Nous avions laissé BLURR THROWER il y a deux ans en compagnie de son premier album, « Les Voûtes », paru chez Les Acteurs de l’Ombre. Nous le retrouvons aujourd’hui sous un nouveau patronyme, LIMBES. Et si le contenant a donc changé, le contenu reste lui dans la même lignée de ce que Guillaume Galaup proposait au sein de sa précédente entité : un black metal sauvage et dissonant, bardé de trémolos, qui laisse la porte grande ouverte aux ambiances de fin du monde.
« Écluse » prend l'allure d'une véritable cavalcade noire qui marque le retour du one-mand sur le devant de la scène black metal hexagonale. Enregistré et mixé par Guillaume puis masterisé par Déhà, affublé d’un splendide artwork signé Dehn Sora, cet album ne laisse aucune place au doute. Ici chaque riff est ici forgé dans la dévotion aux ténèbres, chaque matraquage de fût est empreint d’une puissance inaliénable et chaque raclement de gosier renvoie une haine, une tristesse toutes deux palpables. LIMBES semble bel et bien avoir trouvé sur cet album le juste équilibre entre mélodies et agression. Que ce soit sur la montée en puissance de "Lâcheté" ou "Corridors", où le travail rythmique explosif se mêle aux blasts impitoyables ou sur ce "Leurre" final qui offre un visage plus oppressant, moins frontal.
Tout au long des multiples écoutes de « Écluse » les références outre-atlantique, ASH BORER ou WOLVES IN THE THRONE ROOM, viennent à l’esprit mais au-delà de ces filiations à priori évidentes, LIMBES s’en affranchit avec ses ambiances cérébrales et ses structures orageuses. Comme pour mieux assommer l’auditeur dès que les vocalises déchirées viennent reprendre leurs droits, aidées par une section rythmique habile dans tous les registres qui passe du black tourmenté aux plans atmosphériques introspectifs.
Voilà ce que l’on appelle une œuvre subtile et maîtrisée, toute en nuances, qui apportera son lot de sensations et de surprises aux amateurs du genre.