13 septembre 2012, 13:32

NICKELBACK : Chad Kroeger

Vous avez dit langue de bois ?
Chad Kroeger a beau être un interlocuteur poli qui n’écarte aucune question, on sent dans ses réponses toute la diplomatie, mais aussi la détermination de rigueur quand comme lui, on pèse 50 millions d’albums vendus et que l’on souhaite éviter de déplaire. On pourrait lui chatouiller le nez avec une plume qu’il resterait droit dans ses bottes de leader du plus gros groupe de rock canadien ever. Toutefois, pas de panique : l’homme peut s’enflammer, quand il évoque… ses récentes vacances parisiennes !


Vous tournez en Europe avec BUSH et DAUGHTRY qui comptent parmi vos proches, et avec qui vous avez travaillé. Est-il plus facile de s’entourer d’amis en première partie ?

Pas forcément. Mais c’est sûr qu’en Europe en tous cas, nous serons loin des controverses nord-américaines et que ce sera plus détendu. Même si ce n’est pas non plus comme si l’on était Bob Marley à l’époque, et qu’il nous fallait craindre pour nos vies. Sinon, j’aime tourner avec des amis, mais j’apprécie aussi les rencontres. Car parfois ça accroche d’emblée comme avec Timbaland qui m’a appelé en me demandant si ça m’intéresserait de voir ce qu’on pourrait faire ensemble dans son studio.

Dans ce cas, n’est-ce pas aussi une affaire de grands fauves entre eux, du succès qui s’allie au succès? Et aussi d’une curiosité mutuelle de voir comment travaille un autre hit-maker ?

Je ne sais pas trop mais Timbaland a dit dans la presse qu’il était fan du groupe. Mais à la rigueur, sa motivation m’importe peu tant que je sais pourquoi moi, je suis là. Je suis juste toujours partant pour écrire ou enregistrer avec des gens talentueux et il l’est sans aucun doute. Dans le même ordre d’idées, j’écris et produis actuellement des titres pour le prochain Avril Lavigne.

Envisages-tu donc de t'orienter plus vers l’écriture pour autrui ainsi que la production ?

Je ne vais en général pas traquer d’autres artistes pour qu’ils bossent avec moi car j’ai vraiment besoin de vrais breaks à côté de NICKELBACK. Recharger les batteries est devenu vital avec le temps. Comme pour mes récentes vacances à Paris où la Tour Eiffel s’est illuminée pour moi à 22 H précises (il rit). Sérieusement, j’ai passé en France quelques une des meilleures semaines de ma vie entre Le Louvre, Versailles, les églises, le bâteau-mouche et les restos plus succulents les une que les autres… Alors, c’est agréable d’être contacté par des gens qui apprécient tes qualités musicales, mais je n’ai rien non plus contre le fait d’être sur un transat à la plage, incognito et sans avoir à me soucier de musique et de production.

Ne trouves-tu pas rageant, malgré l’énorme succès que vous connaissez, d’être parfois pris de haut aux USA. Sans même parler de tous ces grands groupes canadiens qui vous ont précédé, et pour qui on sent toujours un peu de commisération de la part des medias US ?

Absolument. Mais en même temps, c’est partout pareil ! Combien y-a-t-il d’artistes fabuleux en France, qui n’ont pas la chance d’être reconnus ailleurs, y compris dans des pays francophones parfois. Au départ, on rêvait tant de pouvoir seulement marcher chez nous, que tout ce qui est advenu depuis a dépassé nos rêves les plus fous.

Même avec les critiques des BLACK KEYS ou les pétitions qui ont circulé aux USA pour que vous ne jouiez pas pour ce match de la NFL à Detroit, simplement parce que vous étiez canadiens ?

(Il soupire) Eh bien, ça fait encore partie de ce genre de choses avec lesquelles il faut s’arranger quand on vient d’un pays vu comme un « petit frère ». Mais c’est exactement la même pour la Nouvelle Zélande face à l’Australie et même l’Ecosse ou l’Irlande par rapport à l’Angleterre. Comment être pris au sérieux par un géant? C’est dur pour les groupes, pour les équipes sportives, le ciné. Et autant faire avec car le processus est sans fin. Et tu mesures ta notoriété au nombre de plaintes déposées contre toi ou de ces critiques provenant de gens que tu ne connais pas.

Faut-il bosser deux fois plus dur alors pour pouvoir s’imposer ?

Oui, mais ça me semblerait aller de soi même si j’étais américain. Car ce n’est pas comme si on était seuls à vouloir s'imposer dans les charts ou en tournée. Plein d’autres groupes ont faim, ont la rage. Donc, voilà, le compétiteur en moi pense de toutes façons que pour réussir dans un domaine qu’on adore, il faut bosser deux fois plus que les autres…D’où que l’on vienne !

