Originaires de Mulhouse, tout comme leurs illustres aînés MERCYLESS et CRUSHER, les quatre larrons de DAWOHL ne sont pas du genre pressés. Cela fait en effet treize ans que le groupe est actif avec pour seul butin dans sa besace un EP tout en muscles, « Potestas.Ratio.Iustitia », paru en 2014 chez Trendkill Recordings. Mais sa discrétion est à la hauteur de sa puissance de frappe puisque ces dix-sept minutes sortaient déjà l’artillerie lourde à grands coups de riffs mitraillettes et de descentes de toms troussées par un Kevin Foley en grande forme. Et c’est dans cette voie sanguinaire... qu’il s’inscrit aujourd’hui avec son premier album, « Leviathan », pour le compte du label Dolorem Records.
Quelques changements de taille sont ici à signaler : le siège du cogneur de fûts est désormais occupé par Thomas Hennequin (RITUALIZATION, MERRIMACK, VI...) et les guitares sont ciselées par la paire Eloi Nicod (THE SCALAR PROCESS) / Florian Delbart (OSOSDEMA). Un trio de musiciens au solide pedigree recruté par le fondateur et chanteur Maxime Guillemain qui apporte de son côté la petite pointe de sauvagerie qui va bien à l’ensemble. Qui n’en avait pas vraiment besoin... puisque le maelstrom de sauvagerie proposé ici arrache déjà les esgourdes avec un certain doigté. Et c’est bien de doigté dont il est question sur « Leviathan » qui affiche un sans-faute d'entrée de jeu : production en béton armé signée Frédéric Gervais, compositions musclées et sections rythmiques taille patron, le tout complété par des growls furax et profonds. Sans oublier la précision de ce batteur qui affiche un niveau de brutalité et de précision olympiques. Mais derrière ce carnage en règle, le groupe n’hésite pas à varier les plaisirs avec du mid-tempo écrasant relevé d'un zeste de noirceur comme sur "Subjugation" ou "Telos - Immanent Orthogenesis". idéal pour souffler entre deux décharges de chevrotine.
Vous l'aurez compris : aux côtés des autres fougueux poulains du label, SLAVE ONE, CREEPING FEAR et NEPHREN-KA en tête de la shopping-list, DAWOHL a fière allure et impose sa patte sans sourciller sur ce premier album de haut niveau. Qui n'a que pour seul talon d'Achille sa durée puisqu'il pointe à vingt-neuf minutes pour huit morceaux dont une intro et une reprise (en mode locavore puisqu’il s’agit du "I Vomit This World" de MERCYLESS), j'en aurais bien repris pour dix minutes de plus, au moins. Il ne me reste donc plus qu'à ronger mon frein en attendant le prochain album du groupe qui, je l'espère, ne paraîtra pas dans huit ans !