24 novembre 2022, 19:17

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 62

Blogger : Clément
par Clément


L’équipe de Labels et les Bêtes a encore frappé ! Et vous a une nouvelle fois troussé une sélection de ce qui se fait de mieux en matière de metal velu qui sort des sentiers battus. Un menu alléchant concocté avec amour : du black metal protéiforme, du bon gros brutal death mais aussi du thrash à l’ancienne sans oublier un soupçon de sludge et de doom, mélancolie en open bar. Avec comme toujours un seul mot d’ordre à l’arrivée des frimas de l’hiver : se caler sous un plaid moche mais réconfortant avec le casque bien vissé sur les oreilles... car il est temps de se réchauffer les tympans !
 

MAUDITS & SaaR : « Split » (Source Atone Records)

On peut dire que ces deux-là ne sont pas du genre à traîner des pieds lorsqu’il s’agit de composer et enregistrer de nouveaux morceaux puisque leurs albums respectifs, « Angle Mort » et « Gods » sont sortis il y à peine... un an ! Mais cet empressement est ici récompensé par une œuvre une nouvelle fois de toute beauté.
Les vingt-quatre minutes que ce partagent MAUDITS et SaaR font la part belle aux mélodies aériennes et aux atmosphères intimistes. Mélancolique en diable, la composition à tiroirs "Berken" signée par MAUDITS est ici divisée en trois parties où le violoncelle intervient avec délice pendant que les riffs plongent, eux, toujours plus loin dans l’obscurité. Ce titre est une petite merveille qui ravira ceux qui suivent le trio devenu duo depuis ses débuts. Et SaaR n’est pas en reste avec "Loved" qui œuvre sur des terrains plus glissants voire boueux puisque planent ici les ambiances menaçantes du doom et du sludge. Le tout ne rechigne pas non plus sur les émotions comme en témoignent ces incartades aériennes qui s’installent avec délice tout au long du morceau.
Produites respectivement par les deux forgerons expérimentés que sont Fred Gervais et Francis Caste, ces nouvelles offrandes confirment le statut incontournable de ces groupes sur la scène hexagonale !
(Clem)


DEAD AND DRIPPING : Rééditions de « Profane Verses of Murderous Rhetoric » & « Miasmic Eulogies Predicating an Eternal Nocturne » (Percussive Spectre)

Noble initiative que celle du jeune label français Percussive Spectre de remettre à l’honneur les deux albums du one-mand américain DEAD DRIPPING.
Initialement sortis sur le Bandcamp du "groupe" en 2020 et 2021, les voici désormais disponibles en CD pour tous les amoureux d’un brutal death à l’ancienne exécuté dans les règles de l’art. Et si l’on aurait pu penser de prime abord que c’est du côté de CRYPTOPSY qu’Evan Daniele tire ses influences (le morceau "Dead and Dripping" figure sur le second album des canadiens), c’est plutôt sur les débuts discographiques de SUFFOCATION qu’il faut lorgner pour se faire une idée du style pratiqué.
Flagrantes sur le premier, plus nuancées sur le deuxième qui s’aventure sur des terrains bien plus complexes, ces influences poussent Evan dans ses retranchements et celui-ci répond présent à tous les niveaux avec une dextérité qui va en laisser plus d’un sur son séant ! Dans un genre où la précision et la maîtrise sont érigées en ligne de conduite, DEAD AND DRIPPING force le respect.
Artworks léchés et production rigoureuse (avec une mention spéciale pour « Miasmic… ») complètent ce bien beau tableau qui laisse présager d’un futur radieux pour Evan. Vivement la suite...
(Clem)


CROWN THE BEAST : « Spawn Of Tomorrow » (Autoproduction)

Belle surprise que ce tout premier essai du groupe danois qui n'avait jusque-là que deux petits singles à son actif : "Zealot" (2016) et "God Machine" sorti en préambule à cet album haut en couleur.
Avec des musiciens qui n'ont à priori qu'un passif très underground dans leur CV (2 ex-MITE et un ex-SNAKE PLISSKEN, nom tiré du film New York 1997 de John Carpenter bien connu des cinéphiles), une absence promotionnelle imputable à son statut d'autoproduction, « Spawn Of Tomorrow » aurait très bien pu passer sous les radars et pendant très longtemps.
Du coup cela aurait été fort dommage pour la communauté metal tant cet album de death thrash démarre de la plus belle des manières, par un "Angel Of Mercury" de folie sur une rythmique lourdement plombée, rythmique qui s'accélère dangereusement sur "Deathecreation" avant de retomber dans le riff pachydermique avec "God Machine" et plus encore sur "Gates Of Knowing" et son intro en tapping à la GOJIRA.
CROWN THE BEAST joue sur les tensions non sans un certain brio, défouraille sec en nettoyant en profondeur les esgourdes ("Hate"). On en redemande !
(Crapulax)


