12 novembre 2022, 15:44

HARCÈLEMENT

13 chansons qui le dénoncent


Tous les groupes et artistes n'ont pas vocation à faire passer un message dans leurs textes. Mais certains, parce qu'ils ont vécu des expériences traumatisantes, côtoyé des personnes qui ont souffert ou tout simplement été touchés par un sujet grave, ont décidé d'en parler dans une ou plusieurs de leurs chansons. Pour le dénoncer et rappeler à leurs fans qui connaissent des heures sombres qu'ils ne sont pas seuls dans ce cas. Et qu'il existe des solutions... 
 

C'est bien connu, que l'on ait lu Sartre ou pas : l'enfer, c'est les autres. Le harcèlement, l'ostracisation et la moquerie ne sont évidemment pas que scolaires : ils existent dans le monde du travail, au sein des familles, parfois à l'instant où l'on met deux personnes dans la même pièce. Que le harcèlement soit physique, sexuel, verbal et/ou moral, qu'il soit direct ou par l'intermédiaire des réseaux sociaux où l'anonymat relatif donne des ailes à certaines et certains planqués, il ne laisse jamais leur cible indemne. Déshumanisation, dégoût de soi, traumatisme, dépression allant jusqu'au suicide dans certains cas, surtout quand les victimes ne sont pas écoutées et que les gens qui les entourent et sont au courant préfèrent détourner les yeux et minimiser ce qu'ils subissent. Plutôt neutre que de risquer de devenir soi-même une victime ou de trop s'impliquer, psychologiquement parlant, tant cela détruit. Car même des années plus tard, même si l'on a réussi dans la vie et tiré un trait (ou du moins tenté de le faire) sur cet épisode de son existence, les séquelles seront toujours là.

Plutôt qu'une longue liste – quoique mes recherches sur le sujet ont révélé bien moins de morceaux que ceux concernant les maltraitances et violences, sexuelles et/ou domestiques (Part 1 à retrouver ici, Part 2,) – voici 13 chansons qui parlent de harcèlement.

Si vous êtes ou connaissez quelqu'un victime de harcèlement scolaire : 3020 (numéro gratuit)
En cas de cyberharclèlement : 3018 (numéro gratuit)
Rendez-vous sur le site officiel du gouvernement 

Ces délits sont – censément – sanctionnés par des amendes et/ou de la prison. Alors, victime ou témoin : parlez.
 

BILLY TALENT : "Nothing To Lose" (« Billy Talent » - 2003)

Harcelé par des élèves de sa classe, un adolescent qui n'a aucun ami s'enfuit et se suicide. A travers cette chanson, le groupe de punk-rock canadien rend hommage à un jeune compatriote de 15 ans, désespérément seul et bouc-émissaire d'autres collégiens, qui a mis fin à ses jours en se pendant. Pour soutenir Kids Help Phone qui vient en aide aux jeunes de 4 à 21 ans via un service de consultation téléphonique et sur Internet, BILLY TALENT a versé à l'époque à l'association 1 dollar par passage en radio ou diffusion du clip dans son pays natal.

« Les profs ont dit que c'est juste une phase/ Quand je serai adulte, mes enfants feront sans doute la même chose/ Les gamins aiment bien taquiner les autres/ Qui aurait pu dire que ça m'emmenerait six pieds sous terre à 17 ans ? »


 

BULLET FOR MY VALENTINE : "Disappear" (« Scream Aim Fire » - 2008)

Plusieurs des membres de BULLET FOR MY VALENTINE ayant été harcelés à l'école, entre autres parce que leurs goûts musicaux et vestimentaires détonnaient avec ceux des autres élèves, l'idée d'écrire non pas un mais plusieurs textes dans lesquels la victime se retourne contre son agresseur était presque une évidence. Même si ce cas de figure est malheureusement relativement rare dans la vie, les harceleurs se regroupant souvent "courageusement" pour mieux piétiner leur victime... Les Gallois ont également abordé le sujet dans "Waking The Demon" sur le même album, ainsi que dans "You Want A Battle? (Here's A War)" sur « Venom » (2015). Même si dans ce dernier cas, la vidéo est basée sur la violence domestique et la vengeance d'une femme et de sa fille battues.

