Le Bataclan est encore presque vide lorsque les Suisses KRUGER pénètrent sur scène. Il n'est en effet que 19h, alors que la plupart des billets indiquaient un début de soirée à 19h30. Assez étrange de considérer cette fosse parsemée alors que la date est sold-out depuis déjà quelques temps. Pour autant, KRUGER ne se décourage pas et y met toutes ses tripes. Comme le dis Reno (chant) lui-même, le groupe est plus habitué aux petites salles comme celle du Klub plutôt que le Bataclan.
Difficile d'ailleurs de classifier le style distillé avec tant d'énergie ce soir, bien que l'on pourrait s'aventurer sur les terres d'un post-Hardcore aux relents Stoner. Le son a quelque chose d'organique, tout comme l'attitude de Reno, qui tente non sans mal de motiver son public. Pour ceux qui n'avaient jamais vu KRUGER, la méthode peut paraître très directe, mais c'est avec grand naturel que le frontman descend dans le public pour y chanter et donner un peu d'amour à une fosse qui n'en demande pas moins. Inhabituel mais efficace : l'ambiance se réchauffe immédiatement.
Les titres s'égrainent alors que la salle se remplit peu à peu, Reno et ses comparses se tortillent sur scène jusqu'à n'en plus pouvoir : un exercice de style qu'ils exécutent avec brio. La grande majorité de l'audience en ressort conquise et l'on finit par regretter de ne pas avoir offert au moins un peu de sa bière à des musiciens qui donnent tant.
Après une courte pause, c'est au tour d'HYPNO5E d'entrer en scène. Pour peu que l'on ait ouvert les oreilles pendant le changement de plateau, on découvre que le groupe est davantage attendu du public qu'on ne pouvait l'espérer. La réputation des sudistes n'est visiblement plus à faire pour certains. Pour les autres, le groupe ne leur laissera aucune issue ce soir.
Le Metal expérimental du quartet prend littéralement aux tripes, à travers des mélodies entêtantes à la guitares, des montées en puissance aussi surprenantes qu'efficaces qui débouchent sur des riffs acérés d'une violence remarquable. Un savant mélange de sonorités aidé par des samples d'ambiance bien placées qui terminent de plonger le Bataclan dans une ambiance mélancolique, mystérieuse et quelque part salvatrice. Contrairement aux allumés de KRUGER, HYPNO5E se fait plus discret, presque timide. On a du mal à discerner le visage d'un Emmanuel Jessua, qui, caché par sa guitare, son micro et sa tignasse, ne s'aventure pas davantage pour communiquer avec le public. Regrettable mais aussi terriblement efficace compte-tenu de l'atmosphère du show.
On prend clairement une claque en pleine figure de se retrouver face à un univers aussi complet que complexe. Bien que le son ne soit pas toujours au poil (un peu trop sibyllin par moment), difficile de pinailler sur des cacahuètes. HYPNO5E convainc aussi bien avec les compositions issues de son premier album ( « De Deux l'Une Est l'Autre »), que de son récent deuxième opus (« Acid Mist Tomorrow »). Le Bataclan en sort ravi, en plus d'être plein à craquer.

Bien que les deux groupes précédents aient donné matière à profiter de la soirée, le meilleur reste encore à venir. En mettant de côté l'ouverture de GOJIRA pour METALLICA au Stade de France en juin dernier, cela faisait près de 4 ans que le groupe n'avait pas foulé les terres parisiennes en tête d'affiche (souvenir radieux de ce concert à l'Elysée Montmartre le 15 Février 2009, j'étais encore au lycée !) .
Autant dire que l'attente est énorme pour ce premier show au Bataclan, avec un album de plus au compteur.
Une atmosphère électrique s'installe peu à peu dans la salle, la fosse trépigne visiblement d'impatience alors que le groupe se prépare à monter sur scène. Après une courte introduction qui achève de jouer avec les nerfs du public, GOJIRA lance les hostilités sur « Explosia », premier titre de « L'Enfant Sauvage ». La foule s'anime alors subitement, les têtes s'agitent, un pit se forme presque immédiatement au milieu de la fosse et on retrouve la compression-sardine des grand soirs. Le professionnalisme des ingénieurs du son de GOJIRA n'est plus à faire et c'est donc sans surprise que l'on profite pleinement d'un mix et d'un son irréprochable, parfaitement balancé entre les instruments mais aussi la voix de Joe Duplantier.
Une atmosphère électrique s'installe peu à peu dans la salle, la fosse trépigne visiblement d'impatience alors que le groupe se prépare à monter sur scène. Après une courte introduction qui achève de jouer avec les nerfs du public, GOJIRA lance les hostilités sur « Explosia », premier titre de « L'Enfant Sauvage ». La foule s'anime alors subitement, les têtes s'agitent, un pit se forme presque immédiatement au milieu de la fosse et on retrouve la compression-sardine des grand soirs. Le professionnalisme des ingénieurs du son de GOJIRA n'est plus à faire et c'est donc sans surprise que l'on profite pleinement d'un mix et d'un son irréprochable, parfaitement balancé entre les instruments mais aussi la voix de Joe Duplantier.
Cela va s'en dire que le groupe nous a concocté un véritable Best-of en guise de set-list. De « Flying Whales » à « Remembrance » en passant par « Oroborus », ou encore le petit dernier éponyme « L'Enfant Sauvage » et « Liquid Fire ». Chaque nouveau titre est l'occasion d'un déchaînement supplémentaire des quatre musiciens, Jean-Michel tournoie autour de sa basse avec une fougue presque démesurée et arpente les quatre coins de la scène en compagnie de Christian qui n'est pas en reste. L'osmose particulière qui règne au sein du groupe est particulièrement perceptible ce soir, en plus du bonheur que l'on peut lire sur les visages de chacun.
Le public adhère entièrement, chacun profite de ce moment en compagnie d'un groupe qui n'oublie pas de communiquer, Jo se permet quelques petites boutades (« Est-ce qu'il y a encore des groupes de Death Metal à Paris ? ») et introduit avec une attention particulière certains titres, comme « L'Enfant Sauvage ».
Même en concert, GOJIRA amène à chacun la possibilité d'une réflexion sur soi-même et le monde environnant, et cela dans une finesse tout appréciable. Cette première soirée passée au Bataclan se révèle donc sans répit possible, et seul le solo de batterie de Mario laisse un peu de temps à certains pour reprendre leur respiration juste avant que « The Axe » relance la folie ambiante.
Le vaseux "Rentrez-chez vous !" de Joe à la fin du titre ne fait qu’accroître l'attente des derniers morceaux et c'est donc sur le lourdissime « Vacuity » et l'entêtant « The Gift Of Guilt » que le show s'achève, après une heure et quart de joie et de tourment.
Seules et uniques ombres de ce tableau sinon parfait : la durée du set (bien que son intensité compense largement), et l'absence de titre issu de « Terra Incognita ».
Explosia
Flying Whales
Backbone
The Heaviest Matter of the Universe
L'Enfant Sauvage
Liquid Fire
Remembrance
Wisdom Comes
Oroborus
Solo de batterie
The Axe
Vacuity
The Gift of Guilt
Photos 2013 © Marjorie Coulin - Toutes les photos ici
Un grand merci à Roger Wessier (Base Productions), Karine Sancho (Roadrunner Records), Manon Terrier (Warner Music France) et l'équipe de Nous Productions.