8 mai 2023, 18:05

ENFORCER

Interview Olof Wikstrand

Blogger : Clément
par Clément


Aux côtés d’une poignée de quelques francs-tireurs, ENFORCER fait partie de ces groupes qui ont émergé au début des années 2000 avec une ambition toute simple : jouer un heavy/speed metal épique en diable sans se soucier des modes. Grand bien lui en a pris puisqu’il a été repéré par le géant Nuclear Blast Records pour la sortie de son troisième album, « Death By Fire », paru en 2013 et qu’il s’est inscrit depuis comme un incontournable du genre. Il n’en fallait pas plus pour que HARD FORCE taille le bout de gras avec son fondateur et maître à penser, le guitariste et chanteOlof Wikstrand, quelques jours après la sortie du sixième album d’ENFORCER: « Nostalgia »...


Olof, avant que tu ne nous présentes ce sixième album d’ENFORCER, peux-tu nous dire dans quel état d'esprit tu es à quelques jours après la sortie officielle ?
J(étais tellement impatient de pouvoir enfin sortir cet album ! Le temps m’a paru tellement long entre le moment où nous avons terminé l’enregistrement, il y a plus d’un an, et celui où il est enfin sorti. C’est un sentiment étrange qui domine aujourd’hui, partagé entre l’impatience et le soulagement... mais peu importe, nous y sommes et nous étions fin prêts !

Vous êtes l'un de ces groupes qui ont installé aux avant-postes cette scène revival du heavy metal avec « Into The Night » en 2008, n’avez-vous pas ressenti une certaine pression avant d'entrer en studio pour enregistrer ce nouvel album ?
En fait nous étions déjà à cette époque plusieurs groupes suédois à partager un état d'esprit assez similaire concernant notre vision musicale, ce qui nous a permis d’obtenir une reconnaissance de la part de nos pairs. Je pense notamment à PORTRAIT et IN SOLITUDE par exemple. Nous venions tous de la même génération et nous n’étions pas du tout dans la mouvance metal qui prédominait alors. Nous continuons aujourd'hui à faire ce que nous savons faire de mieux, toujours avec la même ferveur : jouer ce bon vieux heavy metal. Et ce, quinze ans après la parution de notre premier disque qui avait touché pas mal de fans. Au sujet de ta question, la réponse est un non franc et sans détour ! Nous n’avons pas ressenti de pression particulière d’autant que pendant ces quinze années, nous avons accumulé de l’expérience sur scène et en studio aussi bien en tant que musiciens qu’êtres humains. Cela facilite grandement la tâche et j’imagine que plus le temps va défiler, moins nous aurons de pression !

Depuis la sortie de votre album précédent, deux nouveaux membres ont rejoint l'aventure ENFORCER : Garth Condit à la basse et Jonathan Nordwall à la guitare, peux-tu nous dire quelle a été leur implication dans l’élaboration de « Nostalgia » ?
Au risque de te décevoir : très limitée ! Cela n’a rien contre eux, évidemment, ce sont d’excellents musiciens mais nous gérons tout avec mon frère Jonas, de la composition à l’enregistrement en passant par la ligne directrice musicale depuis toujours. Nous savons exactement comment doit sonner ENFORCER, Garth et Jonathan l’avaient bien en tête à leur arrivée et l’ont accepté, ce qui ne leur a pas interdit de donner des idées, d’échanger sur certaines parties de guitare. Mais ENFORCER reste avant tout une affaire de famille !

Votre biographie souligne que « l'album porte un regard réflexif sur tout ce qui a existé autrefois et un rappel que la vie est en perpétuel changement »...
En fait cette phrase illustre le fait que notre existence sur cette planète n’est que passagère. Plus les années passent et plus tu en prends conscience... alors que lorsque tu es adolescent, tu te crois immortel ! Plus sérieusement, nous nous rendons bien compte aujourd’hui qu’il est important de savourer chaque jour qui passe, de prendre conscience du plaisir de petites choses auxquelles nous n’accordions pas d’importance auparavant. Tout ce qui nous entoure change, que ce soit les humains, les animaux, les plantes ou les arbres, tout a un début et tout a une fin et nous ne pouvons rien y faire. C’est comme cela, il faut simplement l’accepter...

Venons-en à ce nouvel album. Le premier single qui en est extrait, "Coming Alive", met à l’honneur le côté classique et puissant d'ENFORCER...
En effet, c’est d’ailleurs l’un des titres les plus rapides que nous n’ayons jamais composé ! C’est du pur ENFORCER, donc du pur heavy metal qui, je l’espère, a donné l’eau à la bouche à l’ensemble de nos fans lorsqu’ils l’ont entendu pour la première fois...

