27 septembre 2022, 18:19

BUKOWSKI

Interview Mathieu Dottel

Pour la sortie de son sixième album, sobrement intitulé « Bukowski » en mémoire à Julien Dottel (bassiste chanteur), qui nous a quittés en octobre 2021, nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec son frère, Mathieu (chant et guitare) qui nous a ouvert son cœur avec émotion et humilité. Nous avons évoqué la vie et l’avenir de BUKOWSKI en tant que groupe, le nouvel album et bien entendu les souvenirs  de Julien. Entretien bouleversant et sincère d’un artiste sensible, blessé en son cœur  mais plein de vie et d’espoir.
 

Bonjour Mathieu. Avant tout, comment vas-tu ?
Eh bien, ça va. Ça va de mieux en mieux. Il le faut. La vie continue malgré tout. C’est une épreuve à traverser, et puis cela fait à peine un an... Mais, ça va de mieux en mieux.

Peut-on revenir un peu sur votre précédent album, « Strangers » ? J’aimerais que tu nous dises si, avec le recul, vous êtes satisfait de l’accueil qui lui a été réservé ?
Non ! Non, pas forcément, parce qu’on a voulu faire du crowfunding, et puis il n’a pas été vraiment mis en avant. Il est un peu passé à la trappe, cet album, alors que, moi, j’en suis assez fier quand même. Il a eu surtout un vrai problème de promotion. On s’était dit qu’on allait essayer de faire ça un petit peu seuls, éviter les labels et toutes ces choses-là. Et puis on a vite compris que ce n’était vraiment pas la bonne solution. Donc, c’est un album dont on est très fiers mais qui est malheureusement passé à la trappe ! Et à cause de problèmes annexes, il a disparu et il a eu très peu de chroniques. Ce sont des choses qui arrivent.

Le batteur Romain Sauvageon a été intégré en 2019. C’est donc le premier album qu’il enregistre avec vous. Est-ce que cela a eu une influence sur le son et la direction donnés à ce disque ?
Romain est extrêmement investi. C’est quelqu’un qui était un peu dans son coin, que j’ai croisé un peu par hasard. On a créé un groupe à côté qui s’appelle PERFECTO, dans lequel Romain joue avec moi. Et comme notre batteur (NDJ : celui de BUKOWSKI) a décidé de quitter le groupe parce qu’il avait d’autres projets, j’ai donc proposé à Romain de venir, et là, ça lui a permis de pouvoir s’exprimer à fond. Il était ravi de rejoindre un groupe "conséquent", alors que c’est quelqu’un qui méritait vraiment d’en être. Il amène une pierre à l’édifice. Et en plus d’être batteur, il est extrêmement motivé pour tout ce qui concerne les réseaux sociaux. Il a aussi amené une sorte de rigueur. Il est ultra passionné de batterie. On dirait presque qu’il ne vit que pour ça : travail, famille, batterie ! Il achète une caisse claire toutes les semaines (rires). Il est continuellement dans une recherche du son, la recherche d’une rigueur absolue, et il a vraiment amené quelque chose de très carré chez BUKOWSKI. Ce que nous n’avions pas vraiment connu avant et c’est rare. Merci à lui !

Votre nouvel album, « Bukowski », est sorti le vendredi 23 septembre. Peux-tu nous parler du processus de composition et de son enregistrement, qui ont eu lieu pendant la pandémie ?
Tout à fait. C’est la première fois de notre vie où l’on s’est mis à enregistrer à distance. On est un groupe un peu old-school et, à ce niveau-là, on a besoin d’entendre des cymbales qui font mal aux oreilles, et des choses comme ça qui permettent de créer des riffs. Mais, là, nous avons dû l’écrire à distance, et c’est pour cela qu’il a cette couleur un peu plus particulière qu’avant. C’est-à-dire que moi, je posais des idées, Romain faisait des programmations de batterie, etc... Et c’est un album que nous n’avons même pas joué ensemble avant d’arriver en studio. On l’a à peine répété avant de l'enregistrer, chacun de notre côté, puisque nous ne pouvions pas nous rejoindre. C’était quelque chose d’assez fou. Et on a rencontré HK de Vamacara Studio (LOUDBLAST, BLACK BOMB A, BETRAYING THE MARTYRS...), comme ça, dans un bar. Au cours de la conversation, il nous avoué qu’il serait super chaud de travailler avec BUKO. Et nous, nous voulions sortir un peu de notre autarcie. Nous avons eu la chance de pouvoir aller à Clisson. En gros, lors du premier confinement, nous avons composé. Puis nous sommes partis enregistrer entre les deux confinements. Et nous avons terminé un peu sur le deuxième. C’était un bordel pas possible ! Comme pour beaucoup de groupes, j’imagine... Mais ça a été une histoire dont on ressort assez grandis au final, parce que nous n’étions pas du tout dans notre zone de confort. Et on estime avoir fait les choses correctement.

