18 mars 2022, 23:55

MARDUK + VADER + IMPALEMENT

@ Wasquehal (The Black Lab)

Après la longue pause qui a perturbé le monde, la vie normale reprend ses droits - pour combien de temps ? - et, en terre du Nord, les concerts s’enchaînent sans répit... pour notre plus grand plaisir. En ce vendredi 18 mars , le Black Lab, en banlieue lilloise, accueille l’une des étapes françaises de l'United Titans Tour qui réunit deux glorieux anciens du metal extrême, VADER, 40 ans d’existence en 2023, et MARDUK, 32 ans d’âge. En ouverture, les Suisses IMPALEMENT font figure de bébés...

Le Black Lab est un lieu qui regroupe des salles de répétition, des bureaux et, bien sûr, un bar qui se transforme en salle de concerts. A 19 heures, les consommateurs sont invités à quitter la salle pour laisser la place aux fans de metal. Se croisent alors look bobo - au revoir ! - et veste à patches - bienvenue !

Après une intro glauque à souhait, IMPALEMENT lance les hostilités. Torse nu, croix inversées autour du cou et corps maculé de sang, les musiciens attaquent par l’un des meilleurs morceaux de leur unique album, "Tombs Of The Saints". D’entrée, le ton est donne, l’ultraviolence est au rendez-vous dans le sillage de blast-beats furieux et de vocaux death maîtrisés. Cette agressivité se double d’atmosphères morbides, à la IMMOLATION, de leads inquiétants et de soli mélodiques, qui évoquent DISSECTION, ou plus chaotiques, comme sur "Götzdämnering" qui clôt à grands renforts de « Gott ist tot » une solide prestation black/death. Les Suisses, concentrés, s’appliquent sous des lumières sobres souvent bleutées, parfois striées de rais blancs sur les passages les plus rapides. Alors que le guitariste offre quelques grimaces à un public calme et attentif, Beliath, le guitariste/chanteur à la tête de IMPALEMENT, se permet de brèves adresses à la fosse, parfois même en français.


© Sébastien Feutry
 

Lumière verdâtre sur un backdrop qui reprend la pochette de « De Profundis », micro porté par un pied en chaîne et une croix inversée, le décor est classique. Bruit de pluie, coup de tonnerre et VADER arrive sur scène. Peter en t-shirt VENOM, tout sourire, assène déjà ses riffs sur l’incontournable et thrashisant "Dark Age" qui ouvrait le premier album des Polonais, « The Ultimate Incantation ». Spider, échevelé, balance ses soli malsains avec énergie, à grandes rafales de headbanging. Trois titres de « De Profundis » - dont un "Reborn In Flames" toujours aussi jouissif - les deux premiers morceaux, courts et ultra rapides, boostés par une batterie en surchauffe, du récent « Solitude In Madness » et deux chansons de « Black To The Blind » (1997) - ah, "Carnal", quelle furie ! - sont envoyés en une petite demi-heure... Le set s’achève avec des fans déjà en sueur mais qui en veulent encore... Tiens, des notes lourdes résonnent qui annoncent le début de "Epitaph" sur lequel VADER revient.
Ce deuxième concert est consacré à la période post-2000 - à l’exception de "Sothis" - avec les albums « Litany » ("Wings" et son solo à la SLAYER), « Revelations » et l'EP « The Art Of War », dont est tiré le mid-tempo "What Colour Is Your Blood", trêve bienvenue dans la vague haineuse qui déferle depuis 40 minutes. Les cheveux ont beau grisonner ou se faire plus rare, les Polonais restent une redoutable armada, qui conjugue violence musicale et attitude positive, à l’image de la jouissive reprise du "Steller" de JUDAS PRIEST qui met un terme à une heure de pur death metal. La fosse reprend son souffle en écoutant la traditionnelle Marche impériale de John Williams.

Le temps s’étire avant que MARDUK ne monte sur scène. Un problème technique (micro, retour voix ?) retarde le début de la prestation des Suédois... puis la perturbe ! Les fumigènes épaississent l’atmosphère, les lights bleues et rouges strient le brouillard, et le lugubre, écrasant "Werwolf" jaillit... avant que le show ne s’interrompe. Étrange spectacle que de voir les colosses Morgan, Mortuus et le bassiste Joel dos au public, quasi immobiles, attendant que la technique suive. Les réparations effectuées, la machine suédoise part en guerre avec une paire d’as tirée de « Plague Angel » : la déflagration "The Hangman Of Prague" et le lourd "Seven Angels, Seven Trumpets". Dans les mains de Morgan, rictus haineux sur maquillage blanc, sa guitare semble bien petite. De Mortuus se dégage une aura malsaine et colérique, même quand il va au contact des premiers rangs. Le groupe déroule une set list carrée, sans hésiter à revenir aux racines du mal avec "The Funeral Seemed To Be Endless" et son final oppressant ou le classique "Wolves" ; quel riff !
La force de MARDUK est d’offrir, entre deux éclats effrénés, des morceaux mid-tempo sombres et sinistres, à l’image du sublime "Materialized In Stone" qui contraste avec le "Frontschwein" qui le précède ou de l’épileptique "The Sun Has Failed" qui suit le ténébreux "Bleached Bones". A l’exception de « Rom 5:12 », « Wormwood » et « Serpent Sermon » la horde infernale - mention à Simon, batteur encapuchonné, qui livre une prestation impeccable - visite tous ces albums, offrant ainsi un panorama du meilleur de sa riche carrière.
Même si, parfois, on regrette la voix de Legion, sur "Slay The Nazrene" par exemple, le concert, servi par un son puissant, est une réussite totale. La conclusion, tirée de l’indémodable « Panzer Division Marduk » (1997) avec les ogives nucléaires "Christrapping Black Metal" suivi du morceau éponyme, est un point d’orgue sublime de pure agression qui nous laissent pantois.


© Christophe Grès

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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