20 octobre 2020, 18:54

Eddie Van Halen

• Souvenirs, souvenirs…


Quatorze jours après la disparition d'Eddie Van Halen des suites d'un cancer à la gorge, les hommages à celui qui a marqué de façon indélébile le monde de la guitare rock continuent d'affluer et les documents d'époque et autres images d'archives de remonter à la surface. Petit condensé non chronologique aux airs d'inventaire à la Prévert, juste pour le plaisir de partager, entre fans, le souvenir de l'immense EVH. 


Nuno Bettencourt, guitariste d'EXTREME, raconte que peu de temps avant la pandémie, alors qu'il enregistrait ses parties de guitares pour le prochain album de son groupe dans son home studio, il a reçu la visite inopinée d'Eddie. « Il était en pleine forme. En fier papa, il m'a dit que l'album solo de Wolfie (Wolfgang, son fils, qui a remplacé le bassiste Michael Anthony au sein de VAN HALEN) était génial. Mais ce qui est cool, c'est la dernière chose dont il m'a parlé. Il m'a raconté qu'il était tout excité d'avoir recontacté Michael Anthony pour remonter enfin le line-up originel de VH. Il m'a expliqué qu'il voulait faire une ultime tournée pour que VAN HALEN s'en aille comme le groupe était arrivé : en apothéose !
Juste avant de repartir, il m'a demandé où en était le nouvel album d'EXTREME que nous enregistrions chez moi. Nous nous sommes dit au revoir et il m'a lancé : “
Je reviendrai l'écouter quand vous l'aurez fini. Il a intérêt à être bon !” avant d'éclater de rire. 
J'étais comme un gosse, je comptais les jours qui me séparaient du moment où je pourrais écouter le nouvel EXTREME à fond dans le studio, assis côte à côte avec Mon Héros, le Plus Grand de Tous les Temps, avec l'envie égoïste de lui faire découvrir toutes les parties de guitare qui portent la marque indécente mais fière de l'influence qu'il a eu sur ma façon de jouer. 
Ça n'est jamais arrivé.
C'est incroyable à quel point, en tant que jeune musicien, ton jack est le cordon ombilical qui te relie intimement à quelqu'un que tu ne rencontreras sans doute jamais, peut-être encore plus qu'à aucun membre de ta famille.
(…) Cette personne est là pour toi 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Comme l'était Eddie… et comme il le sera toujours.
Merci d'avoir fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
Toutes mes amitiés, Edward.
Tu es UNIQUE. »


• En 1998, le maestro accueille l'équipe de MTV au 5150, son home studio californien, à Studio City, où ont été enregistrés tous les albums du groupe depuis « 1984 ». Tout en leur faisant faire le tour du propriétaire, il multiplie les anecdotes. On apprend, entre autres :
- que pour obtenir le permis de construire, afin de passer outre les lois de zonage en vigueur, il a dû déclarer au conseil municipal qu'il construisait un court de racquetball.
- qu'il ne porte jamais de casque pour enregistrer parce qu'il déteste le sentiment d'isolement que cela lui procure et qu'il aime « avoir les poils des bras qui bougent » avec le souffle.
- qu'il a composé l'intégralité de l'album (vraisemblablement « Van Halen III » avec Gary Cherone, compte tenu de la date) assis sur ses toilettes… qui sont équipées d'une table de mixage.
- qu'il faudra qu'un jour, il prenne le temps d'écouter les centaines de cassettes numérotées qui trônent sur les étagères sur lesquelles il a enregistré des idées et des riffs depuis la création du 5150. Et que, par exemple, sur une de celles étiquetée “1983”, se trouve “Right Now”, composé avant “Jump” mais finalement enregistré sur « For Unlawful Carnal Knowledge » (1991).
- qu'il attribue le côté « tordu et peu orthodoxe » de son jeu au fait qu'il ne connaît pas le solfège, n'a jamais pris de cours de guitare et que pour lui, « il n'y a aucune règle ». Ce qu'il dira au principal de l'école de Wolfie, alors âgé de 7 ans, qui l'a convoqué après que ce dernier a lancé une citrouille sur son prof de musique (note : c'était l'époque d'Halloween) qui l'avait repris parce que, comme son père, il avait eu envie d'improviser plutôt que de suivre à la lettre les indications.


