9 mars 2019, 10:36

IRON MAIDEN

• Please Professor Maiden, teach me! (Part 8)


Si nombre de formations (la plupart même) inventent leurs textes de toutes pièces, IRON MAIDEN a depuis le départ choisi la littérature, le cinéma ou encore l’Histoire comme points d’ancrage des paroles de la plupart de ses chansons. C’est ce postulat qui fait qu’aujourd’hui, vous allez pouvoir combler éventuellement quelques lacunes et, comme cela a été le cas pour moi, apprendre quelques "trucs" qui vous feront à coup sûr briller en société ! Un album à la fois, dans l’ordre chronologique de leur sortie dans la discographie du groupe.

Un grand merci à Laurence Faure et l’aide précieuse qu’elle m’a apportée à l’élaboration de cet article.

« No Prayer For The Dying » (1990)


''Tailgunner''

Qu’est-ce qu’un “tailgunner” et de quoi parle cette chanson surtout ? Si l’on en croit Bruce Dickinson, le titre est emprunté à celui d’un film pornographique du même nom traitant de sexe anal, du moins le pensait-il. Ne pouvant décemment écrire sur ce sujet (bien qu’une large dose de sexe ait été incorporée dans ses deux ouvrages, The Adventures Of Lord Iffy Boatrace et sa suite sans équivoque, The Missionary Position), il a préféré écrire sur les « vrais » tailgunners, ceux qui officiaient derrière leurs mitrailleuses durant la Seconde Guerre mondiale, à l’arrière des avions de combat. On entend d’ailleurs dans la chanson la phrase suivante : « Tail-end Charlie in the boiling sky ». Il est intéressant de noter que l’expression « tail-end Charlie » vient du surnom donné à Charles Cooper, le premier tailgunner désigné durant la Seconde Guerre mondiale, et qui fut donné par la suite à tous les “mitrailleurs de queue” selon la traduction littérale que l’on peut en faire.

Illustration du single ''Tailgunner''
 


 


 


Allant plus loin pour développer le propos, Bruce évoque également le bombardement de Dresde qui a eu lieu du 13 au 15 février 1945 et qui détruisit presque entièrement la ville allemande. L'United States Army Air Forces (USAAF) et la Royal Air Force (RAF) utilisèrent des bombes incendiaires, classiques et à retardement. L'évaluation actuelle du nombre des victimes se situe autour des 35 000 morts. Le 28 mars 1945, Winston Churchill lui-même se désolidarisera de ce bombardement meurtrier.
 


Autre citation avec « The Enola Gay was my last try » où est évoqué ici l'Enola Gay, un bombardier Boeing B-29 Superfortress américain qui a largué la première bombe atomique de l’Histoire sur la ville japonaise d'Hiroshima le 6 août 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sur la photo du bombardier ci-dessous figure Paul Warfield Tibbets, brigadier-général de l'armée de l'Air des États-Unis qui a piloté ce bombardier tristement célèbre et à qui il avait donné le nom de sa mère...
 


"Holy Smoke"

Pamphlet contre les télévangélistes, ces prêcheurs cathodiques faisant appel à la générosité de masses crédules pour obtenir de l’argent, la chanson mentionne à un moment « Jimmy the Reptile and all his friends », une allusion à Jimmy Swaggart, un évangéliste pentecôtiste américain qui a œuvré dans les années 80 surtout, écrit des livres et même enregistré des disques. L’un d’entre eux s’appelle « The Love Of God ». A en voir la couleur utilisée pour le titre et l’attrait de ce monsieur pour l’argent, l’album aurait pu s’appeler « The Love Of… Gold ».
 

   


Les paroles sont éclairantes à ce sujet et méritent d’être en partie traduites ici :

“Believe in me - send no money
I died on the cross and that ain't funny
But my so called friends are making me a joke
They missed out what I said like I never spoke
They choose what they wanna hear - they don't tell a lie

They just leave out the truth as they're watching you die
Saving your souls by taking your money
Flies round shit, bees around honey.”


« Croyez en moi - n'envoyez pas d'argent
Je suis mort sur la croix et ce n'est pas marrant

Mais mes prétendus amis font de moi une parodie
Ils ont laissé de côté ce que j'ai dit comme si je n'avais jamais parlé
Ils choisissent ce qu'ils veulent entendre - ils ne mentent pas
Ils laissent de côté la vérité alors qu'ils vous regardent mourir
Sauvant vos âmes en prenant votre argent
Des mouches autour de la merde, des abeilles autour du miel »

Le clip en revanche est un must du kitsch et du ridicule, nous vous laissons faire un tour sur internet pour vous forger votre propre avis… et rire un peu.


