2 août 2023, 23:59

WACKEN OPEN AIR 2023

@ Wacken (Jour 1 - Par Withacs B.)

L'année dernière on s'était dit qu'avec une journée supplémentaire de concerts, il fallait repenser notre organisation pour arriver à Wacken plus tôt... Histoire de s'installer tranquillement au campement, se remettre de la route et attaquer bravement le premier jour de festival... Spoiler Alert, ce ne sera pas pour cette fois ! Et quand les organisateurs annoncent qu'au vu des torrents de pluie en cours et annoncés sur le site, il serait préférable que les campeurs ne s'installent pas lundi, et qu'ils demandent aux festivaliers de reporter leur arrivée au lendemain, on se dit que finalement on a pas si mal joué notre coup et qu'un départ mardi matin est plutôt une bonne chose ! Le revers de la médaille c'est que les prévisions météo se sont montrées plutôt fiables et que cette édition s'annonçait très très rain et pas beaucoup shine...


Nous voilà donc partis aux aurores direction la Grand Messe ! Et on peut dire que la journée fût pleine de rebondissements, rythmée par les communiqués du Wacken, et intense émotionnellement ! Les caprices météorologiques en font baver aux organisateurs qui doivent faire jouer leur réseau pour trouver des solutions alternatives. Pour résumer, les festivaliers arrivés lundi sont en partie détournés à l'aérodrome de Hungringer Wolf où ils devront finalement rester. Des toilettes, stands de nourriture et buvettes seront installés dans la journée ainsi qu'un point pour retirer les bracelets d'accès, et un système de navette pour le site organisé le lendemain. Cela devient un camping officiel.

Ceux qui ont pu rejoindre le camping principal sont installés un à un, remorqués par un tracteur, autant dire que l'attente est longue mais petit à petit tout ceux qui attendaient ont pu prendre place. Des campements de fortune émergent  aux alentours de Wacken jusqu'à Itzehoe, les voisins ouvrent leurs terrains et le festival demande tout au long de la journée de retarder l'arrivée sur site jusqu'à annoncer de ne plus venir du tout... Tout le monde est dans le jus mais la réactivité Allemande fait une nouvelle fois ses preuves. 35 000 festivaliers n'ont malgré tout pas pu entrer sur la Terre Sacrée, les autorités ayant jugé que 50 000 personnes était la jauge maximale pour garantir la sécurité de tous. 

De notre côté, nous avons eu la chance de pouvoir nous installer sur un des campings intra-Wacken et surtout de voir arriver de grands gaillards motivés pour pousser la voiture à deux reprises et nous éviter de nous embourber. On arrive à monter la tente durant une accalmie et désormais il n'y a plus qu'à attendre l'ouverture du site et affronter les déluges annoncés pour profiter d'une édition qui s'annonce d'ores et déjà épique et mythique !


On se doutait bien que la première journée officielle de ce Wacken 2023, trente-deuxième édition, serait particulière. Les portes ouvrent à 13h45, les festivaliers découvrent sans grande surprise un terrain boueux et détrempé, mais tous ont le sourire aux lèvres et se dirigent vaillamment aux quatre coins du site. On reconnait tout de suite les habitués aux conditions humides : grosses bottes ou chaussures étanches et montantes, tenues de pluie optimales, et ceux qui sont plutôt dans l'improvisation avec les sacs poubelles dans les chaussures, chatertonnés aux chevilles. Il y a également les traditionnels pieds et torses nus (foutu pour foutu...) qui ne tarderont pas à se jeter dans la boue d'ici quelques heures... Certains se précipitent aux stands de merchandising, d'autres évidemment se ruent sur les buvettes et les autres foncent vers les scènes ! Malheureusement énormément de retard a été pris et tout le programme est chamboulé. 

Beaucoup de concerts sont déplacés, les horaires et les lieux sont modifiés sans que nous en soyons vraiment informés : l'application ne se met pas totalement à jour, et les informations indiquées sur les panneaux lumineux présents sur site sont erronées. A la Bullhead City, qui regroupe la W:E:T Stage et la Headbangers Stage, les six premières Metal Battle n'ont pas pu jouer, dont les Français XAON. NERVOSA est décalé et voit son set raccourci à seulement 35 minutes. Le cas HOLY MOSES nous aura tenu en haleine toute la journée, passant d'un créneau de 15h45 sur la Louder à celui de minuit sur la W:E:T. Heureusement que les groupes ont le temps en loge de mettre les infos sur leurs réseaux pour que l'on puisse s'y retrouver. Pour la première fois l'Infield, espace regroupant les deux Mainstages Harder et Faster, est ouvert le mercredi. Cette information a été diffusée il y a deux jours avec l'annonce de la prestation de BROILERS. La scène Faster sera donc utilisée aujourd'hui pour compenser le retard pris et permettre à une majorité de groupes de monter sur scène. 

