19 septembre 2014, 8:24

THE JIM JONES REVUE + JOHN J. PRESLEY + MAN-SIZE @ Toulouse (Le Metronum)

19/09/14

L’été n’est pas encore terminé que c’est déjà Noël, que le gros barbu amène dans sa hotte rien de moins que THE JIM JONES REVUE, qui vient pour la cinquième fois martyriser une scène toulousaine.
C’est sûr, c’est la dernière fois que le groupe arrive en ville, la dernière tournée avant la fermeture. Même si ça fait seulement 8 ans qu’ils montrent au monde comment jouer du rock’n’roll, c'est-à-dire sans demi-mesure, tout à fond. Visiblement, d’après ce qu’on a pu en lire sur les réseaux sociaux, Jim Jones et ses lads restent fidèles à leur réputation, celle de putain de groupe en concert.
Alors, on ne boude pas son plaisir, et comme quelques centaines d’autres, on vient prendre notre dose au Metronum. Le public est bigarré. Des jeunes, des plus vieux, quelques metalleux même, qui savent visiblement apprécier ce qui est bon, peu importe le style. On sert des mains, on se raconte l’été et on vient se coller devant la scène.


La soirée commence avec MAN-SIZE et son mélange de rock et de pédales d’effets qui lorgne vers la fin du siècle dernier. Heureusement qu’ils sont d’ici, tout ce bazar doit être long à brancher. On arrive à y trouver du MUSE des débuts, d’autres influences anglaises plus vieilles, comme JOY DIVISION ou DEPECHE MODE. Le groupe a changé de physionomie et lâché une partie des machines qu’il avait il y a quelques années, mais ça reste encore suffisamment étrange pour les oreilles qui ne sont pas curieuses.

Au tour de John J. Presley de nous faire patienter. S’il porte le même patronyme que le King, il ne chante pas comme lui, ne bouge pas du tout comme lui, quand Elvis avait plus de mal à remuer, boudiné dans les jumpsuits brillants de ses dernières années.
D’ailleurs, Mr Presley est anglais et il chante le blues, mais pas que. De vieux sons de guitare, une voix assez chaude, un peu éraillée quand il la pousse, du genre de celle qu’on peut avoir le matin après une nuit à fumer des "brunes". La musique est beaucoup plus froide, habitée. Soutenu par un batteur puissant et une donzelle aux claviers, un Fender Rhodes et un harmonium indien, déjà vu avec Joe Bonamassa lors de sa tournée acoustique, un clavier à soufflerie qu’on actionne à la main. Même si elle est un peu glauque, le groupe amène une certaine ambiance avec sa musique, ce qui n’est pas fait pour déplaire au public, même s’il n’est pas venu pour ça.

Car ce soir, entre les fans de la première heure qui ont déjà acheté le tee-shirt et ceux qui n’en ont entendu que du bien, tout le monde est venu pour THE JIM JONES REVUE...


Dès l’entrée en scène, on sait que les Londoniens ne sont pas venus pour enfiler des perles et se contenter de faire le job. Non, ce soir, comme tous les soirs, ils donnent tout ce qu’ils ont en magasin, comme si on leur avait dit que jamais plus ils ne remonteraient sur scène. La fatigue remarquée lors de la rencontre l’après-midi est restée en loge, les gars sont dopés à l’énergie. C’est pas après le concert qu’il faut l’avoir.

Ca saute, ça occupe l’espace plus grand qu’à l’accoutumée, ça beugle, ça chauffe, ça transpire. Ca joue. Ouais, c’est ça, ça joue.
THE JIM JONES REVUE en concert, c’est une masse bien compacte, une bonne grosse pogne venue pour nous claquer le beignet. Ce sont aussi les cinq apôtres de la même pogne, avec chacun sa personnalité.

