26 septembre 2021, 14:51

ABORTED

Interview Stefano Franceschini

Blogger : Clément
par Clément

ABORTED vient de signer son grand retour avec un album tout en muscles, « Maniacult », sorti le 10 septembre chez Century Media Records. Mené à la baguette depuis maintenant vingt-cinq ans par son charismatique vocaliste, Sven de Caluwé, le groupe a retrouvé la puissance et le doigté qui le caractérisent après un « Terrorvision » plus expérimental. Stefano, bassiste du groupe depuis 2016, a pris le temps avec HARD FORCE de faire le point quelques jours avant la sortie de ce onzième album de haute volée...


Bonjour Stefano, quel est ton état d’esprit à quelques jours de la sortie de ce nouvel album d’ABORTED ?
Bonjour Clément, c’est assez simple : je suis très confiant (rires) et aussi ravi de voir que ce nouvel album récolte déjà de très bons retours, aussi bien de la part de la presse que des fans qui ont pu découvrir de premiers extraits ces dernières semaines. Mine de rien cela fait déjà trois ans que « Terrorvision » était sorti et nous étions impatients de pouvoir vous présenter à quoi ressemble ABORTED en 2021.

Le temps passe vite en effet, cela fait d’ailleurs maintenant cinq ans que tu as rejoint le groupe...
Oui, déjà cinq ans ! C’était une opportunité à côté de laquelle je ne pouvais pas passer et cela représente aussi un aboutissement pour moi, en tant que musicien. Tu sais, j’étais déjà un grand fan d’ABORTED avant de rejoindre le groupe, son nom était associé à l'un des ambassadeurs les plus estimés au sein de la scène brutal death. Ensuite tous les concerts que nous avons joués ensemble, toutes ces journées partagées à distance pour répéter puis enregistrer en studio, sont autant de moments forts que je n’oublierai pas de sitôt. Chacun des membres m’a accueilli avec enthousiasmeet cela m’a permis de m’intégrer rapidement dans le line-up. Cette amitié naissante s’est affirmée par la suite, lors de la tournée avec SEPULTURA et KREATOR ou à l’occasion de notre concert au Motocultor, ce sont des souvenirs incroyables !

A ce sujet, tu affiches déjà une solide expérience en tant que musicien chez HIDEOUS DIVINITY, es-tu encore un membre à part entière du groupe depuis ton arrivée chez ABORTED ?
Oui, je tiens toujours la basse chez mes amis HIDEOUS DVINITY ! En fait, lorsque j’ai rejoint ABORTED j’ai été très clair avec eux sur le fait que cela serait ma nouvelle priorité sur les tournées, notamment. Cependant les dates avec ce dernier sont souvent planifiées longtemps à l’avance ce qui me permet de planifier du temps pour répéter et enregistrer avec HIDEOUS DIVINITY. Jusqu’ici rien à dire, la cohabitation se passe à merveille (rires).

Sur le dernier EP du groupe, « LV-426 », figure une reprise surprenante de "Deilirum Trigger" de COHEED AND CAMBRIA...
En effet ! Nous cherchions une reprise qui soit en lien avec le film Alien et ce morceau, que nous apprécions tous, avec ses lignes mélodiques de toute beauté se prêtait parfaitement à l’exercice. Du coup, la version que nous avons retravaillée est assez éloignée de l’originale sur les rythmiques et pourrait même être considérée comme un morceau à part entière d'HIDEOUS DEVINITY ! Le plus drôle dans l’histoire, c’est que les membres de COHEED AND CAMBRIA ont pu écouter cette reprise musclée... et ils nous ont dit qu’ils l’adoraient ! Voilà qui est une belle récompense pour nous...

Revenons au nouvel album d’ABORTED, celui-ci possède un côté percutant, sauvage tout en négligeant ni les mélodies ni les ambiances...
Je suis d’accord, j’ai envie de te dire que ce disque représente la synthèse idéale de nos trois, quatre derniers albums. Tu y retrouves un côté "old-school" avec des riffs très typiques de l’époque, qui lorgnent parfois sur le black metal comme c'était le cas sur « Terrorvision », qui croisent le fer avec des ambiances très sombres. Mais aussi ce côté très heavy, moderne qui contrebalance cela comme sur "Dementophobia" par exemple. Ce morceau est d’ailleurs une véritable ode au headbanging ! Pour résumer, « Maniacult » sonne peut-être moins technique, plus direct, agressif et je te garantis que cinq ans après mon arrivée dans le groupe, je mesure bien l’évolution de notre son au fil des albums...

Tu évoques « Terrorvision », cet album affichait une volonté explicite d’expérimenter...
Oui, il possède un côté plus "progressif", moins porté sur l’agression que sur nos albums précédents. Des titres comme "Final Absolution" ou "Exquisite Covinous Drama" sont représentatifs de cette direction différente que nous avons empruntée lorsque nous nous sommes attelés à sa composition. Cela a peut-être pu dérouter certains de nos fans même si, dans l’ensemble, nous avons reçu de bonnes réactions à son sujet et que nous le considérons toujours avec une certaine fierté. Mais « Maniacult » ne constitue pas un virage abrupt lorsque je le compare à « Terrorvison », de nombreux points communs lient ces deux albums. C’est juste que nous avons mis l’accent sur le côté massif, puissant de l’ensemble pour donner une coloration différente à cette cuvée 2021 !

