Foutue météo. Le vent souffle sans discontinuer. Une pluie de grêlons fend un épais brouillard poisseux. Et la peur, indicible mais pourtant bien réelle, s’empare de ce qui reste de lucidité. Voilà en quelques mots le tableau que l'on pourrait dresser à l’écoute de ce deuxième album des parisiens DEMANDE A LA POUSSIERE : un quatuor expert dans le troussage de paysages sonores brumeux qui dégagent une noirceur à fleur de peau. Ce qui n'est pas une surprise en soi, puisque son premier méfait (que vous retrouverez chroniqué en ces pages) avait déjà annoncé la couleur à sa sortie : du noir, du noir et encore du noir. C’est clair.
« Quiétude Hostile » se nourrit d’un black metal lancinant, pétri de sludge, lardé de doom, qui tombe comme un bloc de béton sur de pauvres esgourdes innocentes. Les riffs sont puissants, acérés, la batterie se révèle teigneuse, machiavélique. Et il ne faut que peu de temps pour que ce "Léger Goût de Soufre", titre approprié pour un démarrage à tombeau ouvert, lève le voile sur cette entreprise diabolique. Celui-ci donne d'ailleurs la teneur de ces cinquante minutes aux allures de plongée en eaux troubles : rythmiques torturées, vocalises passées au papier émeri, basse inquiétante, le groupe ne laisse aucun temps mort pour souffler jusqu’à un final, "Expiravit", terrassant. Voilà c’est cela « Quiétude Hostile », une expérience troublante ponctuée d’écrasants mid-tempos crasseux sur lesquels vient se greffer un enrobage black/doom des plus virils. Et qui assurera de nombreuses heures sombres à ceux et celles qui s'y fourvoieront.
Vous voilà donc prévenu. Si rien de tout cela ne vous effraie, prenez place à bord de ce train fantôme pour un aller simple vers un monde où crasse et noirceur se font du gringue sous l'oeil malveillant de conducteurs mal intentionnés, cela va de soi. L'artwork menaçant, signée Asphodel (chanteuse-schizophrène chez CHENILLE) vous aura de toute façon mis la puce à l'oreille : la folie rôde dans les parages.