9 avril 2022, 18:43

HEIDRA

"To Hell Or Kingdom Come"

Album : To Hell Or Kingdom Come

Sortie d’un album à la fois curieux et intéressant. Je ne connaissais pas les Danois HEIDRA, « To Hell Or Kingdom Come » est leur 3e production, dernière partie de leur "Dawn Trilogy", et elle a attiré mon attention.

HEIDRA est un groupe qui ose toucher à tous les registres du metal. Sur fond d’atmosphères médiévales et païennes, narrant guerres, fraternité et bacchanales, œuvre un duo improbable échappé d'un roman de fantasy, un gros guerrier à la voix death metal, accompagné d’un magicien aux chants clairement heavy metal. Ils se régalent à nous conter de belles histoires peintes à coups de riffs puissants et de mélodies endiablées. La rythmique pleine d’entrain de "Retribution's Dawn" rappelle ENSIFERUM, les cavalcades sont semblables celles de HELLOWEEN, le growl chaud et profond qui bouscule des armées en armures alignées est digne de AMON AMARTH. Quant aux breaks avec soli aériens, on louche vers AMORPHIS et autres groupes sachant distiller de délicieuses mélodies folk et death. Merveilleux est le voyage quand les ménestrels sont à la hauteur.  Et avec HEIDRA c’est le cas. Le vent de l’épopée est brutal sur "Dusk", les instruments s’entrechoquent telles des lames vengeresses, le kit batterie s’emballe, fougueuse monture aux naseaux écumants. Un morceau classique d’une redoutable efficacité.

"The Rebirth", un melting pot de black power metal a le goût des grands vins capiteux. Les tanins sont gorgés d’acier trempé, 100% pur riffs guerriers. HEIDRA, y goûter c’est l’adopter, c’est s’enivrer. Petite touche de musique classique avec "Wolfborn Rising" pour encourager le growl rageur et le power metal à s'illustrer encore plus loin. Les soli de guitar-heroes achèvent l’audience au terme de la course effrénée. Délicieux. "Fall Of The Fey" remet une couche de bien-être musical, le rythme est digne d’un "Keeper Of The Seven Keys", c’est dire la plénitude atteinte avec ce morceau dantesque.

HEIDRA réussit un pari fou, de la même façon qu’un FLESHGOD APOCALYPSE (dont le batteur œuvre sur l'album), celui de faire chevaucher ensemble des genres d’horizons extrêmes sur "To Hell Or Kingdom Come", tel le death ou le metal symphonique. La force de chacun est la complémentarité de son alter musical. Et les sons montent haut sur des morceaux aux longueurs épiques, pousser par la rythmique rapide. C’est d’une beauté à couper le souffle !

HEIDRA s’offre le luxe de quelques ballades jusqu’à des "Ancien Gates", remparts tombés en désuétude mais qui se dressent pour un ultime combat, à la manière des récits d’heroic-fantasy de David Gemmel. "Cloaks And Daggers", capes et poignards dans l’ombre d’une ruelle d’une cité oubliée, les riffs jaillissent vite et frappent dans l’obscurité. Les râles longs d’agonie brisent la nuit tranquille.

Jusqu’à son final "Two Kings", HEIDRA offre un album unique dans le fond et la forme. L’ambiance d’abord, avec des aventures hors du temps. Une alchimie death et heavy metal, symphonique ensuite, avec des riffs et des sons d’une grâce incroyable. Un réel album coup de cœur, une invitation au voyage... Voilà, c’est le nouvel album de HEIDRA. Il tourne en boucle chez moi, j’ai dépoussiéré mes classiques de fantasy héroïque et je suis dans ma bulle. Je vais dès la fin de ces mots me plonger dans l’écoute des deux précédents volets de cette trilogie : « Awating Dawn » (2014) et « The Blackening Tide » (2018)

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK