Réveil assez tôt ce matin, on ne sait pas vraiment pourquoi...
Alors que la nuit précédente avait été étonnamment bonne vues les conditions, le camping est relativement calme. C’est une bonne surprise vu qu’on s’attendait plutôt à l’inverse. L’un de nous ayant expérimenté le Graspop Metal Meeting en 2012 se souvient d’une ambiance assez houleuse et festive ! Là on se réveille avec la lumière du jour, la tête enfarinée. Petit regard sur le campement, c'est le carnage, les fonds de tentes sont devenus des matelas à eau... On en est au stade où la boue aspire les godasses et refuse de les rendre. Mais le temps s’améliore par rapport aux autres jours et on espère que le vent et le soleil feront leur office ! Les conditions progressent pas à pas, mais notre camp se situe dans une des zones les plus touchées... En sortir nécessite de doubler les chaussures avec des sacs en plastique au risque d’avoir les pieds humides pour toute la journée.
Allez ! On se motive pour SUFFOCATION et on se dirige tôt sur le site. A l’entrée, on en profite pour faire un détour par le Festival Fair à la recherche de bottes. Le lieu en question est un grand market à ciel ouvert situé juste avant l’entrée, sur l’Infield. Il prend l’aspect d’une ruelle commerçante bordée de shops en tous genres, le tout conduisant au Metal Market. Des fringues et accessoires, CDs et vinyles sont présentés à foison, donnant un air de souk spécial Metalheads. A flâner ainsi, nous arrivons tout juste à temps sous la Marquee pour assister aux dernières chansons de SUFFOCATION, et qu'est ce que ça fait du bien de commencer la journée avec du soleil et du gros death metal de qualité ! Un bon décrassage d'esgourdes ! Le guiatriste Terrance Hobbs, à l'instar de ses collègues, n'en met pas une à côté et Ricky Myers assure bien son rôle de frontman, communique (peu mais bien) avec le public venu en nombre pour eux.
Parfait pour commencer ce 3e jour ! La veille en fin de journée, le staff a étendu une grande quantité de paille sur les zones les plus critiques du site, et ses bienfaits se ressentent aujourd'hui ! Le terrain est plus solide, plus praticable. S'en serait donc fini avec les bastons de boue dont nous avons été témoins lors de cette deuxième journée ? Les quelques petits cochons de Metalheads se donnant en spectacle de part et d'autre ne pourront désormais plus batifoler.
On se dirige ensuite vers les Mainstages pour FLOATSAM AND JETSAM. Rien de tel que du thrash pour continuer cette journée ensoleillée ! En réalité, c'est ce qu'on se disait en les cochant sur notre planning, mais au final on a plus écouté que regardé la première moitié du concert. La voix est là, les musiciens assurent, mais il nous manque quelque chose pour nous accrocher, nous retenir, nous faire secouer la tête. On ne saurait dire quoi, tous les codes du thrash sont là. La sauce ne prend pas avec nous, contrairement à la fosse, certes clairsemée en ce début de journée. On commence à avoir faim ce qui nous donne une bonne excuse pour aller nous poser et de ce fait nous économiser un peu car la journée s’annonce chargée, prenant place sous un chapiteau bardé de stands de restauration situé entre la Marquee et les Mainstages. Et c’est l’occasion de parler infrastructure !
On trouve donc à cet endroit un immense chapiteau équipé de tables où peuvent se retrouver les festivaliers pour casser une graine ou se reposer un moment. L’endroit y est simple mais accueillant, certes assez souvent rempli mais pas blindé pour autant ! Il n’est pas difficile d’y trouver une place et ça c’est agréable. Adossé à ce chapiteau se trouve des gradins offrant une vue sur les deux Mainstages, quelque peu occultées par la régie. Idem au niveau de la Jupiler Stage. Et là encore on peut y trouver de la place sans trop de contraintes. Ici les festivaliers ne prennent pas racine toute la journée à vouloir conserver leur siège aussi précieusement qu’un politicien corrompu ! Il y en a pour tout le monde et ça c’est vraiment sympa. On retrouve d'autres gradins en face de la Jupiler Stage. Côté Metal Dome, on trouve le Classic Rock Café. Un coin "lounge" couvert ou l’on peut pratiquer le karaoké avec un vrai groupe live, voir des retransmissions des matchs de l’Euro de football, le tout animé par deux DJs metal pour t’aider à poursuivre la soirée jusqu’à 4h du matin. Donc niveau accueil festivaliers sur site, on peut dire que le Graspop fait les choses plutôt bien.