Car le principal c'est que la quasi totalité des concerts prévus aient bel et bien lieu et que toutes les émotions engendrées par ces trois jours d'incertitude fassent ressortir le meilleur des artistes et du public. L'ambiance est à la joie, à la gratitude et au partage.

Cette édition marque aussi un événement particulier que beaucoup ne voulaient pas rater. Un grand hommage à Lemmy Kilmister est organisé, avec trois camion-bus chargés de metalheads qui paradent au travers du site, accompagnés par la fanfare du Wacken, les Wacken Firefighters, suivis par Phil Campbell et Mikkey Dee. Ils amènent une urne contenant une partie des cendres du frontman décédé, pèlerinage à destination du Landgasthof Wacken, dit LGH. Il s'agit de la taverne au centre du village qui accueille désormais un mémorial en l'honneur du chanteur de MOTÖRHEAD, avec quelques reliques lui ayant appartenu.


C'est finalement vers 18h00 que les metalheads accèdent à l'Infield, accueillis par une haie d'honneur de vikings en armure et c'est donc avec SKINDRED que les hostilités commence pour moi. Initialement prévu en même temps que DORO je n'avais pas spécialement envisagé d'assister à ce concert. On ne peut pas dire que ce soit le genre de musique qui me plait de prime abord, et il est très étonnant que ce soit celui qui ouvre la mainstage du Wacken en ce premier jour, pas mal d'aficionados du festival pourraient même trouver cela hérétique (mais où est SKYLINE??). Cependant c'est la deuxième fois que je les vois et on ne peut pas renier au frontman un charisme de dingue. L'énergie dégagée par Benji Webbe soutenue par un groupe solide rencontre son public qui se déchaine sur "Gimme That Boom".  Je suis malgré tout plus fascinée par le spectacle des deux pelleteuses ramassant la boue sur le site en attendant de retrouver les copains ! 

C'est donc une bière à la main et en bonne compagnie que je découvre BROILERS : l'invité surprise de cette année ! J'avoue être restée de marbre à son annonce, je ne connais pas ce groupe mais je veux voir par curiosité celui pour qui la Faster a ouvert ses portes un mercredi ! "When The Kids Are United" résonne dans les enceintes, cela me donne une petite idée de la suite... Effectivement, le groupe de Dusseldorf joue du punk-rock ! Je m'en vais pendant sa reprise de "Breaking The Law" de JUDAS PRIEST, non pas que je n'apprécie pas leur prestation, c'est plutôt dynamique et bon enfant (et elle chasse la pluie) mais il est grand temps de faire le tour des propositions culinaires. Il est bon de voir qu'année après année peu de choses changent à ce sujet, et que nous allons pouvoir respecter nos traditions ! 

Une fois restaurés on part direction la W:E:T Stage, pour voir PHIL CAMPBELL AND THE BASTARD SONS. Enfin, c'est vite dit... La famille Campbell joue très peu de ses chansons, seulement cinq. Le reste sera des reprises : "Silver Machine" de HAWKIND et "God Save The Queen" des SEX PISTOLS, et pas moins de sept chansons de MOTÖRHEAD, avec Mikkey Dee qui se joint à la fête du rock'n'roll sur "Overkill". Le Wacken Open Air ne faisait pas d'effet d'annonce en disant que cette journée serait sous la thématique "Lemmy Forever"! Malgré tout, c'est la première fois que je ressens une identité de groupe sur scène, non centrée autour du guitariste, ce qui est assez étrange au vu de la set-list ! Joel Peters est très en voix et les fils Campbell assument parfaitement leur art.


Un partie de l'équipe part voir BÜTCHER sur la Wasteland Stage. C'est le genre de groupe difficile à étiqueter, il joue du speed metal, certes, mais pas que ! Une pointe de thrash, un côté black, une touche de heavy... Là où le groupe met tout le monde d'accord c'est sur sa prestation : une bonne claque dans la face !  Le chanteur R Hellshrieker sait mobiliser le public face à lui, il prend l'espace sur scène, soutenu par l'énergie des musiciens. Son petit côté Floki (LE héros de la série Vikings) quand il se verse du "sang" sur le visage ajoute un côté morbide à la scène, très sombre, backdrop rouge, pied de micro en croix inversée. BÜTCHER joue avec les clichés du metal et ça marche, on se laisse happer par son rythme et sa prestance. Un groupe à revoir !

