DEMONSTEALER, projet solo de l'un des représentants les plus emblématiques du metal indien Sahil Makhija (DEMONIC RESURRECTION), n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Pour cause, le démon originaire de Mumbai a ici mis les petits plats dans les grands pour ce quatrième album qui va en laisser plus d’un sur son séant. Un coup d’œil furtif sur la liste des invités a en effet de quoi donner l’eau à la bouche : Hannes Grossmann (ALKALOID, BLOTTED SCIENCE, ex-OBSCURA...), Dominic "Forest" Lapointe (AUGURY, FIRST FRAGMENT), James Payne (KATAKLYSM), Ken Bedene (ABORTED), Sebastian Lanser (OBSIDIOUS, ex-OBSCURA). Ajoutez à cette brochette Dean Paul Arnold (PRIMALFROST, ex-VITAL REMAINS), Kilian Duarte (ABIOTIC, SCALE THE SUMMIT), Alex Baillie (COGNIZANCE), Anabelle Iratni (DEVILMENT), Stian Gundersen (BLOOD RED THRONE) et Martino Garattoni (NE OBLIVISCARIS), et vous aurez une petite idée des réjouissances potentielles qui vous attendent à l’écoute de « The Propaganda Machine ».
Surtout qu’une fois passé l'épreuve délicate du "name-dropping", DEMONSTEALER peut bomber le torse dès les premières notes de "The Fear Campaign" puisqu’aucun doute n’est permis sur la qualité du bestiau qui redonne ses lettres de noblesse à un death metal technique, racé, symphonique sur les bords... à faire rougir FLESHGOD APOCALYPSE ! Les envolées de manches croisant le fer avec des claviers déchaînés sur fond de parties de batterie pantagruéliques à filer le tournis sont ici légion. Et les morceaux s’enchaînent, les mélodies de haut vol pleuvent, l’alternance entre grunts et chants heavy fonctionne sans faux pas pour offrir un résultat au final bluffant.
On sent bien que les cinq années qui séparent le petit nouveau de son prédécesseur ont permis à Sahil de mûrir son tour de force orchestral et de peaufiner la liste des nombreux invités qui apportent ici leur patte avec doigté. A l’instar d’Annabelle Iratni et ses superbes claviers ou les différents batteurs qui abattent un travail de bûcheron ou encore le travail de Martino Garattoni à la basse sur "Monolith Of Hate" et "The Great Dictator" : les invités se plient en quatre pour remplir le rôle qui leur a été confié. Et ce melting-pot d'influences se ressent sur l'identité des compositions, qui viennent piocher dans chacune des facettes du death metal tout en offrant une richesse d'exécution qui confère à cette recette une saveur unique. Une recette d'ailleurs peaufinée dans les moindres détails puisque l’album a été mixé et masterisé aux célèbres Hertz Studio par Wojtek Wiesławski et Sławek Wiesławski, et l’artwork, magnifique, haut en couleurs, est l’œuvre de l’artiste ukrainien Daemorph Art (Andriy Tkalenko).
En synthèse, DEMONSTEALER sait donc se faire technique sans tomber dans le démonstratif, se concentrer sur l'essentiel pour éviter les écueils des morceaux à tiroirs. Et signe un album solide qui réussit le tour de force de ne pas se limiter à une compilation d’invités sans queue ni tête mais à une oeuvre homogène où chaque participant tient la place qui lui revient. Oui, le pari initial était ambitieux... mais il est ici relevé haut la main à l’issue de ces quarante-trois minutes dantesques !
