30 juin 2024, 23:50

HELLFEST OPEN AIR 2024

@ Clisson (Jour 4 - Part 1)


Cette fois, ce n’est pas le ventre, ni le dos, mais carrément ma carotide que mon chat, décidément perturbé par les longues journées esseulé, décide de piétiner. Tentative d’assassinat déguisée, ou simplement un matou qui a besoin de présence et de câlins ? « Quand chachat s’ennuie, lui toujours faire ainsi » (seuls les amateurs de Tintin auront la référence !). Vous l’aurez compris, comme d’habitude, la sieste nocturne a été compliquée. 4 pauvres petites heures, on reste dans une bonne moyenne. Mais le ciel matinal, bleu et dégagé de tout nuage laisse augurer d’une dernière journée plus rayonnante que la veille, et ça remet du baume au cœur.


On ne traîne pas car c’est à 10h30 qu’est programmé BAD SITUATION interviewé la veille, et dont l’album fait partie de mes coups de cœur. Le challenge d’ouvrir cette dernière journée de festival repose entre les mains du duo, et la musique énergique qu’il propose est absolument parfaite pour nous donner un coup de fouet, alors que les visages présentent tous des traits tirés et des cernes en mode raton-laveur. Belle affluence de la part du public que l’heure matinale n’a pas effrayé. Certains connaissent les paroles des chansons par cœur, l’enthousiasme est palpable et nous aurons même droit au premier wall of death de la journée, pour la plus grande satisfaction du groupe. Très bonne prestation de la part d’un jeune duo prometteur à suivre de très près. Surtout qu’une demi-heure de set, ce n’est vraiment pas suffisant, alors que nous commencions à peine à nous mettre en jambes. La suite du menu se fait en forme de buffet froid sous la Temple, avec SANG FROID, groupe de cold-wave qui porte bien son nom, car c’est froid. Très froid, autant dans l'attitude des musiciens que dans la musique proposée, assez répétitive et lassante sur la durée, surtout avec une boîte à rythmes aux beats électro en guise de batterie. On ne peut pas reprocher au groupe de tricher sur le contenu, on sait exactement à quoi s’attendre. Mais tout cela me laisse plutôt… froide.


Il est temps de s’éclipser à l’espace presse/VIP pour retrouver Guillaume Bernard (KLONE), dont le groupe a donné l’avant-veille un sublime concert. Et comme le soleil brille de mille feux, nous nous installons à une table à l’ombre pour discuter tranquillement (interview à retrouver très bientôt dans ces pages). Cela faisait un bout de temps que je voulais voir DOOL en live et mon souhait se réalise sur la scène de la nouvelle Valley, au soleil de midi, certes moins propice à l’immersion que l’ombre qu’aurait pu procurer une tente, mais la musique du groupe batave est si prenante que l’on en oublie l’environnement et on se laisse happer par l’émotion introspective qui émane de la scène, captivé par cette mélancolie sombre, à la limite du mal-être. Il y a une souffrance psychologique réelle dans les riffs de guitares lancinants, mais aussi une certaine lumière. Même vacillante, elle est présente. Le public est fort nombreux sur la Valley pour applaudir comme il se doit l’une des meilleures prestations de la journée. A peine quelques enjambées pour rejoindre la Warzone où se déroule ensuite le concert de SCOWL. Le soleil à son zénith invite à une pause relaxation/bronzette sur les rochers, tout en profitant du show.


Tartinage de crème solaire obligatoire pour ne pas se retrouver cramé comme un homard que l’on vient d’ébouillanter. Niveau météo, on passe vraiment par toutes les étapes. C’est quand même étrange les giboulées de juin ! Mais revenons à nos moutons. Gang californien de hardcore bien violent, SCOWL est mené à la baguette par sa hurleuse en chef, la bondissante Kat Moss. Rien à voir avec le top model iconique. Sans parler de quelques rondeurs supplémentaires par rapport à la brindille, son goût vestimentaire douteux (chaussettes de foot montantes, short ultra-court et T-shirt bleu électrique assorti à ses cheveux verts et bleus) écarte vite le moindre doute quant à ses accointances avec la mode. Mais la donzelle déborde de peps et se débrouille comme un chef pour tenir uns scène. Ses cris peuvent toutefois lasser sur la longueur et on comprend que l’on puisse ne pas adhérer à 100 %. Perchée sur mon rocher en plein cagnard, je commence à me dessécher comme un vieux pruneau flétri, et il est grand temps de bouger pour trouver un peu d’ombre bienfaisante.


Direction l’Extreme Market où je n’ai guère eu le temps de m’attarder depuis le mercredi, histoire de flâner un peu et ramener quelques petits souvenirs supplémentaires, notamment une petite broche “Gloire à chaton” fort sympathique qui me rappelle les nuits que me fait passer mon démoniaque petit fauve. On retrouve aussi les copains une dernière fois afin de profiter encore quelques instants de convivialité avant de repartir au pas de course devant la MS1 pour BLUES PILLS qui remplace au pied levé HEART qui a dû se désister pour raison de santé. Dommage pour les amateurs de ces derniers, mais je suis, pour ma part, absolument ravie d’avoir enfin l’occasion de voir le combo de la blonde Suédoise Elin Larsson à l’œuvre. Déjà amatrice de leur musique sur disque, je savais déjà qu’elle était bien plus punchy en live, pour avoir vu des vidéos. Et c’est confirmé : BLUES PILLS est un groupe de scène détonnant, ultra groovy et dynamique. Une heure à danser sous le soleil, portée par la voix rauque et grave de la belle Elin, toute de bleu vêtue, et par le hard rock bluesy teinté seventies de son groupe. Si beaucoup de spectateurs sont présents, on regrette toutefois qu’il n’y ait pas une plus grande affluence, tant ces musiciens le méritent. En point d’orgue, le génial "Birdy" voit la vocaliste descendre dans le pit au contact du public, avec son sourire rayonnant et son immense capital sympathie. Groupe à revoir sans faute.