On va prendre l’exemple de nos amis Belges en ne s’appropriant pas une table jusqu’à la fin du festival, et on reprend le chemin des grandes scènes pour aller voir MAMMOTH WVH dans l’attente de STEEL PANTHER qui enchaînera ensuite. Pour Wolfgang Van Halen, fils et digne héritier du guitar-hero, il n’est pas question de marcher sur les pas de son paternel. MAMMOTH WVH nous sert un hard rock moderne à la ALTER BRIDGE, relevé par une touche de metal qui passe carrément, mais carrément bien ! Tout sonne parfaitement, le groove de la section rythmique donne la bougeotte, les harmonies vocales et guitaristiques sont très joliment exécutées et on se prend de temps à autre un gros riff bien méchant dans la face. Là, à cet instant, avec quelques rayons de soleil salvateurs c’est tout ce dont nous avions besoin pour nous booster ! Une musique en relief qui camoufle le nom du patriarche, et pourtant Wolfgang ne peine absolument pas à démontrer que le gland n’est pas tombé très loin du chêne ! D’accord, il effectue moins de tapping que son père, mais cela semble tout de même être une signature familiale. Un très bon moment passé alliant force et douceur !
Nous avons hâte de voir ce que donne le public devant STEEL PANTHER. Oui, tu as bien lu, c'est le public qui nous intrigue plus que le groupe en lui-même en qui nous avons toute confiance ! Il ne nous a jamais déçu ! Qu'on apprécie ou pas leur proposition, il faut reconnaître aux Américains un certain sens du spectacle ! Ils font une belle entrée au son de "Are You Ready To Change Your Life". Dès "Eyes Of a Panther" on sait qu'on va avoir droit à un vrai show, ils sont toujours aussi débiles et décalés (même si clairement Lexxi Fox, l'ancien bassiste, manque cruellement) et on voit rapidement que le public est prêt pour l'expérience STEEL PANTHER. Les t-shirts et soutien-gorges tombent, et - surtout - on voit des mecs en slip Borat sur les épaules de leurs potes, certains se trémoussent les tétons et on assiste même à au moins un zizicoptère ! Cela met sur un pied d'égalité spectateurs et spectatrices du groupe, et ça on adore ! La jeune fille qui monte sur "Asian Hooker" n'a pas l'air de trop savoir ce qu'elle fait là, contrairement à toutes celles qui montent, comme le veut la tradition, sur "17 Girls In a Row".
Et non, espèce de petit rageux, toutes ne sont pas seins à l'air, il s'agit seulement d'un échantillon de femmes aux formes différentes, à l'aise avec leur corps, dansant comme elles le souhaitent, habillées (ou déshabillées) selon leur envie, profitant du moment sans honte, sans gène, sans voyeurisme. On regrette toutefois un peu que pour certaines ce soit surtout l'occasion de faire des selfies, mais encore une fois c'est peut-être une question de génération et d'époque.
Un final en beauté sur "Gloryhole" nous achève, sourire aux lèvres. Comme à chaque fois, ils nous ont régalé avec leurs discours interminables, ponctués de blagues potaches et qui varient d'un concert à un autre (même si la trame reste la même). On rit de bon cœur et ça fait du bien ! Retour à la réalité avec une course contre la montre car pendant qu'on se temps, BATUSHKA a déjà bien entamé son set et Peter Tägtgren va investir le Metal Dome... Quel créneau compliqué... « Choisir, c'est renoncer » disait Gide, et c'est franchement nul !
On fait donc une halte rapide sous la Marquee Stage, ce n'est pas parce qu'on a décidé de "sacrifier" BATUSHKA qu'on ne peut quand même pas y jeter un œil. Leur prestation scénique est différente des dernières tournées que nous avons vues qui, il faut préciser, remontent à quelques années en arrière. Le cérémoniel est plus travaillé, avec une intégration plus marquée des musiciens, mais on notera l’absence de chœurs bordant la scène. Dommage, car leur présence sublimait l’aspect liturgique du concept propre à BATUSHKA... (#balance ton chœur). Malgré tout, l'émotion qui se dégage est intacte, notamment dès l’instant où le volume augmente d’un coup pour atteindre sa juste valeur, qui désormais se prête mieux à une communion collective. Enfin, collective... Il faut dire que la foule est assez éparse sous la tente, et on comprendra vite pourquoi !