« Maintenant que tu as payé pour tout ce que tu as fait/ Tu as peur/ Plus pour longtemps, c'est presque fini/ Mon dieu, que suis-je devenu ?/ Tu essaies de te battre, tu ne fais qu'aggraver les choses/ Tes hurlement d'agonie seront ton verset final/ Maintenant tu me supplies de t'épargner (tu halètes)/ Toutes les fois où j'ai saigné, l'heure de la vengeance a sonné/ C'est quoi le problème, monsieur le gros dur, pourquoi ces larmes ?/ C'est toi qui m'y as poussé/ A présent, disparais ! »


 

ESCAPE THE FATE : "Ungrateful" (« Ungrateful » - 2013)

Le cycle infernal du harcèlement et de la violence. Et une vidéo "coup de poing", c'est le cas de le dire, pour le groupe américain qui termine par le message : « La violence est un cercle vicieux qui a valu à beaucoup de perdre la vie », suivie par la photo de six adolescents décédés, victimes de harcèlement ou de violence domestique. « Mettez fin à ce cycle maintenant » conclut le clip.

« Les mains en sang, je me bats pour une vie qui m'a jeté à terre/ Lève-toi et hurle pendant que le reste du monde ne fera pas un bruit/ Je me relève de mes cendres/ Un phœnix vivant et inspiré/ Tu ne peux pas m'effacer, tu ne m'impressionnes même pas/ Personne n'entend un seul de tes putains de mots »


 

KORN :  "Faget" (« Korn » - 1994)

De tous les musiciens de la sphère metal, Jonathan Davis est certainement celui qui a le plus mis en avant ses années de souffre-douleur au collège et au lycée. Celui dont le harcèlement et le mal-être qui en découlent sont, depuis le début, le carburant et la source d'inspiration principale. Voici quelques-uns de ses principaux textes, mais il y en a d'autres ("Clown", "Reclaim My Place"...).
Adolescent, Jonathan porte de l'eyeliner et écoute DURAN DURAN. Il n'en faut pas plus pour que les petits "durs" du collège, puis du lycée, en concluent qu'il est gay. Et qu'en tant que tel, il mérite d'être rabaissé. Surnommé "Faggot" (tapette), orthographié ici phonétiquement "faget", et "HIV" – soit "VIH" en français, le virus du sida, mot qu'il s'est fait tatouer sur le haut du bras gauche – l'adolescence du futur chanteur de KORN est loin d'être un long fleuve tranquille. Et, près de 40 ans plus tard, il en porte toujours les stigmates.

« On dirait que je ne pourrai jamais échapper/ A tous ces rires, à toute cette souffrance/ Qu'est ce que vous feriez si vous étiez à ma place ?/ Probablement rien, vous me jetteriez »


 

"Thoughtless" (« Untouchables » - 2002)

Le harcèlement vécu de l'intérieur. Dans le clip – magnifique comme toujours avec KORN – l'acteur Aaron Paul (alias Jesse Pinkman dans Breaking BadEl Camino et Just Call Saul) joue le rôle de la victime, Floyd Louis Cifer (un clin d'œil à Lucifer). Rira bien qui rira le dernier... Dommage que la réalité ressemble si rarement aux vidéos ou aux films...