On remonte vers la Valley, avec toujours des ressorts dans les jambes suite à ce show galvanisant, où l’on espère assister à la fin du concert de THERAPY?. C’est là que les choses se compliquent : il y a tellement de monde, que certains se sont même installés sur les marches menant à la Warzone, bouchant ainsi le passage. Devenue experte dans l’art délicat du « Pardon, excusez-moi, désolée, sorry, scusatemi, lo siento… » (Oui, faut être multilingue, ça peut servir !), j’arrive toutefois à me faufiler par tous les micro-interstices disponibles pour me rapprocher du centre, mais arrivée à bon port, on n’y voit que dalle ! Obligée de remonter vers le fond afin d’apercevoir un bout d’écran, et rebelote, on emmerde tout le monde pour pouvoir passer. Quel bonheur ! Tout ce périple pour finalement ne pas apprécier le concert, les Irlandais ne semblant pas de la toute première fraîcheur (un abus d’Irish coffee, avec peut-être pas assez de coffee ?). Ils nous balancent des titres qui traînent en longueur, nous calent un solo de batterie totalement inutile au milieu, et "Nowhere", leur tube interplanétaire est tellement méconnaissable qu’on ne se rend même pas compte qu’ils l’ont joué.


Retour un peu dépitée donc vers la MS2 où s’active FRANK CARTER & THE RATTLESNAKES, qui nous fait, comme à l’accoutumée, le coup du bain de foule en plein milieu de la fosse. Rien de nouveau sous le soleil de Clisson, mais le bonhomme s’y entend pour remuer les masses, et si je ne suis pas fan de son punk alternatif énervé, il faut lui reconnaître des qualités indéniables de frontman et sa réserve inépuisable d’énergie. Avant de retrouver ROYAL BLOOD sur la MS1, on file vite refaire le plein de flotte pour ne pas se déshydrater sous ce soleil de plomb. Le duo britannique est attendu par de très nombreux fans et il n’est pas aisé de se frayer un chemin, mais je parviens tout de même à la barrière, à une position centrale entre les Main Stages pour mes deux derniers concerts de cette édition. ROYAL BLOOD est épatant ! Quel groove monstrueux, quel charisme, alors qu’ils ne sont que deux, que des mélodies efficaces qui donnent envie de danser tout du long ! Même si le ton est plus résolument rock que metal, cela n’empêche pas d’apprécier quand une telle qualité est au rendez-vous. Très attendu également, Corey Taylor va nous balancer une bonne baffe dans la gueule, énergétique, mais surtout hautement émouvante. Piochant allégrement dans ses différents répertoires (ses albums solo, STONE SOUR et, bien évidemment, SLIPKNOT), le frontman nous sert sur un plateau, et toujours avec sa voix exceptionnelle, des morceaux aussi divers que "Made Of Scars", "We Are The Rest", "Before I Forget", "Through Glass" et finit de nous achever avec "Duality".


Et puis des perles telles que la magnifique "Snuff", probablement la plus belle chanson qu’il ait jamais composée, à mon humble avis. Mais aussi ce moment d’une beauté rare lorsque le chanteur avoue la période difficile sur un plan psychologique et personnel qu’il vient de traverser, et sa déclaration d’amour à sa femme, présente en backstage sur le côté de la scène, qui l’a sauvé de lui-même et de ses démons. Il lui dédicace la belle balade, "Home", sans cesser de la regarder pendant que spontanément, la fosse s’ouvre et laisse place, non au traditionnel circle-pit, mais à des couples de danseurs qui s’enlacent. Ovation généralisée et méritée. Magique ! Il n’y a pas que des bourrins au cœur de pierre dans le monde du metal, même s’il y en a quelques-uns. Un moment de partage comme celui-ci prouve que la vie et l’amour sont parfois plus forts que la dépression et la mort. Car après tout, sans amour, que nous reste-t-il ? Une petite parenthèse : je ne peux que conseiller aux anglophones d’écouter le podcast "Occupy The Void" animé par les Australiens Christina Rowatt et Tim Charles (oui, oui, le Tim Charles de NE OBLIVISCARIS qui a joué ce vendredi sous l’Altar), dont le premier épisode, très émouvant, était consacré à l’interview de Corey Taylor qui s’est confié comme jamais sur sa santé mentale. Cet épisode a été enregistré peu de temps avant que le vocaliste ne sombre dans une profonde dépression.

Chers lecteurs, ainsi s’achève l’édition 2024 du Hellfest pour ma part. N’ayant été informée que depuis peu d’une possibilité d’interview de Tor Oddmund Shurke, guitariste de LEPROUS, le lendemain de mon arrivée à la maison, il me faut rentrer au plus tôt pour préparer tout cela, et bien évidemment, écouter le nouvel album au préalable. Encore du travail, mais surtout du plaisir, et l’amour de la musique qui fait vibrer chaque fibre corporelle, qui résonne dans chaque cellule de la peau et ouvre la voie à de si belles sensations. Car après tout, sans amour, que diable nous reste-t-il ?

Jour 1, Jour 2, Jour 3

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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