Il est notoire chez les journalistes que la plupart des musiciens célèbres détestent en général le rituel des interviews.
A cela quatre raisons :
1) Leurs propos peuvent être détournés.
2) Parler pendant des heures se révèle épuisant (pour, en plus, répondre toujours et encore aux mêmes questions lorsqu'il s'agit d'un album), surtout pour la voix des chanteurs.
3) Les interviews, c'est franchement le "boulot", en comparaison à la scène, par exemple.
4) Dans certains cas, pour les musiciens qui ont un penchant pour la drogue, il est très difficile pour eux de se concentrer durablement sur une conversation individuelle avec un journaliste.
En 1997, je décide de venir rendre visite à mes amis chez HARD FORCE. Il se trouve que durant ce séjour, AEROSMITH est en promo à Paris pour la sortie de l'album "Nine Lives". Christian Lamet, mon rédacteur en chef, me propose donc d'en profiter pour interviewer Joe Perry dans un hôtel parisien.
C'est à cette occasion que j'assiste à l'une des scènes les plus surréalistes de ma carrière. Ayant achevé mon interview avec le guitariste du groupe, je remarque que le batteur Joey Kramer beugle après l'une des responsables de son label Columbia Records dans le hall de l'hôtel.
En fait, Joey est hors de lui, jaloux que de nombreux batteurs aient pu faire la "une" d'un confrère musical spécialisé batterie et que la maison de disques ne lui ai jamais dit que ce magazine voulait l'interviewer pour sa couverture.
Un grand moment de solitude pour l'attachée de presse...
Personnellement, c'est bien la première fois qu'un musicien de la renommée de Joey se plaint devant moi... de ne pas être interviewé !
Mais, et c'est sans doute le plus important, la situation aura prouvé s'il était nécessaire qu'il ne faut pas toujours penser qu'un musicien est fautif lorsqu'il ne parle pas à ses fans et que l'entourage peut parfois bien compliquer les choses dans ce métier.