Est-ce qu’à l’avenir, ce sont des choses qui pourraient se reproduire pour vous, de composer à distance ? Ou allez-vous revenir à l’ancienne formule tous ensemble, façon garage-band ?
Il y aura un peu des deux, je pense. Parce que le garage-band, et le style "in your face", c’est ce qui nous ressemble le plus à la base. Mais sur le prochain, il y aura un mélange des deux méthodes. En réalité, je ne savais même pas enregistrer chez moi. Et j’avais un peu d’argent de côté que j’ai investi dans tout le matériel nécessaire pour que l’on puisse réaliser cet album chez moi. Maintenant que j’ai appris à m’en servir, on ne va pas s’en priver pour la suite. Pour faire des maquettes, et des choses comme ça, c’est très intéressant.

Il ressort de cet album une ambiance assez sombre. Quels sont les thèmes que vous avez voulu aborder, tant au niveau musical qu’au niveau des paroles ? D’ailleurs, c’est toi qui écris les textes ?  
Alors, à la base, c’était mon frère. Et ce sont donc les derniers textes qu’il a écrit. J’ai été obligé d’en écrire un peu aussi. On y raconte un peu la vie de tous les jours. Dans BUKOWSKI, cela a toujours été le cas, du moins sur les cinq albums précédents. Et sur celui-là, on s’était dit : « Pourquoi ne pas inventer des histoires ? », comme c’est quelque chose que nous n’avions jamais fait avant. C’est donc un mélange de vie quotidienne et d’histoires inventées. Nous sommes des gens  très positifs, mais c’est une sorte d’exutoire. Je pense qu’on est tous d’accord pour dire que nous vivons dans un monde assez dramatique, et de plus en plus. Donc, certes, la musique est sombre, mais les textes sont assez positifs. Au fond, il y a toujours une lueur d’espoir. J’ai tendance à dire que je suis un nihiliste, mais extrêmement positif. BUKOWSKI, c’est un peu ça. Parce que le monde est beau si on a envie qu’il le soit. C’est juste la race humaine qui est quand même assez désespérante. C’est dramatique, mais il faut réussir à se créer son beau monde dans tout ça.


​On ressent quelque chose de très poignant, notamment à l’écoute de "Breathin' Underwater", un morceau assez progressif, avec un travail remarquable sur les harmonies vocales. Quelles ont été vos influences pour ce titre, qui est complètement différent de ce que vous avez l’habitude de réaliser ?
Exactement ! En fait, je voulais sortir un peu du carcan... AC/DC, on leur demande de faire du AC/DC, et on leur reprochera de ne pas en faire. Mais avec BUKOWSKI, on a le droit de faire un peu tout, et là, je voulais sortir de ma zone de confort, faire un morceau qui raconte une histoire, et qui n’a pas forcément de refrain ou de couplet. Quelque chose d’évolutif, on peut dire progressif. Et je m’étais dit que ce serait intéressant de se confronter à ça. Et l’idée de base du morceau, ça part d’une idée que j’ai souvent : quand tu penses à ce monde, mets ta tête sous l’eau pour arrêter le bruit. C’est ce fameux silence agréable que l’on peut avoir sous l’eau mais pouvoir en plus respirer sous l’eau. C’est une image pour essayer de vraiment se relaxer le cerveau. C’est un morceau progressif que nous avons fait et cela a été l’un des plus compliqué à réaliser parce qu’effectivement, ce n’est pas notre exercice. Mais ça nous a donné envie par la suite de continuer à aller sur ce genre de terrain.

