3 mai 2018, 11:35

LIVING COLOUR

• "Vivid" - 1988 (Epic/Sony)


Nous sommes (déjà) en 2018 et cet album fête ses 30 ans ! Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.

A la fin des années 80, l’Amérique est encore sous la présidence de Ronald Reagan et n’en a pas encore fini avec la Guerre Froide. Les minorités ethniques ne sont pas à la fête et ce constat n’épargne pas l’industrie musicale du metal, US ou pas. C’est dans ce contexte que le premier album de quatre Afro-Américains répondant au nom de LIVING COLOUR sort, le 3 mai 1988, sous le nom de « Vivid » (à ne pas confondre avec un distributeur américain du même nom officiant à la même période mais dans la catégorie films pour adultes…). Corey Glover (chant), Vernon Reid (guitare), Muzz Skillings (basse) et Will Calhoun (batterie) amènent avec ce disque une petite révolution sonore. « Vivid » mélange avec panache et réussite le metal, la funk, des rythmes caribéens, le jazz ou tout autre élément qui veut bien s’incorporer à leurs compositions. Repérés par un certain Mick Jagger (THE ROLLING STONES) qui les emmènera en tournée avec son groupe, LIVING COLOUR signe chez la major Epic et entame son parcours discographique avec ce « Vivid » vivifiant.

La première gifle (ou « le premier sang » pour les fans de Rambo) est donnée avec "Cult Of Personality" et son clip en heavy rotation sur MTV. C’est un peu leur "Iron Maiden" car ce morceau – culte – est joué à chaque concert. Très heavy, il installe le climat avec néanmoins un riff tordu comme seul Vernon Reid sait en produire et qui confère au groupe une identité affirmée. Le versatile "I Want To Know", basse slappée par intermittence et refrain pop avec des chœurs, est étonnant mais parfaitement à sa place. Gros riff d’ouverture sur "Middle Man" et rythmique saccadée pour un titre au groove infectieux. Corey Glover a une voix simplement hallucinante qui module les ambiances à l’envi au fur et à mesure des chansons. Des titres avec des riffs plombés, il y en a d’autres : "Desperate People" ou la reprise "Memories Can’t Wait", une relecture hallucinante d’un morceau des TALKING HEADS paru originellement en 1979.

Fusion totale, un groove de la mort avec la basse slappée et une rythmique funky sur "Funny Vibe" (avec le duo de rappers du groupe PUBLIC ENEMY, Chuck D et Flavor Flav) puis lapsteel et ambiance mélancolique pour la balade "Broken Hearts" avec son court mais superbe solo de basse de Skillings qui annonce celui de Reid ensuite et qui voit Mick Jagger empoigner l’harmonica. On en arrive au sautillant "Glamour Boys" sur lequel intervient à nouveau Jagger, mais sur les chœurs cette fois, et apporte encore plus de "couleur" à l’ensemble. Il est suivi par "What’s Your Favorite Color (Theme Song)" avec un refrain fédérateur (« What’s your favorite colour, baby ? Living Colour ! »). La dernière piste, "Which Way To America", furieuse, metal et funk en même temps (ce slap mes amis !) avec un dernier lâcher de saucisses de la part de Vernon Reid et son solo déjanté qui clôture ainsi avec panache un album sans aucun temps mort et rempli à ras bord de titres imparables.

« Vivid » verra quatre de ses morceaux sortir en single et sera auréolé de succès avec une 6e place au Billboard US (certifié double platine avec 2 millions d’exemplaires vendus) et récompensé  par deux Grammy Awards et trois MTV Music Awards. S’ensuivront deux autres disques indispensables, « Time’s Up » en 1990 (dans la même veine que son prédécesseur) et « Stain » en 1993, sur lequel Skillings est remplacé par le phénoménal Doug Wimbish et qui explore d’autres terres et ambiances, déstabilisant légèrement les fans de la première heure sans les perdre en route. La carrière du groupe se poursuivra ensuite sans parvenir à renouveler ce triptyque impeccable. Sursaut de vie cependant en 2017 avec la parution de « Shade » qui renoue avec des fans qui n’attendaient plus un nouveau disque, qui plus est aussi bon. LIVING COLOUR est toujours… vivant.

Pour aller plus loin :
« Time’s Up » (1990)
« Stain » (1993)
« Shade » (2017)
 


 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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