7 novembre 2025, 08:11

KADAVAR

"K. A. D. A. V. A. R."

Album : K. A. D. A. V. A. R.

Non, vous ne rêvez pas : le groupe allemand de heavy krautrock KADAVAR vient bien de sortir son deuxième album de l’année 2025. Alors que « I Just Want To Be A Sound » avait marqué le printemps par ses sonorités douces, l’évolution du groupe en tant que quartet avec l’intégration du guitariste Jascha Kreft et une tournée européenne, « K. A. D. A. V. A. R. » (« Kids Abandoning Destiny Among Vanity And Ruin ») renoue avec les racines musicales du groupe. Préparez-vous à un voyage spatio-temporel comme KADAVAR a l’habitude de nous en offrir, cette fois grâce à un doomsday record.

Les catastrophes naturelles se multiplient, les actualités politiques sont de plus en plus inquiétantes et les bulles d’air se font de plus en plus rares, comme si le monde s’effondrait petit à petit autour de nous et sur nous. En réponse à ce chaos ambiant, KADAVAR décide d’exorciser cette angoisse par la musique. Le mélange de heavy krautrock et de psychedelic rock fonctionne à merveille pour représenter les pensées qui passent à une allure folle dans notre esprit, chacune d’entre elles se transformant en angoisse difficilement répressible.

Miroir de son temps, « K. A. D. A. V. A. R. » est aussi le reflet de l’évolution du groupe. Originellement un trio dont Lupus Lindemann (chant, guitare) et Tiger Bartelt (batterie) sont deux des membres fondateurs, le groupe intègre Simon Bouteloup (basse) en 2013 avant d’opérer un changement important en devenant un quartet en 2023, quand Jascha Kreft (guitare, claviers) rejoint la formation. Le temps de revoir les habitudes de travail et KADAVAR sort un album dont les sonorités rappellent furieusement « Abra Kadavar », le deuxième disque du groupe. La même envie de proposer un son ancré dans le psychédélisme des années 60-70, la même fougue et la même symbiose entre les membres du groupe sont présentes. On y trouve aussi l’empreinte de « Rough Times » qui se faisait déjà l’écho d’une époque à la fois troublée et troublante.

Pour le temps record de composition, il n’y a pas de mystère : un retour aux méthodes qui ont déjà fait leurs preuves pour le groupe s’imposait. « I Just Want To Be A Sound » marquait la sortie des habitudes et la recherche de nouveaux horizons. Mais il n’en fallait pas plus avant que Tiger Bartelt ne reprenne la place de producteur pour revenir à un enregistrement directement sur cassettes dans le studio du groupe. La zone de confort est perceptible dès les premiers coups de batterie et les premières notes de guitare de "Lies". Le son semble vieilli, comme sorti d’une autre époque dont les témoignages auraient été exhumés et joués sur un Walkman. Le refrain délicieusement psychédélique nous entraîne dans les hauteurs avant que chaque note de basse, assénée avec rage, ne nous ramène sur terre.

En prenant une posture d’enfants observant la fin du monde, le groupe affirme une forme de passivité devant l’effondrement général. Celle-ci se traduit à la fois par une envie de rester à distance, tantôt dans une admiration inquiète comme dans "Explosions In The Sky" et tantôt dans une forme de résignation paisible avec l’être aimé comme dans "You Me Apocalypse". Si chaque chose a une fin, autant l’accepter avec calme en adoptant une attitude stoïque. Comme les enfants décrits dans "The Children" qui se relèvent immédiatement après une chute sans considérer celle-ci comme la fin ultime. Et en bon doomsday record, « K. A. D. A. V. A. R. » dépeint une apocalypse façon chute de météorites avec "Explosions In The Sky" et "Total Annihilation" dont l’accélération jusqu’à la rapidité extrême ainsi que le déferlement de cymbales, guitares, basse et caisses de batterie donne l’impression que tout s’écroule véritablement.

Si une partie des fans du groupe s’était étonnée de la direction inattendue que prenait KADAVAR avec « I Just Want To Be A Sound », pas de panique ! La zone de confort n’est jamais bien loin des expérimentations et, une fois le monde parcouru, il est toujours agréable de revenir à ce qu’on fait de mieux, quitte à repartir en exploration plus tard.

Blogger : Ivane Payen
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