Honte sur moi, je suis passé à côté de l'excellente première galette des Islandais SINMARA sortie il y a déjà cinq ans. Je n'ai que tardivement posé mes deux oreilles sur ce condensé de black metal complexe et hypnotique, un bloc massif et dissonant qui n'a fait qu'une bouchée de mes pauvres cochlées avec ses rythmiques addictives. Du coup, l'annonce de la sortie de « Hvísl Stjarnanna » il y a quelques mois par le label suédois Ván Records m'a fait l'effet d'une bombe. Impossible de passer en temps et en heure à côté de ce deuxième album du quintet de Reykjavik, non, pas deux fois.
Composé en large partie du même line-up qu'ALMYRKVI, autre formation islandaise qui a posé ses valises chez Ván Records, SINMARA cultive ce sens inné du riff froid et précis qui claque tel le blizzard sur les joues rougies et ces mélodies sombres qui plongeraient presque huit siècles plus tôt l'auditeur médusé en pleine saga des Sturlungar. D'ailleurs "Apparitions", qui ouvre ici les hostilités, en est un parfait exemple : véritable monstre aux multiples tempos ciselés, celui-ci consume tout sur son passage dans une ambiance de fin du monde. Bourré d'accélérations abruptes et envoûtantes, la violence de son propos n'a d'égal que la mélancolie puissante qu'il injecte dans chacun de ses riffs. Un petit chef d'oeuvre qui trace la voie pour "Mephitic Haze", tiré du même tonneau. Celui-la même qui tutoie les sommets des volcans avec ses mélodies glacées dont seuls les habitants de ces terres ancestrales ont le secret. A moins que ce ne soit aussi ces "Crimson Stars" et "The Arteries Of Withered Earth", montagnes russes rythmiques qui broient, malaxent et écrasent autant qu'elles enivrent et envoûtent : impossible de résister au charme glacé de ces embardées épiques !
Presque cinq ans se sont donc écoulés et SINMARA célèbre son retour avec un album étourdissant, tout en nuances. Moins dissonant, obscur et ténébreux que son prédécesseur, « Hvísl Stjarnanna » se montre plus posé, moins immédiat. Ce qui ne l'empêche pas d'exceller dans des parties de guitares acérées doublées de tempos bouillonnants, le tout restant toujours habité par ce sens de la mélodie pointu. L'affaire est entendue : le groupe monte encore d'un cran dans la hiérarchie métallique islandase. Il se bonifie comme un grand cru au fil des années, aidé dans sa quête par une production dense et profonde, signée des studios Emissary. Ceux-là même qui ont vu passer la fine fleur de la production locale, de SVARTIDAUÐI à ZHRINE en passant par DYNFARI. Un gage de qualité indéniable qui souligne l'excellence de son propos.
Il va falloir se retrousser les manches du côté de la concurrence en 2019 pour égaler un tel monument, c'est moi qui vous le dis !