On s'éclipse de la Marquee pour rejoindre le Metal Dome et on fait face à la première probable erreur de programmation de ce Graspop, ou plutôt de répartition de scène. La tente est pleine à craquer, le public s'étend loin en dehors pour tenter d'écouter PAIN ! Il aurait pu être judicieux d'inverser les deux groupes, et nous ne doutons pas que l'équipe du GMM en tiendra compte pour les prochaines éditions. Peter Tägtgren est merveilleux et attire les foules ! Il faut dire que PAIN n'ayant pas sorti d'album depuis 2016, il est temps de voir comment passent les nouveaux titres de « I Am » paru en mai dernier ! Arrivant trop tard, nous ratons une majorité du set et le temps d'essayer de se faire une place au fond du Dome on est bon pour la fin de "Zombie Slam". Le public nous semble à fond, ça chante, ça bouge (et pas seulement dans la fosse). Après une petite scéne animée sur l'écran géant pour l'annoncer, "Party In My Head" passe très bien l'épreuve de la scène, le public reprenant en chœur les « oh oh » (mais pas que, il y a du fan !), puis Peter et ses musiciens s'asseyent au devant de la scène pour entamer "Have a Drink On Me", plus calme, posant une espèce d'ambiance saloon, détonnant un peu au milieu des autres chansons de PAIN qui enchaîne rapidement sur un autre titre issu de « Cynic Paradise » avec "I'm Going On", collant beaucoup plus au répertoire du groupe, mais c'est surtout l'iconique "Shut Your Mouth", qui nous permet de faire chauffer nos cordes vocales et déverrouiller nos cervicales ! Nous regrettons d'en avoir vu si peu... Mister Tägtgren avait l'air en forme !
Une demi-heure de pause nous sépare du prochain groupe que nous avons planifié. Et on ne va pas te mentir, ils font partie de nos favoris. Donc dans l’attente, petit détour aux sanitaires et au bar. « Quel intérêt de nous raconter ça ? » nous diras-tu ! Et bien c’est justement pour te faire passer une information qui est toujours bonne à prendre : ici, au Graspop, que ce soit pour boire, manger, ou vidanger, il y a très peu d’attente et c’est très agréable. Le site est chargé de stands et de sanitaires.
Il est l’heure pour ROTTING CHRIST d’ouvrir la porte au Maître des Ténèbres. Nous nous sommes placés tôt pour ne pas en rater une miette et ne pas réitérer l'erreur stratégique précédente avec le concert de PAIN. Nous n’avons que quelques écoutes à notre actif du dernier album, « Pro Xristou », sorti il y a juste quelques semaines, mais nous savons par expérience que ce groupe est une valeur sûre en live ! Sous réserve d’être réceptif à ce style de metal et au côté enivrant qu’il procure bien évidemment. Nous, on adore et nous n’avons jamais été déçus ! Sakis Tolis et sa troupe nous embarquent dans cet obscure culte sans besoin de scénographie particulière. Après plus de 35 ans d’expérience, les Grecs savent y faire. La scène est minimaliste, pas d’extravagance, pas de maquillage, pas besoin de tout ça. ROTTING CHRIST arrive à t’embarquer d’une façon on ne peut plus simple dans une forme de transe adorative, quelque peu liturgique. Tu te mets à headbanger sans t’en rendre compte, guidé par un maelström merveilleusement bien orchestré de riffs solidement ancrés et de mélodies d’une redoutable efficacité. Déjà en temps normal, il en faut peu pour se sentir aspiré par l’ambiance qui se dégage de ses concerts, mais là le groupe a sorti l’artillerie lourde !
Le set qui démarre avec "666", enchaîné à "P'unchaw kachun - Tuta kachun" donne le ton, le tout dans un environnement sombre et rougeoyant à leur habitude, sublimé par un excellent jeu de lumière et accompagné d’une pyrotechnie foisonnante. La part belle est fait au merveilleux album « Kata Ton Daimona Eaytoy » avec pas moins de cinq titres joués - pour notre plus grand bonheur - alors qu'étonnamment une seule chanson, "Like Father, Like Son", est issue de leur dernière réalisation. Les textes de Sakis Tolis, le chanteur-guitariste, sont déclamés avec conviction, justesse. "Apage Satana" nous prend aux tripes d'entrée de jeu, le public chante fort. Kostas Heliotis et Kostis Foukarakis, respectivement bassiste et guitariste, nous accompagnent généreusement de leur headbangings et assurent avec brio les chœurs. Leur jeu est dynamique, tout autant que leur présence scénique. Le public répond à merveille aux invectives du groupe, et tout deux finissent en nage à la fin ! Assurément un concert de haute qualité. Qu'est-ce qu'on aimerait les voir de nuit sur une grande scène, avec des moyens conséquents... Il est certain qu'ils exploseraient tout...