INGESTED : « Ashes Lie Still » (Metal Blade Records)

Derrière cette sublime pochette se cache une formation anglaise non moins sublime, en tout cas pour ceux et celles qui apprécient le death metal brutal élaboré dans les règles de l'art (avec l'utilisation de nombreux passages slam qui rapprochent irrésistiblement INGESTED de formations telles que LORNA SHORE ou CHELSEA GRIN).
A tel point que la production frôle la perfection et que les compositions semblent quant à elles ne jamais vouloir dépasser du cadre, même si de légers écarts se font aujourd'hui entendre comme des nappes de clavier ("You'll Never Learn", "Echoes Of Hate"...) ou des chœurs plus harmonisées ("All I've Lost" en compagnie de Matthew K. Heafy de TRIVIUM)... Enfin pas de quoi les faire passer pour un groupe de vendus au heavy symphonique non plus !
Bref, fidèle à ses débuts en 2009 avec le très primaire album « Surpassing The Boundaries Of Human Suffering » (le son de la grosse caisse surtout !), INGESTED continue de balancer des bombes incendiaires à la face du monde du metal tout en modulant son propos ("Scratch The Vein"). Comme disait Bernard Blier dans Les Tontons Flingueurs : « C'est du brutal ».
(Crapulax)


LES ENFANTS DE DAGON : « De Profundis » (Sliptrick Records)

LES ENFANTS DE DAGON est un nouveau projet français né en 2019, regroupant sept musiciennes et musiciens, évoluant dans un mélange de death, black et doom. Les 10 titres de leur premier album « De Profundis » sont loin d'être monochromes avec une véritable recherche aussi bien au niveau musical qu'au niveau conceptuel.
En effet, il n'est qu'une première étape d'une trilogie d'albums étayée de deux romans dont le thème principal est l'univers lovecraftien. En attendant les concerts/spectacles qui s'annoncent extrêmement visuels, plongez-vous au cœur d'un univers fantastique avec la mer féconde des créatures effrayantes en arrière-plan.
Les différents titres sont un juste mélange entre growls caverneux, voix lyriques féminines et riffs bourrus. Des titres pesants et atmosphériques comme "A Silent Pier" ou "De Profundis Mysteriis" côtoient des parties bien plus black comme "Esoteric Order Of Dagon" ou encore "Haunted Relic".
On ne peut s'empêcher d'y déceler une influence CRADLE OF FILTH au passage, notamment grâce au chant. Saupoudrez-y un peu d'ambiance doom et un peu de brutalité death et vous obtenez LES ENFANTS DE DAGON et leur monde obscur. A découvrir...
(Aude)


DELIVERANCE : « Neon Chaos in a Junk-Sick Dawn » (Les Acteurs de l'Ombre) 

Troisième album pour les Parisiens DELIVERANCE qui nous livrent ici six titres d'un black metal costaud et chaotique pour une durée totale de plus d'une heure d'une musique aussi agressive que saisissante. Dès les premiers riffs de "Salvation Needs A Gun", on ne s'y trompe pas : le quatuor n'est prêt à aucun répit ni aucune concession.
Les rythmes sont blastés, les lignes de chant sont hurlées, les riffs de guitares taillés dans l'acier trempé. Quelques synthés funestes viennent apporter leur touche d'effroi supplémentaire. La vraie touche personnelle, ce sont les passages psyché qui apportent un côté cosmique au morceau. "Venereal" est plus lourd bien que tout aussi black alors que "Odyssey" est très sludge, rock-psyché, dark-wave.
Pour autant, l'atmosphère reste glaciale. "Up-Tight" est à nouveau rapide et scandée, mélangeant passages corsés et mélodies plus ambiancées. Le final y est plus qu'imposant, malsain. "Neon Chaos" est une déferlante de riffs secondés par des blast beats puissants alors que "Fragments Of a Diary From Hell" termine ce bel album sur une plage de dix-sept minutes à l'allure de bande son fantasmagorique.
Que d'horizons parcourus ! Quand le chaos se vit musicalement.
(Aude)

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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