1 octobre 2020, 19:00

IRON MAIDEN

• "No Prayer For The Dying" (1990 - Retro-Chronique)

Album : No Prayer For The Dying

Nous sommes (déjà !) en 2020 et cet album fête ses... 30 ans !

Premier de cordée en termes de division des fans après une adhérence ultime et unanime pour toutes les sorties discographiques du groupe durant ses First Ten Years (soit de 1979 à 1989), « No Prayer For The Dying » ne se contente pas d’être l’album d’IRON MAIDEN où il n’y a désormais plus le guitariste Adrian Smith. Ce dernier est parti dans les prémices de sa création pour divergences artistiques, bien que le bassiste Steve Harris ait indiqué que le guitariste n’était plus impliqué à 100%, condition sine qua non pour rester dans le groupe (et on en parle de l’année 86 qui voit Bruce Dickinson se faire recaler avec ses compositions acoustiques, tout en restant en retrait total dans le groupe, on en parle hein ?! Argument recalé ‘Arry !!!). C’est aussi celui qui marque un tournant, une chute presque libre (soyons honnêtes) pendant les dix années qui vont suivre. Mais là n’est pas le sujet. Essayons plutôt d’autopsier le mourant et de remettre en exergue le contexte de sa parution, le 1er octobre 1990. « J’appelle à la barre l’avocat de la défense ! »

« No Prayer For The Dying », neuvième livraison discographique d’IRON MAIDEN, sort alors que le mouvement grunge est en train de prendre son essor. Il entérine surtout l’arrivée dans les rangs de la formation anglo-saxonne d’un nouveau guitariste, Janick Gers (ex-GILLAN, WHITE SPIRIT et acolyte du sieur Dickinson sur son premier effort solo, « Tattooed Millionaire »), des éléments à ne pas négliger lorsque l’on est un groupe établi tout en haut de l’échelle "metalimentaire", en proie à quelques turbulences et qui souhaite maintenir sa vitesse de croisière. Désireux de trancher radicalement avec l’orientation sonore synthétique de ses deux précédents albums, le groupe qui serre les rangs autour de son bassiste et leader Steve Harris, va donc prendre le contrepied total de sa récente démarche en proposant un album qui fleure bon le terroir du rock'n'roll "à l’ancienne". Fender, Marshall, jeans baskets et « En Avant Guingamp ! » Pour cela, il demande à son producteur Martin "The Bishop" Birch de lui concocter un son brut (The Bishop signifie "l’évèque" en français, un surnom attribué pour cette livrée 1990 et une private joke ancrée depuis un bon moment déjà). Pour cela, le quintet s’installe chez Harris en utilisant l’ancienne grange de sa propriété située dans l’Essex et fait venir le studio mobile Rolling Stone, un complexe d’enregistrement sur roues appartenant aux pierres qui roulent comme son nom l’indique et qui a servi (et servira encore de longues années) à de nombreux groupes pour capter des prestations live la plupart du temps. C’est aussi la première fois depuis longtemps qu’IRON MAIDEN enregistre dans son pays d’origine, après s’être expatrié auparavant aux Bahamas, à Jersey voire aux Pays-Bas.

Intervient également un changement de maison de disques outre-Atlantique, la Vierge de Fer signant chez Epic Records alors qu’elle était précédemment chez Capitol (une édition vinyle rouge sang sera exclusive au territoire US) tout en restant chez EMI pour le reste du monde. En dépit du fait qu’en 2020, il est perçu comme un album mineur par nombre d’observateurs, bienveillants ou non, « No Prayer For The Dying » se classe tout de même numéro 2 à sa sortie en Angleterre et reçoit une certification or aux Etats-Unis. Et ces états de service ne sont pas usurpés, le disque comptant des chansons enlevées à l’image de "Tailgunner", le titre éponyme ou la très rock "Hooks In You" cosignée par le hit success binôme Bruce Dickinson - Adrian Smith, dernier adieu (ce n'est qu'un au revoir mes frères...) avant son départ. Côté rock toujours, on retient bien sûr le morceau "Bring Your Daughter... To The Slaughter" (à écouter ci-dessous), écrit initialement pour la bande-originale du long métrage A Nightmare on Elm Street 5: The Dream Child, cinquième déclinaison sortie sur les écrans en 1989 de la franchise de films d’horreur ayant pour personnage principal Freddy Krueger. Composée selon le chanteur « en trois minutes » (sans doute a-t-il de lointaines parentés marseillaises), sa version diffère largement de l’approche effectuée sur le disque par MAIDEN avec notamment plus de groove appuyé par une basse bien ronde, des chœurs prédominants sur le refrain et un phrasé de chant plus lancinant. Or, Harris flaire le hit à plein nez et décide de se réapproprier le morceau pour l’inclure sur l’album. Le bougre a l’odorat développé car il devient instantanément un moment fort des concerts sur lesquels il sera joué, lors de la tournée « No Prayer On The Road » en particulier, où la participation du public est requise et se voit promu au rang de single, atterrissant à la première place des charts anglais. A noter que la pochette sera l’une des dernières illustrations réalisées pour un album que signe Derek Riggs seul, jusqu’ici préposé à toute l’imagerie, singles, tour-books et t-shirts inclus. La version parue en 1998 se voit revisitée par Hugh Gilmour ainsi que vous pouvez le constater ci-dessus. Sur cette version, l’inscription « After the daylight, The night of pain, That is not dead which can rise again » figure sur une plaque et se traduit par « Après la lumière du jour, La nuit de la douleur, Ce qui n'est pas mort peut ressusciter » et est probablement une référence indirecte à la pochette de l’album « Live After Death » où l’on voit Eddie sortir de terre avec, inscrit derrière lui sur sa pierre tombale, une inscription empruntée à H.P. Lovecraft « That is not dead which can eternal lie (…) ».


 


​Si vous souhaitez approfondir la connaissance de ce disque, je vous invite en cliquant sur son titre à lire l’article qui lui a été consacré l’an dernier (tous les albums du groupe y ont eu droit par ailleurs) pour la série Please Professor Maiden, Teach Me et qui s’attarde sur les diverses références culturelles de chaque album.

Pour aller plus loin :

Oh que voilà une tâche ingrate pour votre serviteur...  Allez, on va choisir un album de chaque chanteur et/ou décennie, histoire d’être (un peu) objectif. Et ce n’est pas une mince affaire, croyez-moi !

« Iron Maiden » (1980) : à l’écoute du riff de "Prowler", tu te prosterneras…
« Seventh Son Of A Seventh Son » (1988) : parce qu’il faut vraiment se justifier pour celui-là ?
« The X Factor » (1995) : sauvé par le signe de la croix ! J’exagère car il mérite bien plus que ce à quoi il se voit réduit.
« Brave New World » (2000) : à l’écoute du riff de "The Wicker Man", tu te prosterneras… encore.
« The Final Frontier » (2010) : le metal progressif poussé à son paroxysme pour un gang so heavy metal.
 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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