Non, non et non, en Australie, il n’y a pas que des kangourous, nous vous l’avons déjà dit. Et l’occasion nous est donnée aujourd’hui de mettre en lumière CALIGULA'S HORSE, groupe originaire de Brisbane, formé en 2011, et qui possède déjà cinq albums au compteur. « Rise Radiant », que nous allons évoquer étant le dernier en date. Petite séance de rattrapage pour ceux qui ne les connaitraient pas.
Le guitariste et compositeur Sam Vallen et le chanteur Jim Grey étaient à la base les deux seuls membres du groupe, mais au vu du succès rencontré lors de la sortie du premier album, « Moments Of Ephemeral City », ils ont recruté d’autres musiciens pour assurer les concerts. Après quelques changements de line-up, le second guitariste Adrien Goleby les a rejoints en 2017, le batteur Josh Griffin en 2016 et le bassiste Dale Prinsse en 2019. Ils évoluent dans un registre metal/rock progressif mélodique, teinté de touches de djent, qui n’est pas sans rappeler HAKEN ou LEPROUS. La carrière du groupe a réellement commencé à décoller avec son troisième album, « Bloom », et la signature sur le label InsideOut Music. S’en est suivi en 2017 un excellent disque, « In Contact », qui a vu le groupe franchir un nouveau palier qualitatif.
« Rise Radiant » poursuit les explorations artistiques du quintet, entre douceur et rage, luminosité et noirceur, complexité et musicalité. La voix de Jim Grey, très claire, voire aigue, est remarquable par sa faculté à vous transporter dans des univers émotionnels variés. Plus proche dans sa tessiture de Ross Jennings (HAKEN) que d’Einar Solberg (LEPROUS), le chanteur possède toutefois un large registre et une diction parfaite, collant au rythme saccadé de certaines chansons ("Slow Violence"). Le duo basse/batterie, hyper groovy et bien structuré, syncopé parfois ("Oceanrise"), assure une dynamique puissante ("The Tempest", "Slow Violence", "Valkyrie"). Les guitares sont virtuoses, créatives ("The Ascent"), originales, tranchantes et acérées ("The Tempest", "Oceanrise") mais aussi merveilleusement jazzy (le superbe pont de "Salt").
Au milieu de cette lumineuse énergie, on trouve également deux pépites de douceur poétiques qui invitent à la contemplation, les deux superbes ballades, "Resonate" et "Autumn", portées par la voix caressante de Jim. "Valkyrie" vaut à elle-seule le détour tant cette composotion est exceptionnelle : rythme djent saccadé, refrain archi-mélodique et addictif, solo de guitare inspiré, et un vocaliste talentueux démontrant qu’il a trouvé sa propre personnalité, sa propre interprétation, juste et émouvante, puissante et profonde. La complexité prog' est bien présente ("The Ascent"), mais CALIGULA'S HORSE a toutefois raccourci son propos, hormis sur cette dernière chanson qui dépasse les dix minutes. Dix minutes, qui, soit dit en passant, ne se font pas sentir, tant les ambiances sont variées et plaisantes. Mais les sept autres pistes sont bien plus courtes et concises, et par conséquent, plus directes, plus accessibles, que sur leur précédents albums.
Produit par le guitariste Sam Vallen et mixé par le célèbre Jens Bogren (OPETH, DEVIN TOWNSEND PROJECT, LEPROUS, HAKEN...), « Rise Radiant » est un album abouti, mélodique, inspiré et poignant. Tout en finesse et très poétique, la musique de CALIGULA'S HORSE charmera les amateurs d’ambiances variées et multicolores, tout à la fois introspectives et féroces. Les thèmes abordés sont centrés sur la confiance en soi, la renaissance, la prise de conscience que l’homme ne doit sa survie qu’à sa volonté de se battre. En cette période de questionnement intense, ces mots ne peuvent que résonner en nous. Doté d’une très belle pochette au graphisme bucolique, présentant un cerf à côté d’une rivière, levant la tête vers le sommet de la montagne qui lui fait face, « Rise Radiant » invite à prendre son courage à deux mains pour gravir le sommet de cette montagne. Et pouvoir, du sommet, contempler la vue et le chemin accompli. Une belle métaphore pour le cheminement personnel de chaque être humain. Ne pas se décourager, et continuer à avancer, quelle que soit la difficulté du sentier, car au sommet, l’air est plus pur, les couleurs sont plus franches et la lumière plus intense.