"Arcus" fait partie des chansons les plus marquantes et surprenantes, moitié spoken word en français, moitié chanté en anglais, qui n’est pas sans rappeler MASS HYSTERIA, par certains côtés.  Qu’est-ce qui vous a donné envie d’aller dans cette direction ?
Eh bien, Wojtek, c’est quelqu’un qu’on connait depuis longtemps, et qui a eu une ascension assez fulgurante dernièrement parce qu’il fait partie de la ligue Rap Contenders. C’est un type qui travaillait dans une salle de concert et qui s'occupait de la restauration. A l’époque, il était cuistot et n’était absolument pas connu, et il nous avait fait un plat qui s’appelait "l’osso BUKO". On est devenu très copains car c’est un gars très ouvert d’esprit, même s’il est axé rap. Et puis, je le dis à chaque fois, mais nous, dans BUKOWSKI, on est très "famille". Dans le Val d’Oise, il y a un vrai engouement de musiciens divers et on aime bien travailler avec des gens que l’on connait depuis longtemps. Ça faisait un moment qu’on en parlait, et on s’est dit qu’on allait tenter ça. C’était un poil risqué, effectivement, parce que l’usage du français, on se demande toujours si ça sera bien accepté. Même lorsque nous avons envoyé le CD au pressage, on s’est dit qu’on allait peut-être se faire défoncer. Mais c’était important pour nous qu’il participe à ce projet, et puis on est ravis de ça. Il est venu ici, chez moi, et en une demi-journée, c’était terminé. C’était super, c’est un mec formidable et nous sommes ravis qu’il soit sur l’album. C’est encore une fois la COVID qui fait que tu te mets à faire des choses que tu n’as jamais faites, car il y a toujours plus urgent. Et là, tu as le temps avec la pandémie, alors tu pars des fois dans des trucs, des expérimentations, et c’est ce qu’il s’est passé.

Effectivement, il n’y a pas eu que du négatif en fin de compte avec ces confinements. Cela a quand même permis de laisser du temps et de laisser l’esprit créatif se libérer complètement...
Complètement ! Ça a été un bonheur, pour moi. Pendant le premier confinement, j’étais seul chez moi, et je me suis remis à la peinture, j’ai appris à enregistrer des maquettes... Ce premier confinement a été extrêmement salvateur pour moi. Et en plus, j’avais pas attrapé le virus, donc ça allait (rires) !


Difficile à l’écoute de cet album de ne pas évoquer Julien, ton frère, qui était aussi l’un des piliers du groupe. Que représentent ces chansons pour toi, sachant que ce sont les derniers qu’il a composés et enregistrés avec toi ?  
(Il soupire) A vrai dire, c’est toujours très dur de les écouter, parce que j’entends sa voix et ça me tord la gorge, mais... Même là, rien que d’en parler... (NDJ : les larmes commencent à monter et Mathieu tente d’étouffer ses sanglots. Il a besoin de prendre une petite pause) Oui, c’est bouleversant à chaque fois, mais je vois que tout est très positif dans tout ce qui se passe maintenant. Et il n’aurait jamais voulu que l’on arrête le groupe. Il n’aurait pas voulu que sa mort entraine celle du groupe. Donc, on continue. Mais par contre, c’est un album que j’ai parfois du mal à écouter parce que dès que je l’entends chanter, ça me...

Oui, la décision de poursuivre l’aventure a dû être particulièrement difficile à prendre après son décès. T’es-tu posé la question de tout laisser tomber ? Ou était-ce évident de continuer, parce que, comme tu viens de le dire, il n’aurait pas voulu que vous arrêtiez ?
Il y a eu les deux. Moi, j’ai bien senti que je m’étais fait couper une jambe, parce que BUKOWSKI c’était deux jambes. Et on s'est posé la question. On a quand même mûrement réfléchi. Et même moi, je me suis demandé ce que j’allais devenir sans BUKOWSKI... Pour moi, pour ma santé mentale, il fallait que je continue le groupe. Donc, j’ai décidé de le faire. Et tout le monde a décidé de le faire aussi. Et on s’est dit que si on le faisait, c’était vraiment d’une manière exemplaire. Maintenant, c’est BUKO 2.0. Ce ne sera jamais comme avant, mais le groupe existe toujours. Et Julien... Moi, je ne crois pas en Dieu, mais des fois, je me dis qu’il nous regarde de là-haut, je ne sais pas...

