Le groupe de black metal norvégien KAMPFAR nous avait habitués à des sorties d'albums plutôt régulières depuis sa première démo en 1995. Mais lorsque le silence radio s'est installé 2 ans après la sortie de « Profan » en 2015, il a semblé que c'était la fin de ses bons et loyaux services. C'était sans compter sur son envie de partager sa rage et son (dés)espoir.
Alors quoi de neuf chez KAMPFAR version 2019 ? Tout d'abord un logo épuré, sans fioritures, probablement marque d'une volonté de retour à l'essentiel. Et puis, l'artwork de la pochette, une peinture de Rubens, la Tête de Méduse. Sans rentrer dans des interprétations aléatoires, cela change des paysages nocturnes, des personnages mystérieux ou des têtes de boucs. Pour le reste, « Ofidians Manifest » est indubitablement un album de KAMPFAR avec toutes les caractéristiques propres au groupe.
Après les cris stridents de l'intro, les premières notes de "Syndefall" révèle la voix toujours aussi rageuse et incisive de Dolk sur des riffs de guitares tout aussi tranchants. Mais rapidement la fureur du morceau laisse place à une réelle progressivité et un tempo plus lent, surmonté de touches légèrement punk. "Ophidian" me fait penser à la chanson "Norse" par son côté sombre et son chant incantatoire, même si le rythme est beaucoup plus modéré. L'inquiétant, limite angoissant "Dominans" avec la voix d'Agnete Kjølsrud en guest, campe une ambiance maléfique presque abjecte.
Que les frissons s'emparent de vos chairs ! Seul un titre brut comme "Natt" pouvait nous faire sortir de notre torpeur grâce à des rythmes musclés, des riffs rapides et des chœurs épiques typiques de KAMPFAR. "Eremitt" est quant à lui plus thrash voire punkisant à nouveau, mais surtout très progressif et d'une grande variété dans sa structure. Les vocaux se veulent plus déchirants que jamais et le piano d'outro conclut le morceau dans une lourde noirceur. "Skamløs!" fait la part belle aux riffs acérés et aux rythmes endiablés. "Det Sorte" quant à lui commence sur une intro à la guitare acoustique pleine de mélancolie pour enchaîner sur des riffs froids et la voix hurlée de Dolk sur fond très atmosphérique.
Le pur black metal fait ensuite place à un break au piano puis une seconde partie de morceau très éthérée et pleine de complainte. « Ofidians Manifest » se termine sur une partie au violoncelle et piano, splendide de tristesse.
KAMPFAR n'est donc pas mort et nous prouve bien au contraire que le groupe est toujours un digne représentant de la scène black metal norvégienne. Il semble qu'il soit reparti pour 25 ans de carrière supplémentaire, au moins !