Devant, Rupert Orton manque comme d’habitude d’assommer le premier rang avec le manche de sa Gretsch, tant il aime se poster au bord de la scène, alternant rythmiques assassines et solos des plus énervés. Gavin Jay n’est pas en reste, faisant cracher à sa Rickenbacker des lignes aussi plombées qu’un container de plutonium. Derrière, le très efficace Nick Jones martèle peaux et cymbales non sans finesse, assurant à l’ensemble, la puissance d’un "muscle car".
A droite de la scène, Double H martyrise des claviers qui n’avaient rien demandé. Ce soir c’est boogie-woogie et encore boogie-woogie, l’animal n’a dû jamais entendre parler d’Eddy Mitchell. Pendant tout le concert, il joue debout et bien mieux que Michel Berger et France Gall réunis, tout en travaillant ses quadriceps. Une fan lui envoie son soutif, la vigueur du pianiste ne laisse visiblement pas indifférent. Et que dire de Jim Jones ? Le frontman électrise littéralement l’assistance, capte l’attention, que ce soit avec sa guitare, ses maracas ou son pied de micro. Il harangue la foule tel un prêcheur, la foi en le rock’n’roll chevillée au corps. Plusieurs fois, il ajoute même des nuances, des moments de calme qui précèdent toujours des déferlements de décibels. Le groupe joue fort avant de jouer encore plus fort. La set-list balaye toute la discographie de THE JIM JONES REVUE, avec deux petites reprises en prime "A Big Hunk O’Love" d’Elvis et un "Chinese Rock" de Johnny Thunders, un titre qu’ils vont rejouer quelques jours plus tard lors de leur dernier concert à Londres, avec Walter Lure des HEARTBREAKERS.

Sur les morceaux les plus enlevées, presque tous en vérité, ça remue sérieusement dans la salle. Autant que sur scène en vérité. Au premier rang, on se fait pétrir le dos.
Ce soir, le Metronum n’est qu’électricité. Les cinq musiciens et le public ne font qu’un, chacun se goinfrant de l’énergie des autres, tout le monde communiant autour du Saint Esprit du rock’n’roll descendu ce soir.

C’est la dernière fois qu’on voit THE JIM JONES REVUE sur scène, mais quelle dernière fois ! Les mètres étalons du live peuvent partir fiers de ce qu’ils ont fait, laissant sur les genoux tous ceux qui ont vu une nouvelle fois le meilleur groupe de rock’n’roll sur scène, sans artifice, sans flammes ni explosion, sans maquillage ni light show grandiose, juste cinq Anglais qui s’éclatent et défoncent tout. Gene Simmons peut raconter ce qu’il veut, le rock’n’roll est bien vivant.

Blogger : Philippe Dynamo
Au sujet de l'auteur
Philippe Dynamo
C'est rapidement que Phil rencontre la musique... Un album de POLICE pour son dixième anniversaire, un paquet de 45 tours, beaucoup de daube, le début des radios libres. Premier disque acheté : THE CLASH. L'énergie ! C'est le début des années 80, un grand frère qui écoute Gary Moore, JUDAS PRIEST, DEEP PURPLE et LED ZEPPELIN et ses potes AC/DC et TRUST... Ses propres amis naviguent sur les Stray Cats, VAN HALNE et IRON MAIDEN... Sa prof' de musique au collège s'arrache les cheveux quand il lui amène BLACKFOOT, SCORPIONS, JOURNEY ou NAZARETH pour écouter en cours... 1983, « Wango Tango » tous les vendredis, premier concert avec DEF LEPPARD, grosse baffe ! Une veste de treillis avec DIO dans le dos, un tee-shirt d'IRON MAIDEN, une veste en jean avec le logo de MOTÖRHEAD en garniture. Tous les mois, la presse : Rock & Folk, Best, puis Enfer Magazine, Metal Attack et Hard Force... Depuis, un tas de concerts, des festivals, d'abord de hard rock, puis de plein d'autres genres. Les cheveux tombent, le bide pousse, mais la flamme brille encore et toujours. Devenu journaliste pour dire autre chose que "j'adore ce que vous faites" aux artistes qu'il aime rencontrer. Partager avec eux des moments privilégiés, et d'essayer d'en rendre compte.
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