25 février 2022, 18:42

PANTERA

"Vulgar Display Of Power" - (1992 - Rétro-Chronique)

Album : Vulgar Display Of Power

Nous sommes en 2022 et cet album fête ses... 30 ans !

A la sortie de « Vulgar Display Of Power » le 25 février 1992, PANTERA peut déjà s’enorgueillir d’une belle carrière. Et, tel le félin qu’il incarne, en est déjà à la sixième de ses neuf vies, les précédentes s’étant étalées entre 1983 et 1988, de la sortie de « Metal Magic » à « Power Metal ». Le quatuor en est alors à sa deuxième collaboration avec le producteur Terry Date qui œuvrera encore sur « Far Beyond Driven » et « The Great Southern Trendkill » et commence à bien trouver ses marques, aidé en cela par le batteur Vinnie Paul Abbott. Si le guitariste Darrell Lance Abbott, frère de Vinnie Paul, se faisait alors appeler "Diamond" en référence au "Black Diamond" de KISS dont il était un die-hard fan (il sera d'ailleurs enterré dans un cercueil aux couleurs du groupe), il utilise de plus en plus le surnom "Dimebag", terme que les fumeurs de weed américains connaissent bien pour désigner un petit pochon d’herbe. Ses comparses et lui ne sont pas en reste et consomment également, en plus de la weed, des hectolitres d’alcool lors d’invraisemblables virées nocturnes en compagnie du producteur afin de décompresser entre les sessions. Paradoxalement, ils se remettent une petite pression (cela concerne également le breuvage houblonné) en s’envolant pour Moscou afin de jouer le 28 septembre 1991 aux côtés de METALLICA sur la fameuse date des Monsters Of Rock, donnée devant près d’un million de personnes. Puis retour aux Pantego Studios, appartenant à Abbott père, pour la suite de l’enregistrement.

Et alors que PANTERA déclara avoir presque atteint son but dans la recherche d’un son particulier dont l’ébauche donna vie deux ans plus tôt à « Cowboys From Hell », le groupe se doit ici de remercier METALLICA (encore eux !) pour leur album éponyme, les Texans ayant alors considéré que les Quatre Cavaliers avaient abandonné le thrash, souhaitant ainsi s’engouffrer dans cette brèche afin de sortir le disque le plus lourd de tous les temps. Mission atteinte selon le groupe (bien que cet avis soit subjectif), en partie grâce au monstrueux son de guitare sur lequel Dimebag et Date ont longuement planché. Ajoutez à cela la notion de drop (accordage d'un ou plusieurs tons en dessous permettant "d’alourdir" le rendu sonore d’une composition) et on obtient notamment "A New Level" au riff chromatique qui plut beaucoup à Madonna sur sa tournée de 2008. En effet, devant empoigner la guitare pour interpréter l'un de ses morceaux, "Hung Up", qui contient un sample de la chanson "Gimme! Gimme! Gimme! (A Man After Midnight)" du groupe ABBA, son guitariste de tournée Monte Pitmann – qui n’est pas un inconnu pour les amateurs de gros son que nous sommes – avait dû lui expliquer la notion de drop justement. Alors quoi de mieux que d’apprendre par l’exemple ? Et le guitariste de lui montrer comment jouer le riff du morceau de PANTERA. Celui-ci a alors tant fait d’effet sur la reine de la pop qu’elle a fini par en insérer un extrait lors des concerts qui furent donnés. En voici d’ailleurs un aperçu ci-dessous (à 4'27'' précisément).


Pour le reste des compositions que l’on retrouve sur ce classique, la section nique-tout répond présent en faisant montre d’une « putain d’hostilité », défouraille tout sur son passage et ne repose la sulfateuse qu’au terme de onze blessures graves infligées en 53 minutes plus qu’intenses, ne laissant dans les enceintes de l’auditeur qu’une odeur de napalm au petit matin. Aucun temps mort, aucune faiblesse (seule "Hollow" calme un tantinet le jeu en dernière piste) et tel Attila, rien ne repousse après son passage. En 2012, pour le 20e anniversaire du disque, le groupe "Piss" sur ses bougies et les musiciens, grands saigneurs, offrent en pâture aux fans affamés la vidéo de cinq chansons ("Mouth For War", "Domination/Hollow", "Rise", "This Love" et "Cowboys From Hell") – soit l’intégralité de sa prestation enregistrée le 12 septembre 1992 à Reggio Emilia en Italie en tant que première partie d’IRON MAIDEN sur la tournée Monsters Of Rock, et diffusée à l’époque par MTV Italie. Côté chiffres, PANTERA écoulera plus de deux millions d’exemplaires de son « Vulgar Display Of Power », se hissera à la 44e place du Billboard Top 200 et, en 2017, la version américaine du magazine Rolling Stone classera l’album 10e dans sa liste des 100 plus grands albums metal de tous les temps.

Le chanteur de PANTERA, Phil Anselmo, et le bassiste, Rex Brown, récemment interviewés pour les 30 ans de l’album, ont apporté des précisions sur leur ressenti au sujet du disque.
Phil Anselmo : « « Vulgar Display Of Power » est le disque le plus représenté des concerts que l’on a faits, n’est-ce pas ? C’est parlant, non ? Ce n’est pas de notre fait, c’est le public qui parlait, c’est ce qu’il voulait entendre. (…) Vous ne pouviez pas aller voir PANTERA sans entendre "Walk" ou "Fucking Hostile" ». Rex, de son côté, a déclaré : « C’était notre marque de fabrique à l'époque. Vu de l’intérieur, ce disque a complètement changé la donne pour nous. Et pourtant, nous ne faisions qu’un album à ce moment, à notre façon. Je dirais même, enfin à notre façon, comme on l’entendait. (…) Et tout ce pourquoi on a combattu avant cela s’est avéré à l’arrivée une vraie satisfaction personnelle ».
En 2015, le regretté Vinnie Paul, disparu en juin 2018, en parlait ainsi pour le 25e anniversaire : « Je n’ai jamais réfléchi à cette longévité, j’ai l’impression que c’était hier pour ainsi dire. Mais en s’y penchant maintenant, on peut dire que l’album a été un tournant pour le heavy metal. Il a vraiment défini le son des groupes à venir à l’époque. Aujourd’hui encore, beaucoup s’en servent de modèle pour l’accordage des guitares, le son de batterie, etc. « Vulgar Display Of Power » était vraiment spécial et je suis réellement très fier d’y avoir participé. »


Pour compléter ce rapide tour d’horizon, je vous invite à consulter l’article Un Jour, Un Album que Laurence Faure a consacré à l’album, où elle explore en détails les faits et anecdotes entourant ce disque.

Pour aller plus loin :
« Power Metal » (1988) : annonciateur du carnage à venir et en dépit d’une pochette indigente, le meilleur de l’"ancien" PANTERA.
« Cowboys From Hell » (1990) : virage à 90° pour la formation qui durcit le ton après avoir entrepris de le faire sur le précédent album. Dimebag commence a trouver LE son et le reste appartient à l’Histoire.
« Far Beyond Driven » (1994) : on avait beau y avoir été un tant soit peu préparés avec l’album précédent, nombre d’entre nous n’ont pourtant pas vu venir en pleine gueule l’ouverture death qu’est "Strength Beyond Strength". Brutal mais comme le Synthol™, ça fait du bien là où ça fait mal.
« Official Live: 101 Proof » (1997) : démonstration (de force) par A+B de la puissance de cette machine de guerre en concert. Eprouvant.

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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