​« Pourquoi est-ce que vous vous moquez de moi ?/ Vous trouvez ça drôle, putain, comment vous croyez que je le vis ?/ Vous vous en prenez à moi à tour de rôle/ Je veux vous voir pleurer devant moi après vous être chié dessus »


 

"Hater" (« The Paradigm Shift: World Tour Edition » - 2015)

Même si cela n'est pas évident à première vue, la chanson et son clip, certes très graphique avec ses scènes d'automutilation, une jeune fille qui se découpe le visage au cutter ou un bain de sang qui sont autant de métaphores sur la déshumanisation, le dégoût de soi et le désespoir que ressentent les harcelés, sont un message d'espoir. Entrecoupé d'interventions de victimes qui témoignent de leur expérience de souffre-douleur, il se conclut sur une note positive quand une jeune femme remercie ceux qui l’ont tourmentée de l’avoir aidée à devenir « une fille qui en a ». Le vidéo s’achève avec un message de KORN« Self harm or suicide is never the answer. Don’t let the haters win ». (L’automutilation ou le suicide n'ont jamais rien résolu. Ne laissez pas les harceleurs gagner.)
En 2017, un T-shirt "Freaks do it better" (quelque chose comme "Les erreurs de la nature sont les meilleures") à l'effigie de Jonathan Davis sera mis en vente et une partie des recettes sera reversée à l'American Foundation For Suicide Prevention et Stomp Out Bullying, deux organisations américaines qui viennent en aide aux victimes de harcèlement.

« Vous ne pourrez pas m'abattre/ Ma vie a déjà été complètement chamboulée/ Je dégringole dans une spirale descendante/ Mais je continue à me battre/ Vous ne m'abattrez jamais »


 

"A Different World" (feat. Corey Taylor) (« The Serenity Of Suffering » - 2016)

Une rencontre au sommet avec la participation de Corey Taylor, chanteur de SLIPKNOT, lui aussi harcelé quand il était adolescent.

« J'aimerais voir un monde différent/ Un monde où tu ne me trouverais pas »


 

PEARL JAM : "Jeremy" (« Ten » - 1991)

Vidéo marquante du début des années 90, "Jeremy" est basé sur deux histoires vraies. Celle de Jeremy Wade Delle, un lycéen de 15 ans, victime de harcèlement scolaire et délaissé par ses parents, qui s'est suicidé en plein cours à Richardson au Texas, en janvier 1991. Mais aussi celle d’un certain Brian qu’Eddie Vedder, chanteur de PEARL JAM, avait harcelé un an plus tôt au collège « et qui, un jour, a pété un câble et débarqué avec une arme au bahut. Il a tiré dans l'aquarium du cours d'océanographie » expliquera-t-il. Quant au refrain, « Jeremy a parlé en classe aujourd’hui », il a été inspiré à Vedder par le fait que les camarades de classe de l’adolescent qui ont été interrogés par la police l’ont décrit comme quelqu’un qui s’exprimait peu. Jusqu’à ce matin du 8 janvier où, quand la professeur d’anglais lui a demandé d’aller chercher un bordereau d’admission parce qu’il était arrivé en retard au cours, il est revenu, un 357 Magnum à la main. « Madame, j’ai trouvé ce que j’étais vraiment allé chercher » a-t-il simplement dit avant de se tirer une balle dans la bouche.

« Chez lui, il dessine des montagnes/ Au sommet desquelles il se tient, soleil jaune vif/ Les bras en l'air dans le V de la victoire/ Et les morts gisent au-dessous dans des mares bordeaux »


 

RISE AGAINST : "Make It Stop (September's Children)" (« Endgame » - 2011)

Une chanson qui dénonce l'homophobie qui, en septembre 2010, a poussé au suicide cinq jeunes Américains de 13 à 19 ans, ridiculisés et pris à partie dans leurs établissements scolaires respectifs en raison de leurs préférences sexuelles. Bien que l'information ait fait les gros titres outre-Atlantique à l'époque, Tim McIlrath, frontman de RISE AGAINST, sera le seul à écrire un texte sur ce douloureux sujet en exhortant ceux qui vivent la même chose à tenter de passer outre et, surtout, à ne pas commettre l'irrépérable. « J'ai été harcelé quand je suis entré au lycée, expliquait Tim à Billboard à l'époque de la sortie de la vidéo en partenariat avec It Gets Better, une association qui soutient les jeunes LGBTQ+ du monde entier. Mais j'ai eu de la chance parce que j'ai trouvé d'autres “freaks” comme moi et nous nous sommes soutenus mutuellement… J'avais des amis gay, dont un qui s'est suicidé. Ça m'a touché en plein cœur. »

