6 février 2022, 12:23

LEPROUS

@ Slemmestad, Norvège (Sekkefabrikken Kulturhus - Livestream)


Avec le retour de quelques concerts fin 2021, on se disait que la vie artistique allait finir par reprendre son cours normal. C’était sans compter sur le virulent virus, et surtout les décisions gouvernementales de pays européens qui en découlent ! Report et annulations à la pelle en ce début d’année, et on se demande si on va réussir à voir enfin le bout du tunnel... Alors, ce samedi 29  janvier 2022, pour se consoler des concerts qui disparaissent comme les mirages dans le désert du Sahara, retour sur le canapé, avec son plus beau costume de soirée – un pyjama moelleux, une paire de pantoufle et un plaid dans lequel se pelotonner – pour assister au livestream que LEPROUS a mis en place pour ses fans du monde entier qui n’ont pas eu la chance d’assister à la tournée anniversaire, hélas écourtée, de décembre dernier.

C’est certain et on ne le dira jamais assez, un livestream ne remplacera JAMAIS un vrai concert dans une salle à l’ambiance survoltée et le contact direct avec les musiciens. Cela s’appelle la chaleur humaine, et c’est précisément ce qui nous fait cruellement défaut depuis deux ans. Mais quelques musiciens, dont LEPROUS fait partie, ont choisi de ne pas se lamenter interminablement sur leur sort, et cherchent coûte que coûte à garder ce contact, fut-il par écran interposé, avec leurs auditeurs. Qu’ils en soient remerciés, car non seulement leurs prestations sont à chaque fois époustouflantes, mais en plus, le lien qu’ils ont créé et entretiennent avec sincérité et gentillesse est de plus en plus intense.

Le spectacle proposé ce soir est le même que celui de la récente tournée, une rétrospective des 20 ans de la carrière du groupe, présentant des extraits des premières démos, ainsi que deux titres issus de chacun des sept albums officiels (« Aeolia », paru en 2006, malgré son format album, étant considéré comme une démo). Pas de surprise pour celles et ceux ayant assisté aux shows du mois de décembre, car la set-list est identique, à un détail près : "The Sky Is Red", joué en rappel sur la tournée, sera réservé aux fans ayant acquis un pass VIP, à quoi s’ajoutera la magnifique ballade "Castaway Angels". Le plaisir se trouve donc ailleurs, notamment dans le fait de pouvoir réentendre des chansons qui ne seront probablement plus jouées à l’avenir, le frontman, Einar Solberg, allant même jusqu’à plaisanter en nous disant qu’il ne nous fallait pas prendre l’habitude (sous-entendu, la mauvaise habitude !) d’espérer obtenir ces titres dans leur set-lists futures...
Assister à ce stream était aussi l’occasion de pouvoir admirer le jeu de tous les musiciens en détail, ce que l’on ne peut pas forcément faire en concert, toujours gênés que nous sommes par une tête, un portable, un pied de micro ou de clavier, voire même un cube, transparent, certes, mais tellement envahissant dans le champ de vision ! Ainsi, cette fois, j’ai pu me repaitre jusqu’à plus soif du jeu des deux batteurs, Tobias Ørnes Andersen, sobre et discret mais quel cogneur efficace, et Baard Kolstad, flamboyant génie au toucher inimitable, qui assurent chacun des morceaux en solo, ou bien conjointement, comme c’est le cas sur "Dare You", "Foe", "Slave" et un passage de "The Sky Is Red". Une puissance de feu inégalable que j’avais pu ressentir à Lyon, et qui se concrétise une nouvelle fois. Erection pilaire garantie !

Le groupe ayant revisité plusieurs titres, nous avons aussi la satisfaction d’entendre des versions différentes de "Painful Detour", "Dare You", "Distant Bells" et "Out Of Here", entre autres, avec l’ajout de trompette, assurée cette fois par Pål Gunnar Fiksdal. Une vraie réussite, car la mixture est savamment dosée et les interventions de l’artiste sont précises, sans aucun excès et donnent un supplément d’âme aux chansons. Le violoncelliste attitré de LEPROUS, Raphael Weinroth-Browne, n’est malheureusement présent que sur pistes, une nouvelle fois, et il faut bien reconnaitre qu’il nous manque sacrément, tant le musicien apporte d’énergie et de passion supplémentaires au groupe. En revanche, il faut souligner la performance de chacun des artistes présents, impliqués aussi bien sur le plan purement technique que sur le registre des émotions, avec une mention toute particulière pour le toucher exceptionnel de Robin Ognedal (guitare), gorgé de feeling, qui délivre des soli inspirés et de toute beauté. Guitariste à l’attitude réservée, mais ô combien talentueux, Robin se révèle de plus en plus à chaque prestation. Einar Solberg (chant, claviers) assure son rôle de frontman avec une aisance et une décontraction que beaucoup lui envieraient, car il ne se contente pas de chanter merveilleusement bien et de délivrer des émotions qui bouleversent l’auditoire à chaque note, il balance aussi des touches d’humour un peu caustique (donc jouissives) qui le rendent encore plus attachant. Tor Oddmund Suhrke (guitare rythmique, chœurs) offre des parties de guitares précises, puissantes et prenantes, tout en assurant des harmonies vocales complexes, complémentaires et indispensables aux lignes vocales du frontman. Quant au non moins discret  Simen Børven (basse, chœurs, piano), pilier du groove et du rythme avec Baard Kolstad, impossible de ne pas mentionner la délicatesse, la chaleur, la rondeur et la force qu’il donne aux morceaux, sans compter son implication comme compositeur sur "Distant Bells" (ainsi que "Have You Ever ?", sur le dernier album, « Aphelion »,  qui ne sera, hélas, pas interprétée ce soir), sur laquelle il assure le piano avec passion et ferveur.

Avec près de deux heures de show d’une intensité remarquable, en comptant les bonus que sont "Castaway Angels" et "The Sky Is Red", LEPROUS ne ménage pas son énergie, et ce ne sont pas les chanceux spectateurs présents dans la salle qui prétendront le contraire, nourrissant l’ambiance de leurs applaudissements chaleureux, évitant par là même aux spectateurs derrière leurs écrans de subir le silence de mort pesant et gênant propre aux livestreams habituels. Les musiciens resteront également pendant une bonne heure avec les fans VIP, au sein d’une session de questions/réponses sur Zoom, un peu bordélique cela dit, dû au nombre de participants (plus de 150 personnes), et aux innombrables questions partant dans tous les sens. Mais la joie, la convivialité et l’humour seront au rendez-vous, faisant de cet after-show dans l’intimité des Norvégiens un moment inoubliable. Et la vision de Baard Kolstad assis sur le siège des toilettes (après le coup du transport dans un caddy de supermarché, à la fin du concert lors du Ready For Prog de Toulouse), nous prouve une fois de plus que le talentueux batteur n’est jamais le dernier à faire le pitre ! 


Pour terminer, et parce que vous êtes là... profitez d'un solo de batterie improvisé de Baard Kolstad lors de son événement en streaming en mai 2021, que le batteur à récemment publié.

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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