Le second single, "Nostalgia", est quant à lui plus mélodique avec des éléments acoustiques qui en font une "power-ballad" imparable...
Oui, c’est peu comme le Yin et le Yang : alors que "Coming Alive" est un bon exemple ce que pourquoi nous sommes reconnus, ce heavy avec un côté direct et classique dans l’exécution, "Nostalgia" lui, affiche ce côté plus mélodique, presque délicat avec les éléments acoustiques que tu évoques. C’est en effet une "power-ballad" comme il ne s’en fait plus et nous en sommes très fiers. Le fait d’avoir choisi ces deux morceaux en avant-première nous a permis de montrer deux facettes très différentes d’ENFORCER...


Encore une fois ce nouvel album a été enregistré et mixé par tes soins dans les studios Hvergelmer avec Jonas. Les titres de l'album ont été enregistrés entre octobre 2020 et février 2022. Il semblerait que cette période de COVID ait été mise à profit pour composer et enregistrer à votre rythme...
La pandémie a tenu en effet un rôle important que ce soit dans le processus de composition ou dans celui lié à l'enregistrement de l’album. Mais nous avions bien en tête la direction que nous voulions donner à « Nostalgia » et tout ce temps nous a effectivement servi à pousser le concept à fond, en étant bien au chaud dans notre bulle. Le principal mot d’ordre était de s’adapter au quotidien dans ce contexte incertain... et le studio avait des allures de forteresse contre la morosité qui régnait à l’extérieur de ses murs.

En parlant de production, ne penses-tu pas que le regard d’un autre producteur apporterait quelque chose de différent à l'orientation musicale d'ENFORCER ?
Ah non ! Avec Jonas, nous savons exactement comment chaque morceau d’ENFORCER doit sonner, à la notre près. Nous ne voulons pas avoir quelqu’un sur notre dos en studio qui nous dicterait comment nous y prendre pour enregistrer. En fait, je produis l’album car j’ai les compétences pour le faire et je ne souhaite pas déléguer ce travail à quelqu’un d’autre... qui ne le fera pas mieux que moi. C’est aussi simple que cela !

Le message a le mérite d’être clair tout comme le titre de cet album, « Nostalgia », qui résonne comme un appel au passé...
Pas vraiment. D’ailleurs je ne vis pas dans le passé même si je m’en inspire beaucoup et que notre style est connecté à cette époque bénie des années 80. Seul le morceau "Nostalgia" évoque le sujet de ces années qui passent. Alors que des hymnes comme "Demon", "Kiss Of Death" ou "Keep The Flame Alive" perpétuent avec fierté des thématiques heavy metal traditionnelles comme les démons, la mort, la destruction et la liberté...

Certes mais cette expérience virtuelle « Nostalgia » que vous proposez sur le site de Nuclear Blast Records a bien des allures de machine à remonter le temps au coeur des années 80...
Oui mais « Nostalgia » doit être considéré avant tout comme un hommage à une époque révolue plutôt qu’une volonté de la faire revivre par tous les moyens en 2023. Et nous l’avons conçu comme une expérience qui transporte dans un voyage à travers le temps, au cœur des années 80 avec les images et les sons de cette décennie. C' est une époque qui tient une place particulière dans le cœur de tous les passionnés de heavy metal ! Vous pouvez d’ailleurs, si ce n’est pas encore fait, découvrir cette expérience à cette adresse : EnforcerNostalgia

Revenons en 2005, lorsque tu as décidé de créer ENFORCER. Les deux démos que tu avais proposées à l’époque, « Enforcer » et « Evil Attacker » annonçaient déjà la couleur : du heavy/speed metal authentique... Quelle était ton ambition alors ?
Il faut bien se rappeler dans quel état de déconfiture se trouvait la scène metal au début des années 2000 pour mieux comprendre pourquoi j’ai créé ENFORCER. Tous ces groupes de pseudo-metal générique, sans âme ni authenticité où la largeur du jean baggy et la taillle de la barbe comptaient plus que la musique, étaient légion. ENFORCER n’avait alors qu’une seule ambition : redonner ses lettres de noblesse au heavy metal ! Et je crois que depuis nous n’avons jamais dévié de notre ambition initiale...

On vous retrouve bientôt en France ?
Nous avons de très nombreux fans en France comme nous avons pu le constater lors de chacun de nos passages ces dernières années dans l’Hexagone. Votre pays fait honneur au heavy metal ! Alors je vous donne rendez-vous, tout d’abord le 20 mai, au 'Anthems Of Steel V" qui se déroulera à Chauvigny, dans la Vienne, puis au Hellfest sur la Mainstage 1 le samedi 17 juin. Et je vous garantis que ces concerts seront à la hauteur de vos attentes !

www.enforcerofficial.com

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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