« La rivière glacée a emporté son corps/ Mais comment pourrions-nous oublier ?/ Les rassemblements tiennent des bougies, mais pas leur langue/ Et trop de sang a coulé des poignets/ des enfants humiliés à cause de ceux qu'ils ont choisi d'embrasser/ Qui fera quelque chose pour arrêter cette effusion de sang ? »


 

SCARPOINT ft. SWEDEN UNITED : "Open Your Eyes"

En 2010, SCARPOINT, groupe de death mélodique suédois, initie un projet réunissant une impressionnante brochettes de chanteurs du cru. Sous le nom de SWEDEN UNITED, on retrouve en effet, outre le frontman Henrik Englund (qui a quitté AMARANTHE en juin dernier), Jens Kidman (MESHUGGAH), Jimmie Strimmell (DEAD BY APRIL, ex-NIGHTRAGE), Anette Olzon (ex-NIGHTWISH), Björn "Speed" Strid (SOILWORK, THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA), Zak Tell (CLAWFINGER), Martin Westerstrand (LILLASYSTER), Tom Englund (EVERGREY) et Peter Tägtgren (HYPOCRISY, PAIN, ex-LINDEMANN).

« Quand chaque jour est une épreuve/ Je me terre dans ma coquille/ Le sang qui coule dans mes veines cherche à en sortir/ Suis-je à jamais prisonnier de cet enfer ?/ Réponds-moi, mon soi-disant ami »


 

SHINEDOWN : "Bully" (« Amaryllis » - 2012)

Si à première vue, le texte de "Bully" semble encourager les victimes de harcèlement à se venger, Brent Smith, le chanteur, souligne qu'il ne prône pas la violence mais qu'il veut pousser les harcelés à se défendre, qu'ils soient enfants ou adultes, dans le monde du travail par exemple. 

« 8 heures du matin, je suis en enfer/ On dirait que j'ai une fois de plus franchi une limite/ en étant rien de plus que moi-même/ Alors brise mes os et lapide-moi/ On sait tous que la vie est injuste/ Mais nous sommes nombreux partout »


 

SLIPKNOT : "Disasterpiece" (« Iowa » - 2001)

Harcelé quand il était adolescent, Corey Taylor parle en termes très imagés du sort qu'il aurait aimé réserver à celui qui s'en prenait à lui. « Je voudrais te trancher la gorge et baiser ta blessure/ Enfoncer mon visage dedans et me pâmer/ Je veux creuser, trouver un petit morceau de moi ». Non sans évoquer également le vide abyssal et la douleur qu'il éprouvait. « Vire tes mains, je suis parti, au revoir, c'est tellement déprimant/ Je dépéris, à l'intérieur, mon âme a disparu/ Tout ce qui m'appartient est mort, alors je vais t'emmener avec moi/ J'ai l'impression d'être effacé/ Alors tue-moi au cas où »


 

THREE DAYS GRACE : "Bully" (« Life Starts Now » - 2009)

Là encore, les victimes se retournent contre leurs agresseurs. Adam Gontier, le chanteur, expliquait à l'époque à Noisecreep qu'il tenait son inspiration de son petit frère qui lui parlait des relations entre enfants à l'école et qu'il avait été touché par le fait que ceux qui avaient été malmenés pendant leur scolarité en restaient affectés pour toujours.

« Il se réveille, des voix plein la tête/ Personne ne le sait/ Mais aujourd'hui, il ne passera pas inaperçu/ Il ne peux pas oublier/ Il ne peut pas pardonner ce qu'ils ont dit/ Il n'a jamais été aussi blessé/ Mais aujourd'hui, il ne hurlera plus/ Accusez la famille/ Accusez le harceleur/ Accusez-moi »


Si vous êtes ou connaissez quelqu'un victime de harcèlement scolaire : 3020 (numéro gratuit)
En cas de cyberharclèlement : 3018 (numéro gratuit)

Rendez-vous sur le site officiel du gouvernement 

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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