• Pour revenir brièvement au 5150, qui sera également le titre du premier album de VAN HALEN avec Sammy Hagar sorti en 1986, un problème de taille s'est posé au départ. L'antenne radio d'une station de sport d'une puissance de quelque 50 000 watts émettait en effet à quelques kilomètres de là. Pour éviter que les guitares HF d'Eddie ne captent les émissions et retransmissions, des ingénieurs ont installé une clôture en grillage enfouie tout autour du studio, créant ainsi une cage de Faraday qui empêche les ondes électro-magnétiques de pénétrer. 

• Début 1987, alors que Valérie Bertinelli, sa première épouse et future mère de Wolfgang, est invitée à jouer les présentatrices invitées de l'épisode 13 de la saison 12 de “Saturday Night Live”, célèbre rendez-vous américain en direct qui a beaucoup influencé celui, hebdomadaire, des Nuls au siècle dernier, G.E. Smith, guitariste “à poste”, convainc Eddie de jouer avec le groupe maison, ce qui n'était pas prévu au départ.

​Les deux hommes composent “Stompin' 8H”, clin d'œil au Stompin' 8H, studio new-yorkais où se tient l'émission depuis sa création. La répétition se passe à merveille, le direct “un peu moins” car le maestro fait une petite erreur à 2mn08…


Eddie fera également un cameo dans la sitcom “Mon Oncle Charlie” avec Charlie Sheen en 2009. Drôle d'endroit pour une rencontre… mais c'est vrai que les toilettes sont vraisemblablement un lieu très inspirant pour le cadet des Van Halen. 


• Le 30 juillet 1985, le guitariste dépose un brevet pour un « support d'instrument musical » pour le tapping à deux mains. Ce dernier dispose d'une plaque, fixée à l'arrière de l'instrument, permettant au musicien d'être totalement libre de ses mouvements. Le brevet a expiré en 2005, mais les documents sont visibles en cliquant sur ce lien. Quant au dessin qui détaille l'invention, il est signé Eddie.
 


Il déposera deux autres brevets, un pour une tête de guitare, l'autre pour « instrument à cordes avec contrôle de tension des cordes réglable ».

• En 2006, EVH compose et enregistre deux morceaux, “Rise” et “Catherine”, pour Sacred Sin, un film X réalisé par un certain Michael Ninn. « Je collabore avec un ami, c'est aussi simple que ça, expliquera-t-il à ceux qui s'interrogent. J'aime son travail. Michael Ninn est une espèce de Spielberg pour moi : ses images, son rendu, c'est… sensuel ». Quand on vous dit que la guitare est un instrument phallique…
 




• Le 25 mars 1979, VAN HALEN est en plein “Vacation Tour” et se produit à Fresno en Californie. Un document d'époque, restauré certes, mais dont on excusera volontiers les piètres qualités visuelles pour vivre la magie EVH, en direct il y a 41 ans… 


• Avance rapide. Le 4 octobre 2015, VAN HALEN donne ce qui sera son ultime concert au Hollywood Bowl de Los Angeles. Le voici dans son intégralité, avec le son enregistré depuis la table de mixage.


Dimebag Darrell, guitariste de PANTERA et de DAMAGEPLAN abattu sur scène en décembre 2004, était un immense fan d'Eddie. Il lui avait dit un jour qu'il adorait la Bumblebee noire et blanche qui figure au dos de la pochette du second album de VAN HALEN, parce qu'en plus, elle portait ses deux couleurs préférées. Eddie avait prévu de lui en faire une copie, mais c'est finalement l'originale qu'il a placée dans son cercueil. « Dime était un original et seul un original mérite l'originale » dira-t-il alors.


• Les 4 et 5 décembre prochains, deux des guitares du Maître seront mises à la vente aux enchères sur le site Julien's Auctions, dans le cadre du “Icons & Idols: Rock 'N' Roll” : une EVH Charvel Art Series de 2004, ainsi qu'un modèle customisé qu'il a créé en 1991 avec Matt Bruck, son road guitar, toutes deux décorées de ses mains. Selon les spécialistes, elles devraient partir entre 40 000 et 80 000 dollars. Il vous reste un peu de temps pour jouer au Loto...
 


• Le lendemain de l'annonce du décès d'Eddie, Rob Flynn, frontman de MACHINE HEAD, lui rendait hommage en reprenant “Eruption”. « Rien ne sera jamais aussi bon que l'original, mais je vais continuer à essayer tous les jours, comme ces 30 dernières années, pour devenir aussi bon. »

Notre hommage
L'hommage des musiciens

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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