20 octobre 2025, 23:59

PARADISE LOST + MESSA + LACRIMAS PROFUNDERE

@ Paris (L'Élysée Montmartre)


En cette saison de la Balance, il est compliqué de faire des choix. Ainsi, le 20 octobre 2025, il faut le faire entre QUEENS OF THE STONE AGE au Grand Rex et une soirée de rêve placée sous le signe du doom et de l’atmosphère gothique à l’Élysée Montmartre. La rédaction s’est rendue dans le second lieu et vous en propose ici un compte-rendu non dénué de frissons de bonheur.

Jouer avant MESSA et PARADISE LOST n’est pas une mince affaire. Les groupes sont célèbres et leurs styles bien à part, à tel point qu’il faut obligatoirement s’en distinguer sans pour autant trop s’en éloigner afin de préparer convenablement les oreilles du public aux groupes suivants. LACRIMAS PROFUNDERE s’est remarquablement acquitté de la mission qui lui a été confié. Porté par un chanteur rappelant par moments Oli Sykes qui se serait égaré dans un ouvrage d’Edgar Allan Poe, le quartet, porté par Julian Larre (chant), Oliver Nikolas Schmid (guitare, claviers), Ilker Ersin (basse) et Dominik Scholz (batterie), a délivré un set d’une intensité renversante et d’une force de frappe inattendue. Si les trois musiciens sont relativement statiques pendant le set, le chanteur descend devant la scène et monte sur les barrières pour voir au maximum le public en étant le plus proche possible de lui. Son chant, plus proche du scream, sait également se faire suave et doux pour chanter "Ave End", l’un des grands classiques du groupe de metal gothique. Après un set de trente-cinq minutes remplies d’interactions avec le public, de cris, de jets de fumée multicolore, le groupe s’en va, laissant le public assurément réveillé et prêt à profiter des deux prochains sets.


Quelques dizaines de minutes plus tard, la bannière du groupe italien de scarlet doom s’élève lentement derrière la scène. Les lumières de la salle s’éteignent, celles de la scène deviennent bleues, puis Alberto Piccolo (guitare), Mark Sade (basse, claviers) et Rocco "Mistyr" Toaldo (batterie) arrivent, bientôt rejoints par Sara Bianchin, rapidement acclamée. Les quelques trente-cinq minutes qui suivent sont complexes à décrire, pas par manque de moyens mais à cause de la difficulté d’être au plus proche d’une atmosphère particulière et d’une magie que seuls quelques groupes parviennent à créer. La set-list est centrée sur le dernier album en date du groupe, « The Spin », et offre une succession de moments hors du temps. On oublie qu’on est à l’Élysée Montmartre dès que l’introduction au synthétiseur de "Fire On The Roof" résonne autour de nous. La voix enchanteresse de la chanteuse résonne également et la magie commence.

Déjà merveilleux lors du concert qui avait été donné sur la scène de la Valley au dernier Hellfest, le set consacré à « The Spin » est toujours aussi envoûtant. Les lumières, majoritairement bleues, plongent le public dans la douceur du chant clair et les riffs de guitare, techniques comme il faut pendant les temps instrumentaux de la prestation. Seul aléa du concert : l’une des cordes de la guitare casse à la fin du premier morceau et doit être changée rapidement. Vient ensuite "At Races" pendant lequel le public chante, guidé dans sa transe par la voix magnifique de celle qui n’a, paraît-il, jamais pris de cours de chant. Seul "Void Meridian" est absent de ce set consacré à l’album qui, bien trop court, s’achève sur le merveilleux "Thicker Blood" dont l’harmonie finale ne peut faire autre chose que de donner des frissons de bonheur. Le son de la joie ultime existe et MESSA l’offre à son public pour achever le set sous les applaudissements, les cris et les acclamations du public.


L’émotion retombe doucement avant que la tension ne remonte progressivement. L’heure du metal gothique de PARADISE LOST approche et, dès que les membres du quintet britannique montent sur scène, la joie se fait sentir. Les aigus de "Serpent On The Cross", premier single de l’album « Ascension », dernier en date du groupe, fonctionne comme un ralliement. Automatiquement, le public sait ce qu’il va se passer et comment réagir à la mélodie de guitare, entêtante au possible, aux cris du frontman et au solo plus technique de la première guitare. Nick Holmes (chant), Greg Mackintosh (guitare), Aaron Aedy (guitare), Steve Edmonson (basse) et Jeff Singer (batterie), ce dernier ayant assuré les parties de batterie live et studio entre 2004 et 2014, est de retour dans le groupe depuis à peine quelques mois. Le line-up est idéal pour assurer un concert de légende, et quelle légende !

La set-list fait preuve d’un bel équilibre entre les titres les plus connus du groupe et ceux qui ne sont que rarement joués, brassant l’ensemble de sa discographie aux 17 albums. Après "True Belief" dont le refrain est repris par la quasi-intégralité du public, se glisse, "Once Solemn", issue de l’album « Draconian Times », qui n’avait pas été jouée depuis quatorze ans. Les fans de la première heure y trouvent leur compte à de nombreuses reprises, le public comptant également une partie conséquente de fans de longue date ayant découvert le groupe avec les albums des années 90. Porté par l’énergie et la joie du public, le groupe est expressif, peut-être un peu plus que d’habitude : si Greg Mackintosh est concentré tout du long sur les parties techniques de la guitare, le visage d’Aaron Aedy, de l’autre côté de la scène, est régulièrement fendu d’un large sourire et de regards aux membres du public. De nombreux titres de la set-list sont reconnus presque instantanément par le public, de quoi encourage davantage le groupe à les livrer avec force et émotion.


Les titres extraits du dernier album en date restent toutefois rares. "Tyrants Serenade" et sa lourdeur portée par une batterie intense au possible, guidant des guitares et une basse mélancoliques, sont rejointes par le chant alternant entre parties claires et saturées, rappelant (s’il en était encore besoin) la maîtrise vocale de Nick Holmes. "Say Just Words" précède la pause prise par le groupe, pendant laquelle le public n’a de cesse de leur demander de revenir sur scène. Hors de question que le concert cesse déjà, la foule en demande trop. Le groupe se fait un peu attendre et remonte sur scène pour trois derniers singles. "No Celebration", seul représentant de l’album « Symbol Of Life » de 2002, résonne et roule sur le public à coup de guitares saturées et de caisse claire de batterie. Vient ensuite "Ghosts" et le quintet achève le concert avec un titre issu de l’album « Ascension », "Silence Like The Grave", dont la partie de guitare donne immédiatement des frissons à la majeure partie de la salle. La batterie rythme les battements de cœur, le déchaînement de force brute est complet et, si certain.e.s auraient souhaité entendre d’autres classiques de PARADISE LOST, le final offre bel et bien ce qu’il faut de riffs ravageurs et de cris destructeurs. Le public est ravi, le groupe remercie et la soirée s’achève dans le froid d’octobre et la joie d’avoir revu des idoles.
 

Blogger : Ivane Payen
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