Quand quatre larrons amateurs de films gore kitschouilles, d’herbe qui fait rire et de mauvais goût revendiqué (je vous laisse jeter un œil pour cela sur les titres des morceaux du premier album, « Tortured Whole »), cela donne un groupe originaire de l’Ohio au patronyme imprononçable. Contraction de "sanguisuga", mot latin pour "sangsue" et "bog", qui est de l'argot anglais pour "toilettes", SANGUISUGABOGG a pourtant su s’attirer les faveurs du label Century Media Records après avoir sorti une unique démo, « Pronographic Seizures », parue en 2019.
De retour donc en 2023 avec cet « Homicidal Ecstasy », le quatuor met la barre très haut d’entrée de jeu avec ce qui devrait constituer sans nul doute l’une des pochettes les plus laides de l’année : un collage improbable couronné par un logo aux allures de giclée lactée malencontreuse. Mais SANGUISUGABOGG s’en moque parce que son truc à lui, c’est ce death metal façon gras-double recouvert de saindoux qui nappe les conduits auditifs en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. De ceux dont l’ombre du grand MORTICIAN plane avec bienveillance à chaque recoin (son guitariste Roger Beaujard poussait d’ailleurs la chansonnette sur le morceau "Menstrual Envy"). Mais si la comparaison tenait encore sur la démo et le premier album, SANGUISUGABOGG s’en affranchit ici tout d’abord par sa production. Cody Davidson (batterie) officie une nouvelle fois aux manettes mais a laissé les rennes du mixage au grand gourou Kurt Ballou (CONVERGE) et celles du mastering au non moins renommé Alan Douches. Le résultat est sans appel : un son intelligible, puissant, qui conserve suffisamment de crasse pour servir comme il se doit le propos des Américains.
De nombreuses embardées hardcore, sauvages à souhait et directes à la carotide viennent aussi taper l’incruste avec délice ("Pissed", "Mortal Admonishment", "Feening For Bloddshed") sur ce death metal caverneux et sans chichi. Les moins sensibles d’entre vous se rabattront sur ce zeste de grindcore qui fait une nouvelle fois mouche ("Hungry For Your Insides” et “Face Ripped Off”, torchés tous deux sans façon). Pendant que ceux qui doutaient encore des capacités techniques du groupe se délecteront d’un death costaud et maîtrisé ("Skin Cushion" et "Proclamation Of The Frail").
Vous l’aurez compris, il y en a pour tous les goûts sur ce nouvel album. Quittant lentement mais sûrement son statut de fondu d'un death primitif et bas du front pour s’ouvrir à de nouveaux horizons qui lui vont comme un gant clouté, SANGUISUNABOGG marque des points de suture avec « Homicidal Ecstasy ». Un vil plaisir qui ravira petits et grands frappadingues…
