30 août 2022, 23:59

HELLOWEEN + EXISTANCE

@ Paris (Olympia)


​« Happy happy Helloween ! Helloween, Helloween ! Happy happy Helloween ! Ooo-oh O-oh ! » Mais qu’est-ce qu’on est content de se rendre à l’Olympia pour le retour des citrouilles hambourgeoises, les pionniers du power metal, ceux qui depuis bientôt quarante ans sur disque ont engendré des hymnes définitifs qui sont entrés dans la légende du metal et qui, depuis 2017, en ont rejoint le Panthéon avec le retour de deux piliers, le chanteur Michael Kiske et le guitariste-chanteur-fondateur Kai Hansen, faisant de la formation un sextet incroyablement affuté, sans égaux... ni egos. Le premier avait à son départ entamé une carrière en solo plus qu’honorable au fil du temps ou au sein de groupes-projet (AVANTASIA notamment) mais sans commune mesure pourtant avec le succès rencontré par le second et son groupe GAMMA RAY, fondé après avoir quitté le groupe en 1989, et qui s’est vue devenir une figure de proue du genre. Alors après deux ans de disette, plusieurs reports et le souvenir d’un concert inoubliable le 15 novembre 2017 dans un Zénith de Paris plein à craquer, nous gagnons ce lieu mythique qui a vu passer les plus grands parmi les plus grands, une enceinte sacrée dans laquelle chaque artiste de nos jours qui évolue sur sa scène ressent une grande humilité, considérant l’esprit de toutes les légendes qui peuplent les coursives de la célèbre salle au fronton de néons rouge.


Le mail de la production nous avait enjoints de venir suffisamment tôt afin d’assister au set d’EXISTANCE, groupe français ayant l’honneur ce soir-là d’ouvrir pour les Allemands. Et grand bien nous en a pris de faire le nécessaire pour. D’emblée à son arrivée sur les planches, le groupe affiche un capital sympathie qui pète les 100%. On voit bien, particulièrement pour le chanteur-guitariste Julien Izard, que son groupe vit un moment unique. Ainsi, pendant une demi-heure qui file sans que l’on s’en rende compte, EXISTANCE va aligner quelques morceaux de son répertoire et des extraits de son dernier album « Wolf Attack », notamment un "Power Of The Gods" rallongé par rapport à son pendant studio, demandant (et obtenant !) la participation d’un public présent en quasi-totalité et qui ne demande que ça, déjà chaud bouillant pour le plat de résistance. Côté musique, le quatuor est à sa place, proposant lui aussi un power metal troussé comme une donzelle accorte. Et puis, quand on sort une Kramer comme guitare (le groupe obtient alors tout mon respect de guitariste), on sait de suite à quoi on va avoir droit. Dans le mille les gars car nous sommes témoins d’un répertoire maîtrisé et l’interprétation elle, se veut au cordeau. Les soli de Julien se taillent la part du lion et régalent l’audience. Derrière lui, ça tricote sévère et tous ces éléments font de cette première partie, d’une part une belle surprise pour ceux qui ne les connaissaient pas et de l’autre, une bonne première partie tout court, car il n’est généralement pas facile d’ouvrir le bal, qui plus est pour des formations dites mythiques comme l’est celle de ce soir. Groupe créé en 2008, on l'a vu cette année au Hellfest et il sera en tournée européenne en compagnie d’un autre Allemand, Udo Dirkschneider, et son bien-nommé groupe U.D.O. A suivre de près...


HE-LLO-WEEN ! En-fin ! A 21h moins deux minutes, les lumières s’éteignent et l’intro du groupe résonne, déclenchant immédiatement une broncha de ce public qui est remonté comme un coucou suisse et fait s’afficher complet l’Olympia. Et quand débute proprement dit "Skyfall" tandis que le groupe fait son entrée, c’est une ovation bruyante qui surpasse alors le son sortant des enceintes. Et c’est parti pour 12 minutes avec la version longue du morceau ! La régalade mes amis, ce titre étant devenu un classique instantané à sa parution (il s’est vu raboté pour la version radio edit mais il a été agrémenté d’une vidéo qui a mis les petits plats dans les grands). Et comme cela ne suffisait pas, le deuxième effet Kiss Kool arrive avec le fédérateur "Eagle Fly Free" repris en chœur et par cœur par les fans, l’un des cinq extraits de « Keeper Of The Seven Keys Part II », album qui sera donc le plus représenté pour cette date. Et si leur "Dr. Stein" est une étape elle aussi obligée, lorsque commence "Save Us" sortie tout droit du chapeau de magicien (non, ce n’est pas un lapin cette fois), c’est une toute autre limonade. Les vieux de la vieille exultent, ce morceau étant une face B de 1988 mais un classique tout de même et la foule ne se fait pas prier pour en scander le refrain.