Tu parlais de la difficulté d’écouter cet album, donc, en live, est-ce que ça te fait le même effet ou pas ? Est-ce difficile, ou arrives-tu à surmonter cela ?
Alors, en live, ça va. J’arrive à faire abstraction de tout ça. C’est surtout quand je l’écoute chez moi que c’est plus compliqué, car c’est bien plus introspectif. Mais sinon, sur scène, ça le fait. Je me dois de ne pas trop craquer. Je me demandais si j’allais tenir, mais là, on a joué encore récemment devant 1500 personnes, et c’était formidable. Tout va bien. En ce moment, ce n’est que du bonheur ! Ça valait vraiment le coup de continuer ce groupe, de continuer à le faire vivre.


Avez-vous déjà programmé une tournée pour la promotion de cet album ?
Ça va arriver au fur et à mesure. On va annoncer pas mal de dates d’un coup quand Rage Tour aura terminé de nous booker tout ça. Mais sinon, il y a une date très importante au Forum de Vauréal, le 15 octobre prochain. Ce sera notre release-party vers chez nous. Le Forum est un lieu qui nous a pris sous son aile depuis le début, et nous sommes ravis de présenter cette soirée là-bas. Il y aura plein de surprises, un vrai show assez "ouf".

Julien faisait les voix avec toi sur scène. Qui reprend ce poste alors ? Est-ce que vous diffusez des bandes enregistrées, ou est-ce votre bassiste Max Müller qui assure cette partie aussi ?
Alors, Max reprend les chœurs de Julien, mais, forcément, il n’a pas du tout la même voix. Et donc, il y a des moments où on lui rend hommage en balançant des bandes de lui qui hurle. On le précise bien sûr pendant les concerts, et de cette façon, il est aussi un peu là avec nous quand on joue. Mais sinon, Max fait un très bon boulot, il chante très bien. Par contre il a une voix beaucoup plus cristalline, et pas du tout éraillée comme c’était le cas pour Julien. Mais il fait le job à fond. Donc on mélange les deux. Il y a deux ou trois interventions de Julien qui arrivent comme ça, sans prévenir, et sinon, le reste, c’est Max qui fait le boulot.

A titre personnel, sur cet album, quels sont tes morceaux préférés, ceux qui te touchent ou te parlent le plus ?
Alors, c’est "Breathin' Underwater", clairement. Et puis "Arcus" aussi. Il y en a pas mal... J’aime bien "My Claws" aussi, qui parle de chats (rires), et  "Vertical" également.

Reprendre le poste de Julien, ce n’est pas évident. Comment s’est passée l’intégration de Max ?
Pour moi, c’était une évidence parce qu’il jouait avec lui dans un autre groupe qui s’appelle FULL THROTTLE BABY (NDJ : on vous en parle plus en détails ici et ici), et je l’ai presque forcé. Je lui ai dit qu’il fallait qu’il vienne. Lui était un peu perdu parce qu’il ne savait pas trop, il hésitait vraiment. Et quand il est arrivé, ça a été formidable. En plus, il est gaucher, et donc il joue avec les instruments de Julien qui était gaucher lui aussi. Il a récupéré le matériel de Julien pour lui rendre hommage. Il joue donc avec ses basses et ses amplis, parce que c’est vrai que le matériel de gaucher, c’est un peu plus compliqué à dénicher. Il y a pris goût finalement, et là, il est à fond, c’est génial ! Je pense que j’ai eu une très bonne idée de le faire venir. On me parlait de faire un casting pour trouver la bonne personne, mais, si cela avait été quelqu’un que je ne connais pas qui remplaçait Julien, je savais que ce serait très dur pour moi. Donc, Max est arrivé, et c’est royal !

"Brothers Forever", qui a toujours été l’hymne de BUKOWSKI doit résonner encore plus fort. Vous terminez les concerts avec celle-là, j’imagine ?
Maintenant, oui. On diffuse des vidéos et des photos de Julien pendant le morceau. Mais on ne veut pas tomber dans le pathos ! Ce qu’on veut, c’est éviter de plomber l’ambiance, donc on essaie de transformer ça en quelque chose de positif. Julien a toujours été quelqu’un de très festif, donc on travaille là-dessus pour éviter que cela soit trop larmoyant. Et c’est chouette ! On passe des très bons moments. On a encore des belles choses à faire.

Donc, il y a un avenir pour BUKOWSKI et il y aura un autre album après celui-là.
Ah oui, tout à fait (sourire) ! Plus que jamais d’ailleurs !

Un dernier mot pour nos lecteurs, Mathieu ?
Juste longue vie à vous et merci pour votre soutien ! Merci à tous ceux qui nous suivent.

Bukowskitheband


Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK