "Dominate", la raison pour laquelle on a mis le « Here we fucking go » au début, c’est parce qu’en Écosse, ils font ce chant entre toutes les chansons à chaque fois qu’on y joue ! Et la bière et le whisky coulent à flots quand ils le font (rire) ! On se demandait comment donner la bonne énergie pour aborder "Dominate", un peu comme une grosse entrée en matière, quand tu t’apprêtes à entrer en compétition et que tu veux prendre de l’élan. Donc on s’est rappelés de ce qu’ils font en Écosse et on s’est dit qu’on allait le mettre là (rire) !

Quelle chanson de l’album correspondrait le mieux à ton humeur du jour ?
Je pense que je vais dire "Don’t Wanna Go Home Tonight" car c’est nostalgique et ça joue sur les émotions que tu ressens quand tu es un peu ailleurs. Je suis sur le point de partir pour cette gigantesque tournée qui commence dans cinq jours et parfois c’est dur de quitter ta famille pour ça. Surtout quand ma fille entre à l’université dans six jours. C’est important pour moi. Il y a tant de choses qui se passent en même temps avec la sortie de l’album, l’entrée à l’université de ma fille… Avec mon fils, on vient d’aller pêcher entre père et fils, c’était génial. Donc je pense à cette tournée, et cette chanson représente assez bien ce que je ressens actuellement. C’est dur de partir, de faire sa valise et de vivre dans des hôtels et dans un bus. Cependant, je ne me plains pas. J’ai de la chance, mais c’est une transition qui prend quelques jours.

En général, quels sont tes préparatifs avant une tournée ?
Je fais toute ma comptabilité (rire) ! Je fais aussi un peu de remise en forme, je m’assure que mon cardio est bon, car en tant que batteur, j’ai une séance de cardio tous les soirs. Je fais aussi beaucoup de sport extrême en temps normal, notamment de la moto tout terrain et ce genre de choses, mais j’évite de le faire. J’évite d’aller sur une moto tout court d’ailleurs, ou tout ce qui pourrait me blesser. Je fais en sorte de rester en forme, mais je ne fais pas le fou et je ne fais pas de moto.

Vous allez jouer en France pour la toute première fois en décembre et les deux concerts étaient complets instantanément. Qu’est-ce qui vous a pris autant de temps pour venir, et qu’est-ce que tu attends de ces concerts ?
J’ai très hâte d’y jouer pour la première fois. On n’est jamais venus donc on ne voulait pas prévoir une salle trop grande car on ne savait pas à quoi s’attendre, mais quand on a mis la petite salle (le Trianon, ndlr) et que ça s’est vendu en quelques minutes, on s’est dit « Oh, il faudra qu’on y retourne » ! Donc maintenant on y joue deux fois et j’ai très hâte. Je suis déjà venu à Nice et à Paris par le passé, notamment quand je faisais de la randonnée à dix-neuf ans, mais j’ai très hâte de venir enfin y jouer un concert. Par contre, je ne sais pas pourquoi on n’y est jamais venu avant. On regardait nos tournées européennes qui arrivaient une ou deux fois par an et il n’y avait jamais Paris ! Donc je présente mes excuses aux Français, je ne sais pas pourquoi on n’est jamais venu avant.

Ce sera un plaisir de vous y voir en tout cas !
Ce sera un bon moment et c’est plutôt cool car comme on y vient deux fois, on aura peut-être du temps libre pour se détendre et passer quelques jours en France !

Sur un tout autre sujet, j’ai l’impression que le rock et metal alternatif sont devenus un style qui peu à peu fait tomber toutes les barrières, allant maintenant du metalcore à la country. Que penses-tu de l’évolution de la scène ?
Je pense qu’il y a une grande résurgence de gens qui veulent entendre de la musique un peu brute et pas parfaite, où parfois on garde les erreurs au montage. Le rock est censé être dangereux, pas super lisse ou super parfait. Et je pense que tout est un cycle, mais que les gens veulent vraiment ce tas d’émotions brutes, ce que je trouve très cool. Je pense aussi que des groupes comme FALLING IN REVERSE mènent la charge pour rassembler les styles musicaux. Je pense qu’il y a moins de règles aujourd’hui, tu peux avoir un beat hip hop dans un morceau, ou un passage country, voire un riff metal. Ça marche bien et c’est super ! Le fait que les gens soient ouverts à ça est très enthousiasmant pour le futur. Je pense que le pouvoir qu’a le rock est devenu plus séduisant pour l’auditeur. Et je pense que dans un monde avec autant de technologie pour tout rendre parfait comme celui dans lequel on vit actuellement, on est plus facilement attiré par l’imperfection que par la perfection. Et c’est super ! Ça, pour moi, c’est rock’n’roll. Il faut que ce soit un peu sale et un peu brut.
 

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