Les nouveaux titres de l’album « Helloween » sont bien sûr mis à l’honneur sur cette tournée "United II Alive" avec "Mass Pollution", la version metal du "Rock'n'Roll Ain’t Noise Pollution" d’AC/DC qui traite du même sujet, "Angels" qui ralentit la cadence uniquement pour mieux faire repartir la machine ensuite (bien qu'on aurait aimé rester les poignées dans les coins avec un petit "Indestructible" du dernier album par exemple), et un magistral "Best Time" dont on ne doutait pas une seconde qu’il ferait un malheur sur scène. Les chanteurs Michael Kiske et Andi Deris déroulent sans montrer trop de signes de fatigue (respectivement 54 et 58 ans et ça pousse encore tranquillement dans les aiguës) et les deux font plaisir à voir, s’entendant comme larrons en foire et ne manquant pas une occasion de déconner l’un avec l’autre (à ce titre, on aura bien rigolé juste avant "Forever And One (Neverland)") ou avec leurs autres compères, le bassiste Markus Grosskopf n’étant pas le dernier à faire le zouave. Toujours aussi réservé (il ne viendra pas se mettre en devant de scène lors de la présentation des musiciens malgré la demande expresse de Kai Hansen) mais bougrement efficace dans ses interventions solo, on saluera l’inamovible guitariste Michael Weikath et ses fausses allures maniérées, ses grimaces improbables, montrant qu’il n’est plus aussi taciturne qu’il a pu l’être à une époque qui se veut désormais révolue. Je vais tenter de ne pas en rajouter niveau couche de guitares, au nombre de trois et permettant ainsi toutes les passes d’armes les plus épiques, car tout un chacun sait ce dont le trio est capable.


Guitare oui mais aussi chant pour Kai Hansen qui, à la manière de 2017, se retrouve propulsé sous les "starlights" avec un "Medley" toujours aussi fou constitué des imparables tables de loi metal que sont "Metal Invaders", "Victim Of Fate", "Ride The Sky" (des titres issus de l’EP « Helloween » et de l’album « Walls Of Jericho ») mais aussi une inattendue "Gorgar", qui électrise derechef et terrasse les fans encore debout. Il conclura avec panache sur "Heavy Metal (Is The Law)" rejoignant ensuite sa place de "simple" guitariste sous une ovation bien méritée, eu égard à son rang au sein d’HELLOWEEN. On ne pourra non plus passer sous silence le très bon solo de Sasha Gerstner, le plus si nouveau membre que ça, qu’il agrémente de nappes de claviers préenregistrées et actionnées au moyen de son pédalier, nous rappelant le souvenir du duo Adrian Smith et Dave Murray d’IRON MAIDEN lors de la tournée « Somewhere On Tour » en 1986-87, lors de laquelle ceux-ci interprétaient l'instrumentale "Walking On Glass" d’une manière similaire (un thème repris par la suite par NIGHTWISH période Tarja Turunen avec son morceau "Walking In The Air". « Alain Decaux, sors de ce corps ! »).


A noter que tout au long du concert, les musiciens ont eu un sourire jusqu’aux oreilles, plaisantant tous (les « On s’en fout » prononcés en français par Kai sont à se tordre) et que les egos sont restés au vestiaire, Andi Deris venant notamment claquer quelques paluches du premier rang. Bref, ça se passe sur scène oui mais sous différents aspects, faisant de l’ensemble un vrai et bon spectacle... humain. Les agapes se terminent avant les rappels par "How Many Tears", interprétée comme à l’époque du « Live In The U.K. » pour jouer la carte nostalgie et qui permet à tous de tout lâcher, sur scène comme dans le public.
HELLOWEEN ne quitte bien évidemment pas les planches comme cela et revient pour "Perfect Gentleman", un extrait de « Master Of The Rings » puis "Keeper Of The Seven Keys", dernier morceau épique du gang pour cette soirée avant la finale "I Want Out", le groupe remerciant à l'issue très chaleureusement ses fans pendant que Sasha Gerstner fait un reel pour ses réseaux. Alors Messieurs, merci encore pour cette communion loin d’être solennelle, vous nous aviez manqué et à très vite, nous l’espérons. « Happy happy Helloween ! Helloween, Helloween ! Happy happy Helloween ! Ooo-oh O-oh ! »

Set-list Helloween / Portfolio

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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