Après toutes ses émotions à la limite du définissable, nous passons voir WHILE SHE SLEEPS. Changement d'ambiance ! Ce n'est pas notre came musicalement, certes, mais on ne peut que reconnaître leur efficacité. Le chant est d'une redoutable précision, aussi bien celui de Lawrence Taylor que des chœurs, assurés par Sean Long et Aaran McKenzie. Très bonne énergie dégagée sur scène, même si un peu inégale tout au long du set, des flammes surgissent également... mais nous ne sommes pas touchés... Puis nous restons avec nos amis pour d'autres Britanniques, ARCHITECTS. Le début de set semble compliqué, d'où nous sommes nous ne voyons pas pourquoi le concert s'arrête rapidement. le chanteur, Sam Carter, n'explique rien, demande juste au bout d'un instant si tout le monde va bien et annonce qu'ils vont recommencer cette première chanson ("Seeing Red"), puis nous fait à nouveau preuve de ses différentes capacités vocales (growl, cri, chant clair). Au fur et à mesure du concert il semble plus présent, comme s'il se souvenait qu'il était en train de jouer devant une assistance et non pas en répétition, il devient plus impliqué, plus crédible également et finit par s'adresser réellement au public. Pourtant, on a du mal à adhérer, il nous manque quelque chose, on ressent une espèce de platitude (non partagée à priori par la majorité des fans), peut-être due à un chant screamé moins maîtrisé que son chant clair, ou plus exactement mieux maîtrisé qu'avant donc ne laissant aucune place à l'émotion, à l'instant présent... On ne retrouve pas l'énergie d'il y a quelques années. Il faut noter également que globalement le set est axé sur des chansons issues des derniers albums du groupe, privilégiant le chant clair, donc on perd un peu de la brutalité que ARCHITECTS a pu nous proposer par le passé. A noter quand même un moment sympa avec la présence de Lawrence Taylor de WHILE SHE SLEEPS sur "Impermanence" qui a ravi les fans. En bref, ce concert ne nous laissera pas de traces indélébiles dans le cœur, certes, mais le public semble heureux, c'est finalement l’essentiel.
Il est déjà l'heure d'assister à un concert qui nous divise tous, entre ceux qui veulent vraiment regarder et ceux qui veulent fuir au plus vite, LIMP BIZKIT.
Que dire... Groupe majeur des années 2000 dans le style nu-metal, on ne peut pas le nier ! Et dans cette part du gâteau il y a des groupes qui se bonifient et savent distiller la quintessence de leur art jusqu’au bout, d’autres non. Nous n’en sommes pas à notre premier concert loin de là et soyons honnêtes, à chaque fois que nous les voyons, leur prestation va de mal en pis et pourtant nous y retournons, juste au cas où... dans l’espoir de voir quelque chose que nous ignorons. Donc nous avons retenté notre chance, ou plutôt, leur en avons accordé un nouvelle.
Arrivée sur scène : les cinq compères ont vieilli, il faut le dire. On peut excuser Sam River (basse) qui, ayant souffert d’une maladie dégénérative affectant sa colonne vertébrale, ne peut plus être autant vigoureux qu’avant. Seul Wes Borland (guitare) possède encore de l’énergie. Quand à Fred Durst au chant, fagoté d’un gilet jaune fluo façon éboueur et coiffé d’une tignasse qui, espérons pour lui, n’est qu’une perruque... Et bien disons que cette absurde et incohérente posture n’a d’égal que sa prestation. On se saurait dire si sa démarche, son comportement "désabusé" fait partie intégrante de ce nouveau personnage ou si ce sentiment est réel. On dit que le ridicule ne tue pas... En tous cas, lié a l’incrédibilité, ça ne lui rend pas service.
Les chansons sont interprétées sans conviction et les textes sont seulement récités, même plus racontés et encore moins vécus. Après seulement deux morceaux, une partie de notre équipe quitte les Mainstages, l'ado en eux ne s'y retrouvant pas, pour se rendre sous la Marquee Stage pour assister au set de I AM MORBID, sur lequel nous reviendrons plus tard. Pour le moment restons sur LIMP BIZKIT, avec une set-list pas surprenante, un condensé de tubes sans exception. Wes prend son pied et reste quoiqu’il en soit un guitariste excellemment atypique ! Mais le fait de mixer des samples entre chaque morceau donne un rendu étrange qui, à notre sens, ramolli d’avantage la globalité de la prestation, surtout pour ce que cela sert. Entre extravagance hétérogène et samples façon "bouchage de trous à la truelle", c’est un peu la foire en fait...
