Je ne vais pas vous le cacher, chroniquer un album de TRUST, qui plus est annoncé à grands renforts de publicité et ce, après le dernier en date, « Treize à Table » paru il y a déjà dix ans, n’est pas à proprement parler du tout cuit. Et le parcours du groupe a connu suffisamment de hauts et de bas, que ce soit sur bandes avec des albums qui n’ont pas toujours été accueillis tendrement par la presse et les fans ou que l’on parle des relations entre les frères ennemis : le chanteur Bernie Bonvoisin et le guitariste Norbert Krief.
Alors, comment aborder "la bête" ? Doit-on prendre en considération le passé complet, à la scène et à la ville, ou faire table rase de tout cela et considérer que le TRUST nouveau vient d’arriver ? Attention, pas au sens du Beaujolais, mais plutôt d'un vrai nouveau départ, eu égard à la déclaration qu’en fait Bernie dans le livret du CD.
Car à l’écoute, impossible d’établir la moindre comparaison entre le TRUST de 1979 et celui de 2018. Impossible.
De fait, je vais aborder cette chronique comme celle que l’on ferait du premier album d’un groupe, mais en gardant à l’esprit l’expérience de ses deux protagonistes principaux.
Allez, on inspire bien fort et on y va, tout va bien se passer. GO !
Tout d’abord, il nous est précisé que l’album a été enregistré en live dans une salle des fêtes de province et que cela ne leur a pris que trois petits jours.
Et l’on s’en rend compte dès le premier titre, ''Ni Dieu, Ni Maître'' et surtout lors de son solo, dont on entend les imperfections et approximations de jeu de Nono, qui l’a - supposition - probablement improvisé. Pourtant, le rendu est bon. Oui, on adhère tout de suite à ce contexte et à ces très probables premières prises mises en boîte.
Le Bernie que l’on connait dans les textes est toujours là, exprimant ses opinions avec la même verve, mais avec un verbe différent et presque 40 piges de plus au compteur. Il s’adapte à l’époque actuelle et ses références, notamment sur ''Démocrassie'' où il déclare « Chacun sa Nabila, chacun son pense-bête / Vendre nos âmes ferait-il taire notre amertume ? Mais pour vendre son âme, encore faut-il qu’on en ait une. » Ce gros rock gorgé de blues nous envoie direct chez AC/DC et s’étire sur plus de 7 minutes. En revanche, TRUST ne fait plus dans le hard rock mais dans le rock hard. La nuance est de taille et se doit d’être soulignée, surtout lorsque "ça le fait", comme on dit.
Ainsi, ce rock se retrouve sur la vindicative ''Fils De Pute, Tête De Liste'', ''Déjà Servi'', ''Le Gouvernement Comme Il Respire'' (on regrette juste quelques facilités dans ces jeux de mots qui sont indignes de la façon dont Bernie peut et sait se servir des mots). L’esprit ancien est évoqué sur ''L’Exterminateur'' avec son riff 80s (seule réminiscence du "vieux TRUST") et dont le texte évoque le fléau des smartphones et ses répercussions dans notre société d’aujourd’hui. Bernie a déjà maintes fois évoqué ce sujet et dresse ici un tableau sans concession, mais juste.
On sait le chanteur attaché aux figures contestataires, résistantes (Massoud) ou révolutionnaires (Che Guevara) et c’est de ce dernier dont parle la chanson ''Christique'', qui n’est pas la plus grande réussite de ce disque. Etonnantes, dénotant même dans le paysage présent, les chansons ''J’M’En Fous Pas Mal'' et ''Caliente'', si elles sont sympathiques (surtout la première de par son texte et sa musique - vous serez très surpris vous aussi par cette reprise d'Edith Piaf), n’en sont pas moins de trop et ne nous auraient pas manqué. Comme il est écrit dans le livret « Si cela vous plait : tant mieux / Si cela ne vous plaît pas : tant pis », on est en droit à partir de là de passer à la piste suivante. Le blues rock lancinant de ''Demande à ton Père, Demande à ta Mère'' remet le train sur les rails et on raccroche alors les wagons. Par contre, on dit non à Bernie sur ''F Haine'' et son refrain téléphoné et, je le répète, indigne de son savoir-faire en maniement de la langue française : « La haine est une blonde qui surfe sur la vague marine ». Un peu simple, non ? Surtout que l’on a entendu mieux ailleurs (je ne citerai "PERSONNE", comprenne qui voudra). Dommage, car l’esprit punk à la SEX PISTOLS du riff de cette chanson aurait pu donner un grand morceau.
Pour le dernier tour de piste, TRUST décoche l'un des meilleurs titres de cet album à la pochette rouge sang, ''Où sont Passés les Anges'', avec à nouveau un riff AC/DC-ien qui ne met que trois secondes pour que nous ayons envie de lever le poing, taper du pied et hocher la tête.
Pour un peu, on verrait presque Nono (diminutif historique de Norbert Krief pour les plus jeunes internautes) entamer un duck walk à la Angus.
Comme indiqué en préambule, j’ai volontairement occulté toute envie de comparer le TRUST 2018 à celui de « Répression » en 1980.
Et grand bien m’en a pris, car « Dans le même Sang » est un bon album, un peu long et qui aurait gagné à être plus concis, du moins amputé de quelques titres pour que son propos soit plus percutant. Reste que l’on sent les membres du groupe en phase et que l’on espère que la connivence (en dépit des relations souvent houleuses par le passé) de Bernie et Nono ne connaîtra maintenant que des hauts et plus jamais de bas.
Car même si leurs trois autres compères ne déméritent pas à l’entreprise, TRUST c’est quand même avant tout et pour toujours le groupe de Bernie et Nono.
Et on est bien contents de vous revoir les gars ! « DYNAMITE ! »
Pour le reste, il y a des morceaux surprenants "Caliente" et "j m'en fous pas mal" et des morceaux dont le riff reste bien en tête comme "Christique"<br />
en résumé, j'écoute l'album en boucle, franchement j'adore ! je les ai vus à l'Elysée Montmartre en Novembre dernier : énorme ! ça reste le groupe qui m'a fait entrer dans le rock quand j'avais 12 piges avec "Répression" et l'énorme "Marche ou Crève" et j'en ai retrouvé vraiment des saveurs. Nono reste un vrai grand guitariste de rock qui m'a influencé largement pendant tout mon apprentissage......allez-y les yeux fermés !!