Et que dirais-tu à ceux qui ont l’impression que tu as découvert une recette pour le succès, une « formule » à laquelle tu te tiendrais. Sans parler des critiques de la presse sur vos albums identiques.
As-tu peur de perdre vos fans en t’écartant de cette formule ?


Je ne sais pas s’il y’a une formule, mais quand les gens l’évoquent à notre propos je trouve ça marrant. Car nous avons des ballades, du hard-rock, des titres bien accrocheurs. Vraiment, rien ne sonne pareil, et nos textes balaient une multitude de sujets. Je me demande bien quels points communs il y a entre "How you Remind Me" et Burnt to the Ground, entre "Rockstar" et "It Seems Your Last Day". Je pourrais continuer des heures…mais en fait, on force les gens à acheter nos disques, on les menace (rires) Non, mais s’il y avait une formule, pour nous ou pour d’autres, elle se répandrait comme une traînée de poudre sur la planète...

Et tu la vendrais en bouteille au coin de la rue, j’imagine bien…Il n’empêche que s’il n’y a pas de formule, il y a, disons…

Un style.

Va pour le style. Mais un style que l'on vous reproche, alors que, je suis d’accord, si on lit les textes de "Rockstar" ou de "Bottoms-Up", c’est plutôt bien tourné et amusant.

Oui. Ensuite les gens qui s’aperçoivent que NICKELBACK a plusieurs facettes: on les appelle des fans. Eux saisissent le pourquoi de la chose et c’est pour eux qu’on est là. Ils sont la moitié de ce qui nous motive à écrire et partir en tournée; l’autre moitié étant bêtement le plaisir que l’on prend encore à jouer tous les quatre en se regardant comme si l’on était encore dans le garage quand nous rêvions de devenir des rockstars !

Mais être la cible des critiques en permanence, ce n’est pas un peu dur à supporter ?

Une critique reflète l’opinion d’une personne. Après, avec internet je sais que le monde est devenu plein de critiques potentiels. Mais s’il fallait se soucier d’eux, honnêtement personne ne se risquerait à créer: qu'il s'agisse de design, de fringues, d’art, de chansons ou de films…Si j’avais du leur accorder ne serait-ce qu’une seconde d’attention, je serai sûrement parti ramper sous une pierre, quelque part. comme des centaines de groupes avant nous. Et tu as entendu parler de certains: Led Zeppelin ou AC/DC.

…Qu’on a aussi accusés d’écrire cent fois la même chanson, je sais..et puisque tu évoques ces figures tutélaires, penses tu qu’on pourrait définir NICKELBACK comme le dernier des groupes de classic-rock ou plutôt, le premier groupe de classic-rock « moderne » ?

(il réfléchit) Je ne sais pas, vraiment pas… Laisse nous encore une visibilité à cinq ans et on pourra juger. Parce qu’il faut vingt ans de carrière pour bénéficier du label classic-rock, mais ce serait cool…pouvoir se dire qu’on a accompli vingt ans de carrière, ça me parle.

Bon alors, on s'en reparle au moment où NICKELBACK sera intronisé au Rock'n'roll hall of Fame et tu me donneras tes impressions, OK ?

(Il éclate de rire). Ok, ça me va comme ça. Et d'ici là, j'espère qu'on aura l'occasion de jouer plus régulièrement en France. Ca m'embête de délaisser certains pays alors qu'on y a des fans, mais on va tâcher de se rattraper. Car tu sais, plutôt que de s’inquiéter de notre niveau de popularité, on préfère penser à l’Afrique du Sud ou la Russie où nous jouerons bientôt, ou bien l’Inde. Ces territoires encore vierges pour NICKELBACK et que l'on aimerait connaître.

Blogger : Guillaume B. Decherf
Au sujet de l'auteur
Guillaume B. Decherf
Fan de comédies romantiques avec Meg Ryan, grand lecteur de Sylvain & Sylvette, ancien scout et enfant de choeur qui carbure au coca zero et aux carambar...étrangement, je suis pourtant fan de metal depuis la même époque. Autrefois, les anciens appelaient ça du hard-rock. Et depuis, rien ne me motive plus que de me rendre en concert, prendre la température live de mes héros de naguère ou voir ce que donne la relève. Journaliste culture "tous terrains", j'ai au fil des ans et des titres où je suis passé, interviewé une grande part des groupes qui m'ont fait rêver -ou pas...mais peut-être que vous, ils vous font rêver- et je continue. Vous livrant ici, des interviews restées inédites ou dont seule une infime partie a été exploitée. Faut pas gâcher !
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