De ce groupe phare pour beaucoup, dynamique et groovy, créatif et particulier, il n’y a plus grand chose. Cette prestation nous laisse croire que LIMP BIZKIT n’est plus qu’une ombre ou pire, un simple cachet. Il faut dire qu’avec un style de musique pareil, entretenir une crédibilité ne doit pas être simple. L’équipe quitte donc le concert bien avant la fin avec le sentiment - non, la quasi certitude - que le biscuit croquant n’est plus qu’un soufflé retombé. Et pourtant... Juste avant d’entrer sous la Marquee, prêts à se prendre la déferlante de death metal qui nous attend, nous entendons de loin mais très distinctement "Behind Blue Eyes" des WHO émanant des Mainstages. A cet instant, le crépuscule s’amorce et un sentiment de paix nous inonde, c’est tout simplement beau... Oui, il semblerait qu’ils en aient encore sous le pied et Fred Durst nous prouve qu'il sait chanter. Ils sont encore capables de faire quelque chose de bien, et une (grosse) pichenette serait suffisante. Alors qu’ils y mettent du coeur...
On enchaîne avec I AM MORBID, fondé par le bassiste et chanteur de MORBID ANGEL, David Vincent, à la suite de son départ du groupe en 2015. Nous avons assisté à cette prestation en deux parties, la première pour le milieu du set et la deuxième pour la fin. C’était énorme ! Et c'est bien dommage pour la majorité des festivaliers restés devant Fred Durst et sa bande, car il n'y a pas grand monde (le public s'étend à peine jusqu'à la régie son) et ils ratent un concert d'une incroyable musicalité, avec des solos divinement exécutés. Les fans sont à fond, il se dégage quelque chose d'étonnant, nous découvrons un côté ambiant qu'on ne trouvait pas avec MORBID ANGEL, mais ce qui compte c'est que c'était juste bestialement beau, emprunt de sincérité, un excellent moment !
Pendant ce temps, une autre partie de l'équipe n'a pu résister au tryptique final de BLIND GUARDIAN : "The Bard's Song - In The Forest", "Mirror Mirror" et bien sûr "Valhalla". Le public est conquis, chante avec Hansi Kürsch, le sourire aux lèvres... C'est beau ! Ca rappelle des souvenirs, comme une sorte de madeleine de Proust, et ça fait vraiment du bien !
Le temps de tous se retrouver, on se dirige à nouveau sous la Marquee Stage pour un autre concert dont le concept est : « j'ai quitté mon groupe, j'en reforme donc un autre, mais je joue les titres emblématiques qui m'ont fait connaître ». ABBATH, qui nous fait un show spécial IMMORTAL ! Et qu'est-ce qu'on est content ! Le rideau à l'effigie d'Abbath Doom Occulta, emblématique chanteur, tombe et "Mount North" résonne. La voix rocailleuse d'Abbath contraste avec une mélodie à toute épreuve, qu'est-ce qu'on le sent bien ce concert ! Oh, cette intro de "Nordern On Fire"... Magnifique ! Début de set axé donc sur l'album « All Shall Fall », mais aussi sur « Sons Of Northern Darkness », avec le trio d'ouverture joué ce soir.
Clairement sa volonté est de se concentrer sur la période post-réconciliation ou pré-dissolution, chacun fera son choix, et si le reste du set ne couvre pas toute la discographie du groupe IMMORTAL elle balaye néanmoins les différentes époques. La pyrotechnie savamment dosée nous en met plein les yeux, on secoue la tête, on se laisse embarquer par ce voyage dans le temps. Le frontman est fidèle à lui-même, il cause peu mais n'oublie pas son public pour autant. Sur scène les caractéristiques haches à double tranchant s'enflamment et "At The Heart Of Winter" avec son mur d'étincelles nous embarque. On avoue avoir un peu rit après le rappel, quand Abbath arrive sur scène avec son casque à cornes de bouc, lui donnant un air de guerrier des enfers régnant au royaume de Blashyrkh pour la chanson du même nom. On rit, mais en même temps on adore, car enfin Abbath nous montre un peu le "côté ridicule" qui sommeil en lui, et cela compenserait presque ses imitation de crabe ! Car il faut dire que toute sa prestation (et celle des musiciens qui l'accompagnent) est très professionnelle, concentrée, et le rendu n'en est que plus magique. Rassure-toi, on oublie vite cet accoutrement au fur et à mesure que les notes s'engrènent, et on se laisse embarquer par le musical et doucereux pont typiquement Immortalien avant la tempête, annoncée par un hurlement, jusqu'à ce final magnifique. Clairement, tu l'auras compris, on a adoré et le temps est passé beaucoup trop vite.
Retour au campement pour terminer notre soirée, accompagnés par une lune splendide annonciatrice d'une belle et dernière journée à venir...