Derrière cet intrigant patronyme se cache un quatuor parisien, composé entre autres de membres actuels de PARLOR et OVTRENOIR, officiant dans un post-metal instrumental de première classe. Quatre larrons qui traînent leur bosse depuis plus de dix ans dans les bas-fonds de l’underground et qui signent avec « Gods » leur troisième réalisation. Pas de tromperie sur la marchandise puisque les deux disques précédents, « The Last Day » et « Sol » indiquaient déjà un certain potentiel pour un style riche, raffiné et mélancolique. Et le programme est ici une nouvelle fois réjouissant : sombres mélodies, riffs de plomb et production d'acier signée Francis Caste guident en effet l'auditeur tout au long des cinquante minutes que dure cette expédition dans des paysages tout en nuances. SaaR y fait hurler les cordes et frémir les peaux avec un certain doigté en créant des atmosphères parfois délétères, souvent prenantes, avec en toile de fond la quête périlleuse d’Ulysse et de sa célèbre "Odyssée".
Que ce soit dans la structure de ses compositions, l'alternance de rythmiques dures et de parties calmes, la basse clinquante, tout ici fleure bon la qualité. L’ombre du géant ISIS plane aussi tout du long de ce disque puisque ce metal instrumental sombre, presque mélancolique est avant tout une histoire d'ambiances, de celles éthérées et méditatives, qui se dévoilent avec justesse au casque et confortement drapé dans le silence. « Gods » est à ce titre une synthèse idéale de ce dont le groupe est capable à la fois sur des plans atmosphériques de toute beauté comme sur des embardées progressives métallisées de premier ordre ("Styx", "Bridge Of Death" en sont de bons exemples). Ce nouvel album est donc, à n’en point douter, une carte de visite idéale pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Les huit titres dispensés font d'ailleurs la part belle à un metal instrumental aérien, lorgnant parfois sur le doom, qui lâche en clôture le magnifique "Truth" sur lequel Julien Sournac (WOLVE) vient poser de superbes lignes de chant. Comme un au revoir adressé avec sérénité et bienveillance à l’auditeur chahuté par ce voyage de toute beauté. Et c'est certain, SaaR fait du bien par ou ça passe !