Pour le fan absolu que je suis d’ULCERATE et accessoirement de son prodigieux batteur, Jamie Saint Merat, l’annonce d’un album où celui-ci tient les baguettes a forcément de quoi faire saliver. Hors de son clan l’espace de cinquante-sept minutes, le virtuose s’est ici acoquiné avec ses compatriotes de VERBERIS pour accoucher d’un album qui vient siphonner les marécages gluants du black metal dit "orthodoxe". Celui-là même qui a consacré en son temps les chefs d’œuvre de DEATHSPELL OMEGA, FUNERAL MIST ou WATAIN. Le groupe néo-zélandais se fend d’un deuxième grand format qui plonge tête la première droit dans la mélasse où méthode, rigueur et structure sont érigées en lignes de conduite.
Et ce dès l’orgasmique doublette de départ "Sepulchre of Shattered Saints" / "Adamantine Amidst Transience" qui distille sans ménagement une volée de riffs dissonants et d’ambiances hostiles du meilleur effet. Avant de laisser place à un maelström de trémolos frissonnants soutenu par des parties de batteries du plus bel effet. Forcément. Cette incessante rythmique présente tout du long s'accompagne ici de nombreux breaks qui ne relâchent jamais la pression sur l'auditeur. Un plan machiavélique au service d’un climat glacial pronant la cassure à mi-parcours sur "Severed Paragon". Le rideau tombe alors avec "Ennoia" pour laisser les ténèbres prendre place sur une missive massive, un crescendo maléfique qui explose juste derrière en un final somptueux et chaotique : "I am the Father and Tomb of Heavens". Les potards sont dans le rouge, les growls viciés du sieur N.H. (HERESIARCH) martyrisent en open-bar et les flammes lèchent les esgourdes pendant plus de vingt minutes démentielles. Une ultime embardée qui clôt cet album façon rigor mortis du haut de ses ambiances crépusculaires.
Vous l’aurez deviné, VERBERIS excelle ici dans l’abattage de riffs tranchants qui transcendent à l’envi. La maîtrise technique est redoutable mais celle-ci ne tombe jamais dans la torture de manche stérile. La section rythmique est audacieuse et le prouve sans détours avec de nombreux breaks qui en laisseront plus d'un sur le carreau. « Adumbration of the Veiled Logos » est un véritable puzzle aux structures tortueuses dont le but avoué est de faire régner la confusion. Une confusion savamment entretenue par une imposante production, un son dense et profond. Où chaque coup de baguette infligée sur les peaux résonne comme une claque, sourde et punitive. Où les guitares acérées renvoient en permanence d'inquiétants échos à une basse diabolique. Il fallait s'y attendre avec cette nouvelle signature de Norma Evangelium Diaboli, le label poitevin ayant compté en ses rangs d'autres orfèvres du mal comme ANTAEUS, KATHARSIS, WATAIN ou DEATHSPELL OMEGA...