Après une annulation l’an dernier de ce qui aurait dû être leur précédent passage dans la capitale, au Divan du Monde précisément, les excellentissimes (oui en effet, je suis – très – subjectif d’entrée de jeu) MAIDEN UNITED viennent ce soir voguer sur les quais de Seine, dans la salle du Petit Bain, péniche située à deux encablures de Bercy. Récit d’une soirée… formidable.
La soirée s’ouvre avec KINGFISHER SKY mais j’arrive un peu tard sur les lieux et en plus, la formation ne bénéficie que d’un temps de set très court, ce qui ne me permet pas de voir plus que la fin de leur dernier titre… Formation acoustique, une violoncelliste au premier plan et un son feutré, doux à un point qu’il n’est même pas nécessaire d’avoir des protections auditives. De fait, je ne peux m’étendre plus avant mais les applaudissements récoltés semblent indiquer d’une prestation appréciée de l’auditoire présent. L’équipe s’active maintenant pour mettre en place la scène et le décor des Hollandais. On retrouve les potirons (les potes-Iron pour ceux qui ne suivent pas), on boit (avec ce boulet et omniprésent Modération) et on attend sagement, l’ambiance étant au calme ce soir, qu’arrivent les Bataves unis.
Pour expliquer brièvement le concept MAIDEN UNITED, on peut dire que le traitement qui est fait aux morceaux s’apparente à un lifting total, tant en termes de son (le mode acoustique y joue pour beaucoup bien sûr) que de structures, certains passages étant complètement réarrangés pour qu’ils s’adaptent mieux au traitement unplugged. Le résultat est sidérant tant les chansons sont méconnaissables lors de leurs intros et il faut très souvent attendre la première ligne vocale pour se dire « Ah mais oui, c’est ce morceau ! ». Le premier extrait de la Vierge de Fer qui nous est proposé ce soir est "Strange World", tiré du premier album. La set-list d’ailleurs ne fera, à une seule exception près, aucun détour par la période des 90’s.
D’emblée, ce qui sidère l’assistance et votre serviteur est la puissance vocale du chanteur Damian Wilson (THRESHOLD) qui, s’il arbore un look et une carrure faisant plus facilement penser à un clone de Johann Hegg – chanteur d’AMON AMARTH – qu’à un virtuose lyrique, force est de constater qu’on se plante en beauté. Son timbre cristallin, sa facilité à atteindre des notes hautes perchées ainsi qu’à les tenir, forcent le respect et l’admiration. Il module entre des effets susurrés et des belles gueulantes.
Derrière, ça joue nonchalamment mais ça joue sévèrement bien et l’on s’attarde plus précisément sur Ruud Jolie à la guitare, en raison de sa notoriété au sein de WITHIN TEMPTATION, groupe pour lequel il s’occupe aussi de la six-cordes. Ici cependant, point question de soli grandiloquents et de distorsion, tout se joue dans la finesse et la retenue. S’en suivent des moments hors du temps, notamment avec "The Trooper" d’une noirceur abyssale et qui met vraiment en valeur le sujet du texte (La charge de la Brigade Légère lors de la bataille de Balaclava qui s’est déroulée en 1854) ou "Die With Your Boots On" lors desquelles le public est largement sollicité. "The Evil That Men Do" aussi où une délicieuse personne féminine dans le public répond avec ferveur à la demande du chanteur pour le seconder aux chœurs, sous la houlette de son compagnon qui lui donne le tempo pour être complètement dans le rythme. Adorables. "Only The Good Die Young" est également une belle surprise.
Si certains morceaux se prêtent tout seuls à la conversion acoustique, "Children Of The Damned" ou "Revelations" par exemple, d’autres surprennent comme "22 Acacia Avenue" où le traitement délicat des musiciens contrebalance avec l’histoire de cette prostituée qui accepte tout et n’importe quoi/qui contre espèces sonnantes et trébuchantes. On regrette néanmoins l’absence de titres tels que "Still Life", "Infinite Dreams" ou "Burning Ambition" (ce dernier que l’on peut entendre sur leur récent album, « Remembrance », est une merveille !). Le quintet finit sur un convenu mais néanmoins réjouissant "Wasted Years" avant de saluer l’audience. Quasiment 1h30 de temps de jeu bien trop courts. A très vite Messieurs !
Le groupe vient ensuite au contact de ses fans avec le plus grand naturel, se prêtant volontiers aux poignées de mains, photos souvenir et échanges plus ou moins brefs avec des fans enchantés par cette prestation. Conclusion : une belle soirée pour les fans d’IRON MAIDEN, ceux de MAIDEN UNITED et les éventuels néophytes des deux formations. Seul regret, le peu de personnes présentes ce soir (seuls les Y&T en lointaine banlieue parisienne pouvaient éventuellement faire concurrence et encore, le public n’est absolument pas le même) alors que la salle dans laquelle ils se produisent fait partie des plus petites de la capitale. Un étonnement donc quand on sait qu’IRON MAIDEN vend 18 000 billets à chacun de ses passages sur la rive d’en face. Quoi qu’il en soit, les fans de MAIDEN présents à ce concert ont été UNITED !