Il est l'heure d'accueillir la reine de la soirée et son groupe, DORO. Je me prends un sacré coup de vieux en pensant que la première fois où je l'ai vue, elle fêtait ses 20 ans de carrière, en première partie de SAXON à Lyon ! Aujourd'hui, ce sont ses 40 ans qu'elle a décidé d'arroser. La fête commence avec la diffusion de messages vidéo de ses amis n'ayant pas pu être présents physiquement (Johan Hegg d'AMON AMARTH, Klaus Meine de SCORPIONS, Rob Halford de JUDAS PRIEST, mais aussi des membres de HELLOWEEN, KISS...). Annonce en grande pompe au micro, le rideau est levé et ça y est, le show peut commencer ! Doro arrive tout sourire et entame "I Rule The Ruins". Elle déroule une set-list très axée sur la période WARLOCK, chante son nouveau single "All For Justice" et nous gratifie de reprises avec des potes venus la rejoindre sur scène, comme Joey Beladonna d'ANTHRAX avec lequel elle reprendra "Antisocial", ou Phil Campbell et Mikkey Dee pour "Love Me Forever" et "Ace Of Spades" de MOTÖRHEAD (avec de magnifiques images de Lemmy en fond). Si la Metal Queen commence à ressentir le poids des années au même titre que ses complices, elle tient sa scène comme à son habitude et règne en maîtresse des lieux. Quand "All We Are" retentit, la fin du concert se fait sentir. Tous ses invités montent sur scène (Joey Belladonna, Udo Dirkschneider, Hansi Kürsch, Sammy Amara et Michael Rhein) et même si ce titre est interminable, le tableau est plutôt plaisant à voir ! Le rappel arrive et à la fin du concert nous découvrons une des nouveautés de cette année : les drones ! Oubliez les feux d'artifices, faites place à la technologie 2.0 ! Le ciel s'illumine et la tête de Lemmy apparait, puis le logo du groupe DORO ainsi qu'un logo Wacken/Lemmy Forever. C'est beau !


Et c'est les yeux levés au ciel et les pieds dans la boue que je pars direction la W:E:T Stage pour un rendez-vous qui n'a eu de cesse d'être reporté aujourd'hui avec une autre prêtresse du metal, j'ai nommé Sabina Classen, frontwoman de  HOLY MOSES. Charismatique, elle balance son chant growl tout en souriant sans cesse. Les musiciens envoient, c'est une décharge d'énergie pure, du bon gros thrash dans mes oreilles. Quoi de mieux pour terminer cette journée de folie ?  

Ainsi s'achève ce premier jour de festival, placé sous le signe des femmes, mises à l'honneur dans la programmation (BEYOND THE BLACK, BATTLE BEAST, DORO, HOLY MOSES, SKEW SISKIN) et de Lemmy. Il est temps de retrouver la tente et de prendre des forces pour demain, en espérant que le sol du Holy Ground reprenne un peu de fermeté et je suis confiante ! Il a certes plu aujourd'hui, mais beaucoup moins que ce que tout le monde redoutait. La magie du Wacken c'est aussi le micro-climat qui y règne. Un brin de soleil, du vent et le terrain sera méconnaissable ! Wait and See...
Withacs B.

Photos © Nicolas Blond - Portfolio

Blogger : Nicolas Blond
Au sujet de l'auteur
Nicolas Blond
Tombé dans une marmite de metal en fusion quand il était petit (légèrement poussé par sa fratrie), c'est à l'âge de 7 ans que Nico encaisse les premières écoutes d'IRON MAIDEN, METALLICA, SEPULTURA, NIRVANA ou THE OFFSPRING qui le marquent au fer rouge. La Bête faisant son œuvre depuis, la guitare saturée est vecteur de sa vie où toute nouvelle expérience liée à la musique est une formidable opportunité. Ingénieur son de formation, musicien, organisateur évènementiel, c'est aujourd'hui la photo de concert qui le fait vibrer. Il voit le metal progressif comme la porte s'ouvrant sur l'univers, et le thrash metal comme le bélier qui l'enfonce, pour lui permettre de capturer la résultante visuelle de cette divine mélodie à l'aide d'un objectif.
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