2 novembre 2012, 0:00

AEROSMITH : "Music from Another Dimension!"

Album : Music from Another Dimension!

Voilà onze ans qu'AEROSMITH, ce désormais vénérable pilier du rock américain, n'avait plus sorti d'album composé de chansons originales. Et, à vrai dire, ça ne m'avait pas tellement manqué, vu que depuis "Get A Grip", Steven Tyler et ses acolytes semblaient quand même sérieusement en roue libre, à l'image de "Nine Lives" et "Just Push Play", leurs deux derniers et faiblards albums en date.

Donc, pour ce retour, AEROSMITH s'est dit qu'il serait malin d'aller rechercher SON producteur historique, l'homme qui a produit les meilleurs albums du groupe ("Get Your Wings", "Toys In The Attic", "Rocks", "Draw The Line" - mais aussi le terne "Rock In A Hard Place"), j'ai nommé, Mesdames et Messieurs, applaudissements... Jack Douglas !!!
Jack Douglas, pour mémoire, c'est cette légende de la production qui a oeuvré pour tout le gotha du rock US des 70s de CHEAP TRICK à Alice Cooper ("Muscle Of Love"), voire sur le "Radio Ethiopia" de Patti Smith, ou encore récemment en orchestrant le retour des survivants NEW YORK DOLLS.

Bref, le comeback de Jack aux manettes suscitait chez moi un intérêt certain, espérant un retour aux sources de ce bon vieux hard rock qui fit la fortune d'AEROSMITH et m'a définitivement grillé avec le voisinage (comment écouter "Sick As A Dog" autrement qu'à fond la caisse ?). Bien naïvement, j'en conviens, je m'étais dit que tel Bowie rabiboché avec Tony Visconti, on pouvait avoir un vrai sursaut créatif des ex-toxic twins. D'autant que dans le trailer, le groupe annonçait s'être une fois encore réinventé. Rien de moins ! Ce n'est pas vraiment ce qu'on leur demandait. Cependant, après tout, pourquoi pas ? Alors, certes, les premiers titres lâchés sur le net n'étaient pas terribles, mais j'avoue, je voulais y croire.

Et puis, enfin, j'ai écouté.

Et j'ai compris d'emblée ce que signifiait réinventer. En effet, sur le premier titre "Luv XXX", j'ai dû vérifier que c'était bien le bon disque qui tournait dans ma platine. Parce qu'être surpris quand c'est bien, j'adore. Mais là, ils sont passés où AEROSMITH dans cette bouillie mainstream ? Heureusement, "Oh Yeah !", le second titre, nous ramène en terrain connu. Bon ok, les guitares manquent un peu de tranchant, mais ça le fait... Enfin jusqu'à ce que les choeurs finissent par tout bousiller. Et c'est un des TRES gros problèmes de ce disque. Les choeurs envahissants qui finissent par gâcher même les "Out Go The Light" ou encore de "Legendary Child" qui retrouvait pourtant de lointains accents de "Nobody's Fault", un des titres les plus saignants du groupe (sur "Rocks").
Avec "What Have Could Have Be Love", on entre dans l'aire des ballades FM mid-tempo, dont AEROSMITH s'est fait une spécialité depuis "Jamie's Got A Gun" (sur "Pump") et qui leur a valu un paquet de hits aux U.S.A. (dont "Crazy", entre autre). Celle-là ne vaut pas tripette, inutile de s'apesantir davantage. Allez, les garçons, on range les briquets, les bons sentiments et on tape dans le dur. Mais ce n'est pas encore avec ce "Street Jesus" que ça va s'arranger. La machine AEROSMITH est à la peine, ça rame grave. Déjà à mi-parcours et pas un titre qui se détache. Aïe !

Bon, impatient que vous êtes, le voilà le hit. Et c'est une ballade, évidemment. "Can't Stop Lovin' You" qu'il s'appelle, et c'est du pur calibré pour devenir un hit aux States avec, en guest, Carrie Underwood, la star country américaine. Vous devriez l'entendre sous peu dans un épisode d'une série quelconque à la séquence émotion. Heureusement, avec "Lover Alot", on a enfin le droit à un peu d'action, un peu du fantôme de l'AEROSMITH qu'on aime. Remarquez que c'est bien le moins, vu qu'ils se sont mis à sept pour la composer ! Parmi lesquels Marco Moir, le technicien guitare de Brad Whitford, et Jesse le fi-fils de Joey Kramer !
Cependant, point trop n'en faut pour nos vétérans. Faudrait pas qu'ils se fatiguent. Allez hop ! Retour à la case sirupeuse ! Avec "We're All Fall Down" une chanson écrite par Diane Warren, l'impératrice de la ballade tout terrain, celle qui a des dizaines de hits à son actif. C'est qu'il faut rentabiliser ce retour, non mais ! Force néanmoins d'avouer que si ce n'est pas original pour un sou, le titre a au moins le mérite d'être efficace dans son genre.

"Freedom Fighters", featuring l'icône Johnny Depp, lui succède et comment dire sans être désobligeant ?... Houla... Houla... pour citer Jacques Brel ça voudrait avoir l'air mais ça n'a pas l'air du tout... puis, vient "Closer" encore une zzzzzzzzz....ballade ! Pas si mal, une chanson d'album en fait. "Something" nous ramène sur des terres qu'on aime. Celles d'un boogie un peu poisseux qui ressemble à quelque chose. Tandis qu'en guise de final, on a le droit à une bonne vieille guimauverie, "Another Last GoodBye". Remarquez, il était temps de dire au revoir parce que là, on frisait l'indigestion.
C'est qu'il y en a des calories là-dedans, on ne lésine pas sur le sucre, à Boston.

Il est toujours désagréable d'avoir à médire d'un groupe qu'on aime, surtout quand ce groupe est AEROSMITH. Plutôt que de faire des albums discutables comme celui-ci, nos vétérans ne devraient-ils pas plutôt s'enfermer en studio pour remixer intégralement "Bootleg", le live de 78, dont le son pas terrible en vinyle est ignoble en CD. C'est bien simple, on dirait qu'il a été repiqué sur une vieille cassette, alors qu'il s'agit là d'un des tous meilleurs live des 70s !

Pour conclure sur ce "Music From Another Dimension", je dirai que l'ensemble respire quand même sacrément l'ennui. C'est vide, c'est creux, c'est mainstream que ça n'en peux plus. Que les meilleurs titres soient des mélopées sirupeuses en dit long sur le positionnement actuel de la bande à Steven Tyler. Sur l'album, ceux qui aiment les mélopées FM aimeront... les ballades.
Ceux qui aiment le hard rock passeront leur chemin...

Blogger : Marlo Music World
Au sujet de l'auteur
Marlo Music World
Surnommé Marlo par ses potes à cause de sa passion pour les polars et les chapeaux, Laurent Ducastel est un auteur qui sévit à la fois sur papier, livres et BD ou sur écran dans des documentaires. Il a aussi officié dans divers magazines musicaux dont HARD FORCE MAG évidemment. Le film qu’il a coécrit avec son compère Cédric Tourbe, « Jacques Foccart, l’homme qui dirigeait l’Afrique » a été récompensé d’une Etoile de la SCAM 2011.
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