Défenseur bec et ongles d’un style alliant noirceur et puissance depuis plus d’une décennie, quelque part entre black metal et hardcore, HEXIS revient en force avec un troisième album dans sa besace. Et le moins que le puisse dire c’est qu’avec « Aeternum » , paru chez Debemur Morti, le clan danois ne s’est pas assagi avec le temps... loin de là ! Pourtant son line-up a été renouvelé dans ses moindres recoins puisque seul Filip Andersen, à l’initiative de la création du groupe, reste garant de l’ADN de HEXIS. Mais cela n'a pas eu plus de conséquences sur le son du groupe, Filip s'étant entouré de Luca Mele (SET IN MOTION, ORQAN), Winnie Suku (MURDER THE FRAIL) et Benoît Gaucher (ex-NESSERIA) pour redonner un second souffle bienvenu à l'ensemble. Et la bonne nouvelle.... c'est que ce nouveau line-up fait des merveilles sur « Aeternum ».
Un disque qui est à l’image de son titre : ténébreux. "Letum" et "Divinitas" débutent tous deux d’ailleurs par des guitares acérées qui ne laissent aucune place au compromis. Deux déflagrations qui introduisent "Exhaurire" , titre de huit minutes, plus nuancé, qui navigue avec malice entre ambiances de fin du monde et embardées sauvages. Et sur lequel Marietheres Schneider vient poser de délicates vocalises. Mais à peine le temps de reprendre son souffle que les monstrueux "Interitus’ et "Tacet", une minute trente chacun montre en main, ne mettent tout le monde d’accord avec leurs accents dissonants du meilleur effet. "Anissus", "Vulnera" et "Nunquam", charrient en queue de train fantôme un fatras de six cordes et de percussions broyées dans un maelstrom furieux. Que l'on pourrait résumer un mot : implacable.
Les danois dévoilent donc sur ce nouvel album un son dévastateur qui enfile du gros calibre sans jamais baisser la garde. Le batteur et le bassiste sont d’une précision redoutable, à l’aise dans tous les scénarios. Mais à n’en point douter c’est le brailleur en chef qui rafle la mise tant ses vocalises haineuses sonnent justes. Le reste tutoie également le haut niveau : enregistré, mixé et mastérisé par les mimines expertes de Fredrik Nördstrom au mythique Fredman Studio, « Aeternum » jouit d’un production idéale. Massive et puissante, celle-ci sublime le son du groupe et plante un cadre idéal pour qu'il passe un cap. D’autant que son style, s’il n’en demeure pas moins "extrême", évolue vers quelque chose de moins torturé, de plus immédiat qui pourrait lui ouvrir des portes qui étaient fermées jusqu’ici. A l’image de CELESTE et de son album « Assassiné(e)s » paru en début d’année, HEXIS frappe ici un grand coup avec ce qui constitue l’une des meilleures choses arrivées au style en 2022. Rien de moins.