Au lendemain de la venue de BEHEMOTH et CRADLE OF FILTH au Bataclan, la célèbre salle parisienne du boulevard Voltaire accueille ce soir encore une bien belle affiche metal autour cette fois des Marseillais DAGOBA et des Belges ABORTED ...
C'est aux Poitevins HACRIDE que revient la lourde tâche d'ouvrir la soirée devant un public pour l'heure plus que clairsemé... Les lumières s'éteignent donc vers 19h mais il faut attendre un long moment avant que le show ne démarre. L'arpège de guitare d' "Introversion" se fait enfin entendre, ça y est, la magie peut commencer à opérer. Servie dans des conditions optimales de son et lights, la musique des Français délivre alors ses différentes saveurs. Après ce premier titre plutôt calme qui pose l'ambiance, "Overcome" se charge de réveiller la fosse et les premiers signes d'agitation se font sentir dans le public. Prévu pour une courte demie-heure, le set se poursuit vite avec "Perturbed" et "Act of God". Il se clôt avec "My Enemy" et ses dix épiques minutes. Bref, une bien belle prestation qu'on aurait cependant aimé bien plus longue (surtout quand on sait que les dernières compos du groupe se rapprochent plus des 15 minutes que de 5!), mais qui aura au moins permis de se rendre compte de ses qualités scéniques ainsi que celles des dernières recrues !
HACRIDE
Une autre formation française de qualité prend la suite, les Aquitains GOROD. Référence en matière de death technique et bourrin, les Bordelais bénéficient ce soir également d'un son assez bon pour distinguer toutes les subtilités de leurs compos, ce qui dans le cas contraire avec ce genre de groupe ruine souvent assez vite la prestation. Après deux premiers morceaux et en guise d'introduction à "State of Secret", le frontman Julien Deyers nous présente le nouveau cogneur du quintet et remplaçant de Samuel Santiago : Karol Driers. Il n'aura d'ailleurs pas à rougir de sa prestation et aura ensuite seulement deux autres titres pour montrer son talent, GOROD ne disposant en effet, comme ses prédécesseurs, que de 30 maigres minutes sur les planches. Alors que le groupe avait vraisemblablement préparé un titre supplémentaire, il nous quitte sur "Disavow Your God" non sans nous inviter à profiter du pit et à les rejoindre dans un certain bar metal de Châtelet après les concerts pour finir la soirée sur une note plus houblonnée ...
GOROD
La soirée se poursuit alors avec les Belges ABORTED qui s'offrent une petite escapade à Paris au sortir du studio où ils viennent tout juste de boucler un nouvel album. Après le classique sample de "Methiculous Invagination" ("The Doctor is Here..."), la sauvagerie peut s'exprimer et le rouleau compresseur flamand faire son œuvre. Le public, bien plus fourni qu’en début de soirée, ne se fait pas prier et se déchaîne participant entre autres à un musclé braveheart sur "Sanguines Verses" ou un dynamique circle pit sur "The Saw..." avant d' envahir la scène pour mettre un point final à cette prestation !
A l'image du public, Sven était également bien en forme. Annonçant un moment de "poésie anale" avec "Fecal Forgery" (morceau où il est en effet question de caca et de nichons, tout un programme donc) ou demandant si le public Parisien aime le DubStep avant de poursuivre par un vigoureux "Fuck DubStep, This is the Origin of the Disease"!). Bref, les belges nous ont encore offert ce soir un bon moment de finesse dont le seul véritable défaut est d'avoir duré à peine 40 minutes ...
ABORTED
Si certains se posaient avant ce soir la question de savoir si la formation marseillaise DAGOBA serait capable de remplir le Bataclan (salle dont le caractère mythique a au passage été souligné par Shawter qui semblait d'ailleurs réellement honoré et touché de pouvoir y jouer cette fois en tête d'affiche), ils auront eu leur réponse ! Oui les Marseillais ont bien rempli la salle Parisienne et ont même réussi à la retourner, chose pas si aisée que cela, le public parisien étant, il faut le reconnaître, traditionnellement plus que frileux. On a donc ce soir une belle preuve que le travail paie et que le jeune combo déjà prometteur qui avait sorti l'EP "Release The Fury" et son premier album éponyme il y a plus de 10 ans peut désormais affronter le Kraken dans la capitale et non plus seulement taquiner la sardine sur la Canebière !
Mais venons-en à proprement parler au show de ce soir. La musique de la B.O. de "Bram Stocker's Dracula" sort des enceintes et confère à l'entrée en scène des Marseillais un côté grandiloquent. Premier en place, Franky Costanza juché derrière sa batterie sur un immense et haut praticable (et qui concentrera l'attention la majorité du concert sur lui ainsi perché et toujours éclairé par une poursuite de lumière personnelle qui permet de ne rien rater de ses roulements de baguettes) s'arrache les poumons pour haranguer la foule avant que ses compères ne déboulent à leur tour sur les planches...
DAGOBA
Les hostilités sont lancées et ont à peine débuté que le public effectue un Wall of Death sur "Nightfall" (avant de réitérer un peu plus tard la même figure sur "It's All About Time"). S'il fallait encore d'autres signes que les DAGOBA se sont vite mis le public dans la poche, la fosse répond un peu plus tard comme un seul homme - telle les gladiateurs de 300 - à l'invective de Shawter leur demandant "Quel est votre métier ?" avant que le groupe n'enchaine avec "The Great Wonder" puis quand elle appelle de la même manière les Marseillais avant leur retour sur scène pour le rappel.
Sans forcément être fan de la musique du combo, force est de reconnaître que les Marseillais ont enfin face à eux une réponse digne de leurs efforts de la part d'un public parisien souvent difficile à convaincre. Le show de ce soir les récompense enfin à leur juste valeur après tant de premières parties plus timides dans la Capitale (comme à Fear Factory/Devin Townsend dernièrement par exemple) ou de shows plus confidentiels (au Divan du Monde il y a peu pour le Bring the Noise Fest). Bref, après une tournée US avec Dir En Grey en Novembre dernier, enfin une consécration à Paris pour les Marseillais !
Portfolio par Leonor Annaké ici