Et quels sont les thèmes abordés sur « Maniacult » ?
Nous abordons de nombreux sujets sur cet album : les maladies mentales, l’hystérie collective qui règne sur les réseaux sociaux, le stress de la vie quotidienne pendant la pandémie, les relations toxiques et la place de chaque individu dans une société de moins en moins ouverte, très repliée sur elle-même. Il y aussi des sujets plus "légers" comme l’influence qu’ont les films d’horreur sur les membres du groupe ou encore l’évocation de démons lovrecraftiens tous plus diaboliques les uns que les autres. Comme tu peux le constater, ABORTED n’est pas limité au seul domaine du gore !

Une nouvelle fois, de nombreux invités sont venus pousser la chansonnette sur cet album, c’est un peu la marque de fabrique d’ABORTED ?
Effectivement c’est une véritable tradition au sein du groupe que d’inviter d’autres vocalistes, death metal ou non, à apporter leur patte sur chacun de nos albums. Ce sont des amis, des personnes que nous connaissons depuis longtemps comme Joe de FIT FROM AN AUTOPSY ou Filip de HUMANITY’S LAST BREATH. D’autres sont des musiciens que nous apprécions pour leur performance studio, à ce titre Ryo de CRYSTAL LAKE, formation japonaise de metalcore, est une vraie bête de scène ! Chacun d’entre eux apportent une plus-value indéniable sur les morceaux pour lesquels ils interviennent. Cela fonctionne très bien et le fait qu’ils ne chantent pas comme Sven apporte une couleur riche, différente à l’album. Nous comptons donc bien continuer à perpétuer cette tradition avec d’autres invités sur nos prochains albums !


Comment faites-vous, au vu de vos provenances diverses (Belgique, Italie, Etats-Unis), pour travailler ensemble sur les compositions et les répétitions ?
Il faut tout d’abord bien avoir à l’esprit le contexte dans lequel nous évoluons, chacun d’entre nous : Sven est le seul membre du groupe à vivre en Belgique, Ken et Ian habitent en Californie, quant à moi je réside en Italie. Mais que ce soit avant ou pendant la crise de la COVID, nous n’avons rien changé à nos habitudes puisque nous travaillons tous déjà à distance. Pour cet album comme pour « Terrorvision », nous avons commencé par échanger quelques idées puis nos feedbacks sur la direction que prenait le disque. Une fois le processus suffisamment avancé, nous avons démarré la pré-production avec des morceaux structurés et le plus proche possible du résultat attendu, il nous suffisait ensuite de programmer la date d’enregistrement pour se retrouver tous ensemble en studio. A ce moment-là, les choses sont allés vite grâce au travail préparatoire effectué en amont. Ce qui est intéressant, c’est que cette courte période en studio donne un côté très spontané, très cash à l’ensemble. Tu peux d’ailleurs t’en rendre compte sur « Maniacult » ! Concernant les tournées, nous avons toujours fait le nécessaire pour être ensemble quelques jours avant pour répéter afin de peaufiner notre set. C’est assez simple... finalement (rires).

Vous avez à nouveau travaillé avec Pär Olofsson pour l’illustration de l’album , qu’est-ce qui vous plaît dans son travail ?
Sur « Necrotic Manifesto » et « Terrorvision », Pär a trouvé ce petit truc pour retranscrire à merveille l’ambiance de chacun de ces disques. Il y a un niveau de détails dans son travail qui force le respect, Il sait exactement ce qui nous trotte dans la tête, et ce, depuis notre première collaboration. Il utilise également une palette de couleurs impressionnante qui confère à ses travaux quelque chose qui accroche l’œil au premier regard. Notre collaboration est donc fructueuse et c’est un artiste brillant, à la personnalité attachante...

Projetons-nous un peu, comment te sens-tu à quelques mois de reprendre la route avec ABORTED pour une tournée européenne qui s’annonce intense en compagnie d’ACACIA STRAIN et BENIGHTED ?
Si tu savais comme j’attends cela depuis longtemps... je me sens rouillé et j’ai vraiment besoin de me défouler, de retrouver notre public pour lui proposer une prestation digne de ce nom ! Je me demande d’ailleurs dans quel état je serais à quelques jours d’embarquer pour cette tournée, émotionnellement et physiquement je veux dire. Peu importe en fait car jje sais que nous donnerons tout sur scène. J’ai trop hâte...

Ces derniers mots seront les tiens Stefano...
Un très grand merci à toi, Clément et à toute l’équipe de HARD FORCE. Nous avons tellement hâte de retrouver tous nos amis français sur la route, merci encore pour votre soutien inconditionnel, nous en avons besoin et, promis : nous serons bien au rendez-vous ! Ciao !
 


© Meserve Design | Century Media Records

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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