
Ça commence comme du Satriani... mais ce n'est pas Satriani ! C'est FRACTAL UNIVERSE, un groupe originaire de Nancy et composé de Vince Wilquin à la guitare-lead et au chant, Hugo Florimond à la guitare-lead, Valentin Pelletier à la basse et Clément Denys à la batterie. Et autant ne pas se mentir, la musique d'acompagnement de reportages consacrés aux sports automobiles, ce n'est pas le genre de la maison ! Non, ici nous marchons plutôt sur les plates-bandes de groupes comme ATHEIST ou CYNIC, soit du death de très haut niveau technique. Deuxième album de la formation après « Engram Of Decline » sorti en 2017 (sans oublier un EP, « Boundaries Of Reality », commercialisé deux ans plus tôt), « Rhizomes Of Insanity » est publié par Metal Blade Records, rien que ça ! Et là, on se dit qu'il doit y avoir du potentiel chez nos p'tits gars car être signé sur le légendaire label de Brian Slagel au bout d'un disque (et d'un EP, j'y tiens !), ce n'est pas si courant en France !
Pas la peine de tourner autour du pot (ou plutôt du pit !), ce « Rhizomes Of Insanity » est une petite bombe ! Concept-album basé sur la folie, le disque nous entraîne dans une arabesque de rythmes asymétriques et de soli chiadés qui, s'ils témoignent d'une belle maîtrise instrumentale, n'en demeurent pas moins les fondements d'une musique mûrement réfléchie, musique dont le maître-mot pourrait être "cohérence". La précision est d'importance tant l'avènement du djent a contribué à l'essor de groupes certes doués techniquement parlant mais dont les compositions frôlent souvent l'indigence. Les Nancéiens ne mangent pas de ce pain-là, et s'ils ont décidé de consacrer leur carrière à la pratique d'un genre exigeant, n'en sont pas moins d'habiles songwriters, aussi à l'aise dans l'instauration d'ambiances psychédéliques (on pense parfois au FLOYD) que dans l'élaboration de passages violents et schizophréniques. Les bougres font même preuve d'une maturité étonnante au regard de leur jeune âge.
Vous aurez donc compris que FRACTAL UNIVERSE sait distiller sa brutalité avec parcimonie. Flirtant plus qu'à leur tour avec le prog', les Lorrains jouent sans cesse les équilibristes et n'hésitent pas à marier des passages atmosphériques à des fulgurances death et des patterns jazzy, et tout cela dans un seul titre ! Le chant de Vince Wilquin est à l'avenant et passe allègrement de la voix susurrée aux growls les plus brutaux, en passant par le chant crié. Cette incessante schizophrénie peut d'ailleurs être rédhibitoire pour certains, en particulier ceux qui apprécieraient que la tension générée par des montées en puissance sublimes (tous les morceaux) ne retombe comme un soufflé, la faute à un break inattendu (tous les morceaux aussi !). Ceci étant dit, ce « Rhizomes Of Insanity » possède tellement de classe qu'il ne peut laisser indifférent. Il pourrait même être l'élément déclencheur d'une carrière à la GOJIRA pour des musiciens qui, c'est notable, ont énormément de choses à dire. Vivement la suite !