C’est l’hiver, j’ai chopé la grippe. Le Doc Karila m’a dit « arrête le metalcore, fais-toi une cure de viking metal pour te fortifier, ça te fera pousser les poils et tu n’auras plus mal ! ».
VANIR, groupe danois, vous connaissiez ? Moi pas. Comme j’ai mon jardin d’un hectare à déboiser depuis 3 ans je me suis dit qu'il serait bon d'aller œuvrer en écoutant « Allfather », la dernière production du groupe, ça me donnera peut-être la force.
"Væringjar". Une basse lourde qui souffle. La guerre est dans mon pré. Armé d’une serpette je sabre à coups de riffs épiques de gauche à droite. L’ennemi, des brins d’herbe de haute taille, tombent par dizaine ! Martin Holmsgaard Håkan se gargarise à merveille. Je plaisante, sa voix est l’écho des siècles, et nous suivrions ce barde et sa bande de mercenaires Varègues jusqu’aux confins des routes des empires civilisés. Arrive "Svoldir". L’allure est martiale. Je suis chaud. Les pieds solidement campés dans le sol je rugis en écho au cœur de voix masculines et je dresse fièrement mon arme vers le ciel gris. C’est avec des flocons cotonneux tombant sur mes épaules que je me dresse pour "The Final Stand".
VANIR fait dans le folk metal épique. On pense à ENSIFERUM, AMON AMARTH, à EMPEROR également, sur de nombreux titres il y a une patte (ou griffe) black metal : "Ironside" est une fresque polymorphe des plus inspirées, "Shield Wall" accélère le mouvement, la rythmique est martyrisée et les riffs pleuvent tels des flèches, j’imagine que c’est pour mieux nous faire affronter la masse grouillante de l’ennemi (ou présentement les tas de feuilles mortes).
"Fejd" est quant à lui un titre atypique, déclamé en norrois et en voix claire. Empreint de la sobriété d’une guitare sèche j’en profite pour reprendre mon souffle et contempler les corps sans vie qui m’entourent (comprenez des branches de mirabellier). Il y a quand même une petite baisse de rythme dans ces soli heavy, vite compensée par le morceau guerrier "Thor", où la rythmique sonne comme des sabots au galop, où le chant growlé colle à des riffs furieux et acérés. "Thor" hymne pur, une reprise de MANOWAR !
« Allfather » constitue un album parfait pour déborder d’énergie. Il contient de réels morceaux de bravoure, mais aussi l’apport du black metal dans "Bearer Of The Word" et "Ulfhednar" rendent les titres autant originaux qu’agréables. A souligner les claviers de Stefan Dujardin qui symphonisent l’ensemble façon CRADLE OF FILTH.
L’album s’achève sur un ultime combat. Je vois surgir deux chevaliers vêtus de robes blanches frappées d’une croix rouge. « Des templiers ! » hurlais-je avant de me lancer dans la mêlée, soutenus par les échos d’un "Gravfærd" alliant lourdeur black et mélopées féminines. Le lendemain je me réveillais dans ma résidence secondaire de l’asile d’Arkham, avec une vilaine bosse sur le crâne mais le souvenir de cette écoute marquante qu’est « Allfather » de VANIR.