2 mars 2019, 10:21

IRON MAIDEN

• Please Professor Maiden, teach me! (Part 7)


Si nombre de formations (la plupart même) inventent leurs textes de toutes pièces, IRON MAIDEN a depuis le départ choisi la littérature, le cinéma ou encore l’Histoire comme points d’ancrage des paroles de la plupart de ses chansons. C’est ce postulat qui fait qu’aujourd’hui, vous allez pouvoir combler éventuellement quelques lacunes et, comme cela a été le cas pour moi, apprendre quelques "trucs" qui vous feront à coup sûr briller en société ! Un album à la fois, dans l’ordre chronologique de leur sortie dans la discographie du groupe.

Un grand merci à Laurence Faure et l’aide précieuse qu’elle m’a apportée à l’élaboration de cet article.

« Seventh Son Of A Seventh Son » (1988)

1988, année faste pour les concept-albums avec QUEENSRŸCHE qui accouche de « Operation: Mindcrime » lorsqu’IRON MAIDEN enfante « Seventh Son Of A Seventh Son ». Si le chanteur Bruce Dickinson était sorti rincé de la tournée « World Slavery Tour 84-85 » qui l’avait vu se mettre en retrait pendant la création de « Somewhere In Time » (d’autres paramètres ont cependant également joué dans cet état de fait), il n’en est plus de même à l’heure d’entamer la composition de ce septième album. Le bassiste Steve Harris évoque son projet avec le chanteur et les deux se voient fortement inspirés pour créer un album tourné vers l’occulte et la magie noire.

 

''Moonchild''

Le titre d’ouverture puise son inspiration chez un personnage pour le moins  très controversé : Aleister Crowley (1875-1947). Et plus particulièrement dans la nouvelle du même nom qu’il écrivit en 1917 (publiée en 1923) dans laquelle un groupe de magiciens adeptes de magie blanche mené par un dénommé Simon Iff livre une guerre à un autre groupe de magiciens, tourné eux vers la magie noire à propos du sort d’un futur nouveau-né.

Edward Alexander « Aleister » Crowley a durant toute sa vie cultivé le goût du mysticisme et fut tour à tour occultiste, maître de cérémonie de magie noire, écrivain, peintre et même alpiniste ( ! ). Il fonda la religion de Thelema, s’autoproclamant prophète dans laquelle les Thélémites se divisent en groupes éternels, chacun caractérisé par sa propre formule magique, laquelle est très importante et fondamentale à la compréhension de la magie de cette religion. Bruce Dickinson consacra vingt ans plus tard un film à cet homme, Chemical Wedding (en VF, Le Diable dans le Sang) dont il signe le scénario et dans lequel il fait deux apparitions furtives en forme de clin d’œil. On y entend notamment les morceaux "Can I Play With Madness" et "The Wicker Man" (« Brave New World » en 2000). Une sorte de boucle bouclée pour Bruce qui sortit en 1998 l’un de ses meilleurs efforts en solo, « The Chemical Wedding » qui traite de magie noire et d’occultisme. Un quasi concept-album que je vous encourage à découvrir et sur lequel figure aussi son complice et guitariste Adrian Smith.
 



 


 


 


"The Evil That Men Do"

Tragédie de William Shakespeare, Jules César (Julius Caesar dans la langue de… Shakespeare) a été écrite vers 1599 et publiée en 1623. Elle relate la conspiration contre Jules César, son assassinat et ses conséquences. Le titre de cette chanson est directement emprunté à un passage de la pièce, en l’occurrence le discours de Marc Antoine aux funérailles de l'Empereur romain, Acte III - Scène 2. Bruce a d’ailleurs souvent introduit le morceau avec cette citation en inversant simplement les deux phrases.

“The evil that men do lives on after them, but the good is oft interred with their bones.”

« Le mal que font les hommes vit après eux, le bien est souvent enterré avec leurs os. »
 


"Seventh Son Of A Seventh Son"

Véritable joyau dans la discographie du groupe, le morceau-éponyme du disque est la mise en musique d’un roman de fantasy intitulé Seventh Son, premier d'une série de sept (logique) livres sortie sous le nom Les Chroniques d'Alvin le Faiseur écrits par l’écrivain Orson Scott Card. "Faiseur" correspondant à "faiseur de miracles". Et de quoi qu’on y cause alors dans cet ouvrage/titre, hein ? On y parle d’Alvin Maker (Le Faiseur), le septième fils d’un septième fils (traduction du titre de l’album) qui naquit avec le don d’ubiquité et la capacité d’utiliser la magie dans une réalité alternative. Le chiffre sept est pour les Hébreux et dans la Bible celui de la perfection. Dans les légendes anciennes, le septième fils d’un septième fils est censé avoir des pouvoirs extraordinaires et des pouvoirs magiques de guérison.
 


 


"The Clairvoyant"

Selon Steve Harris, cette chanson est inspirée par la mort de Doris Stokes (1920-1987). Auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, elle se disait elle-même médium et a été une figure britannique jusqu’à sa mort, avec de nombreuses performances télévisuelles. Le bassiste, pragmatique, s’interrogea après le décès de Doris Stokes sur le fait que si elle était vraiment capable de voir le futur, n’avait-elle justement pas été en mesure de voir sa propre mort ? A noter également, la phrase suivante dans la chanson où est évoqué “ the maker”, le créateur dans la chanson mais clairement une allusion à Alvin le Faiseur du roman Seventh Son. Selon l'expression anglaise, « To meet one's maker » signifie « rencontrer son créateur », donc trépasser.

“There's a time to live and a time to die / When it's time to meet the maker

« Il y a un temps pour vivre et un temps pour mourir / Quand est venu le moment de rencontrer le créateur. »
 


 


Et pour clore ce septième chapitre, la vidéo de "Can I Play With Madness"  où l’on peut noter la présence d’un membre des Monty Python, Graham Chapman, dont c’était la dernière apparition filmée et où il joue le rôle d’un professeur d’arts plastiques sermonnant un élève qui dessine Eddie dans une reproduction d’abbaye lors d’une excursion. Malade lors du tournage, il mourut un an après, en 1989. On sait le culte porté par IRON MAIDEN à la troupe des Monty Python, le morceau "Always Look On The Bright Side Of Life" ("Toujours voir le bon côté des choses" en VF) étant lancé dans la sono à la fin de chacun de leurs concerts, une chanson tirée du film La Vie de Brian sorti en 1979.



« Iron Maiden » (1980)
« Killers » (1981)
« The Number Of The Beast » (1982)
« Piece Of Mind » (1983)
« Powerslave » (1984)
« Somewhere In Time » (1986)

 

Photos – Source : Wikipedia Creative Commons

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications

2 commentaires

User
Steph BERMOND
le 02 mars 2019 à 16:27
Encore merci pour ces informations.... cool
User
Bertrand Augé
le 10 mars 2019 à 13:21
Oui, merci, pour ces chroniques où l'on s'aperçoit de la richesse culturelle de chaque membre du groupe. Je regrette l'absence d'"Infinite dreams", ma chanson préférée sur cet album dont le break central a inspiré celui de "The Book Of Souls". Vivement la suite :)
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