"Run Silent Run Deep"

Le morceau s’appuie sur deux éléments : la littérature et le cinéma. D’une part avec un roman de Edward L. Beach et de l’autre, un film de guerre de Robert Wise sorti en 1958 avec pour acteurs principaux Clark Gable et Burt Lancaster et dont le titre français est L'Odyssée du sous-marin Nerka. L'action de ce film tire son inspiration de la tactique mise au point par les sous-mariniers américains dans le Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale : ils attaquaient en surface les navires d'escorte des convois maritimes japonais et les torpillaient de face dans l'étrave lorsque ceux-ci fonçaient sur eux pour les éperonner.
 


 


"Bring your Daughter… To The Slaughter"

Contrairement à "Run Silent Run Deep" qui plonge en eaux profondes, on reste ici en surface, dans les hommages qui sont alliés à l’humour typique  et au talent de Derek Riggs, l’illustrateur historique du groupe. Les liens avec les arts sont en premier lieu à chercher sur la pochette du single. Un « bat-signal », la méthode utilisée par le commissaire Gordon dans les aventures de Batman afin de le prévenir et demander son aide. Eddie est également en très charmante compagnie et bien qu’on ne voie pas son visage, pour des raisons de droit évidemment, on ne peut douter de son identité, en l’occurrence Jessica Rabbit, femme du lapin Roger du même nom dans le film culte de semi-animation Qui Veut La Peau De Roger Rabbit ? paru sur les écrans en 1988.

Illustration du single "Bring your Daughter… To The Slaughter"
 


 


 


Sur le dessin, Eddie se trouve devant un club, The Paradise Club, qui n’est autre que celui figurant dans la série du même nom diffusée entre 1989 et 1990 sur la BBC et dans laquelle Bruce, le guitariste Janick Gers et le batteur Nicko McBrain firent deux apparitions distinctes. Série comique où deux frères héritent d’une boîte de nuit, un legs de leur mère Ma Kane, figure matriarcale d’un gang de la pègre sud-londonienne. L’un des frères est un prêtre et celui-ci décide de remettre son frère dans le droit chemin. Jamais diffusée en France et donc non traduite, vous pouvez tout de même visionner ci-dessous les épisodes ou extraits concernés.

Dans l’épisode "Rock And Roll Roulette", Bruce joue le rôle du chanteur Jake Skinner et interprète quatre titres : "Ballad Of Mutt", l’un de ses propres titres mais aussi la reprise de Chuck Berry, "Johnny B. Goode" puis le "Wishing Well" de FREE et pas celui de Terence Trent D’Arby, qui est tout de même un bon titre, et enfin "I Shot The Sheriff" de Bob Marley. Le groupe que l’on voit en studio, FRAUD SQUAD est composé outre Bruce et Janick, d’Andy Carr à la basse et Dickie Flitzar à la batterie soit le groupe qui l’accompagnait lors de sa tournée solo à cette époque.


Bruce Dickinson & Janick Gers
 


Bruce Dickinson & Nicko McBrain
 


Le morceau en lui-même a été composé et enregistré par Bruce et Janick dans un premier temps dans le but de figurer sur la bande-son du cinquième film de la saga de films d’horreur des Freddy, Nightmare On Elm Street, The Dream Child (en France, Freddy 5, L’enfant du cauchemar). Ce n’est qu’après la sortie du film qu’IRON MAIDEN enregistrera sa propre version (voir en fin d’article les deux versions).
 


La vidéo du groupe contient des extraits de The City Of The Dead, un film britannique réalisé par John Llewellyn Moxey et sorti en 1960, dans lequel une étudiante est envoyée par son professeur dans un village perdu faire des recherches sur des pratiques anciennes de sorcellerie. Arrivée dans son hôtel elle commence à entendre d'étranges bruits qui semblent provenir d'une trappe dans sa chambre…
 


Pour la tournée « No Prayer On The Road », IRON MAIDEN a opté pour le thème du film Mission 633 (633 Squadron in English!) comme musique d’ouverture des concerts. Ce film de guerre réalisé en 1964 situe l’action dans la Norvège de la Seconde Guerre mondiale où les services secrets britanniques repèrent une usine de carburant très bien protégée servant à alimenter des fusées allemandes. Le lieutenant Bergman est envoyé avec l'escadrille 633 composée de Mosquitos pour détruire le site.
 


Et pour clore ce huitième chapitre, non pas la mais les vidéos de " Bring your Daughter… To The Slaughter ". Celle d’IRON MAIDEN puis pour comparer l’audio, la version originale de Bruce enregistrée pour la bande-son de Freddy 5, L’Enfant du cauchemar, comme précisé plus haut.
 


 


« Iron Maiden » (1980)
« Killers » (1981)
« The Number Of The Beast » (1982)
« Piece Of Mind » (1983)
« Powerslave » (1984)
« Somewhere In Time » (1986)
« Seventh Son Of A Seventh Son » (1988)
 

Photos – Source : Wikipedia Creative Commons

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications

2 commentaires

User
Steph BERMOND
le 14 mars 2019 à 22:47
Merciiiiiiiii
User
Jérôme Sérignac
le 15 mars 2019 à 07:48
Merciiiiiii (aussi !) ;)
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