15 octobre 2019, 21:00

BLUT AUS NORD

• "Hallucinogen"

Blogger : Clément
par Clément
Album : Hallucinogen

Et de treize ! Avec ce dernier album glissé au fond de sa besace, l’entité de Mondeville reste fidèle à son rythme de sortie d’un album tous les deux ans en presque vingt-cinq années d’existence. Chapeau bas et d’autant plus bas que la qualité, haute, est une nouvelle fois au rendez-vous sur « Hallucinogen ». Une évidence pour certains, son black metal étant inscrit au panthéon du genre avec sa trilogie épique « Memoria Vetusta » ou le mythique « The Work Which Transforms God », un défi à relever pour d’autres puisque BLUT AUS NORD se fait une joie de brouiller les pistes après un « Deus Salutis Meæ » trempé dans le goudron. Son maître à penser, Vindsval, accompagné de son fidèle homme de main, WD Feld, excellent d’ailleurs dans leur capacité à surprendre l’auditeur depuis la création du groupe. Des débuts glaciaux et obscurs qui ont bercé son début d'existence sur « Ultima Thulée » en passant par la dark ambient cauchemardesque de "Mort" aux les dissonances fantomatiques de son autre triptyque « 777 », le duo ne s'est jamais fixé la moindre limite. A quoi bon d'ailleurs ? Au sein d’une scène metal trop souvent conservatrice, BLUT AUS NORD a fait de chacune de ses oeuvres un pied de nez à l’immobilisme, faisant frémir les moustaches des plus ronchons au passage. Cette posture d'agitateur permanent, sa fascination pour les ténèbres qu’il parcours dans le moindre recoin à coup d’artifices indus’ ou ambient à chacune de ses plongées, c’est bel et bien sa marque de fabrique, son contrat de confiance. Qu’il assure sans faillir depuis 1994.

L’on ne sait donc trop à quoi s’attendre au moment d’enfourner « Hallucinogen » dans le mange-disques. Il faut dire que derrière son titre et sa pochette fleurant bon la trance goa des années 90, ce treizième maléfice a de quoi interroger. Mais les apparences sont trompeuses et les doutes rapidement dissimulés dès les premiers riffs de "Nomos Nebuleam" puisque c’est ici le BLUT AUS NORD en côte de mailles, épée dans une main et hachette dans l’autre, que l’on retrouve avec un vil plaisir. Le grand barnum post-apocalyptique de « Deus Salutis Meæ » est bien passé à la trappe, place ici aux ambiances majestueuses, aux envolées cosmiques qui ont fait et font toujours de ce duo un artisan inimitable et reconnu. Qui signe ici un retour aux sources épiques et païennes de « Memoria Vetusta », doublée d’une sensation d’apesanteur renforcée par une production profonde, entière. Les chœurs font aussi un comeback remarqué, plus lumineux et habités que jamais, comme pour annoncer la bonne parole à qui veut bien l’entendre : « Il est de retour. Il est vivant ! ».

Et le moins que l'on puisse dire c'est que le bougre a toujours le chic pour brosser ces atmosphères mélancoliques comme sur ces « Nebeleste » et « Anthosmos » magiques, trousser des mélodies poignantes sur un « Sybelius » à vous en coller la chair de poule. Quelques relents post-rock hérités de l'autre projet du duo,YERUSELEM, surgissent ci et là pour aérer le propos (le final aérien "Cosma Procyris") alors qu’à certains moments c’est la cavalerie slave des vieux DRUDKH qui flotte sur certaines parties superbement musclées ("Mahagma" et l’ouverture de "Nomos Neblueam", tous deux imparables). BLUT AUS NORD c’est tout cela et plein d’autres choses encore sur ce nouvel album ouvert aux influences multiples, témoins d'une richesse de styles et de rythmiques qui font de lui un être insaisissable, malicieux, libre : un être hallucinant !

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK