27 juillet 2024, 19:52

KLONE

Interview Guillaume Bernard


Après une entrevue en 2022 sur ce même site du Hellfest, nous retrouvons Guillaume Bernard, guitariste et compositeur de KLONE, pour un nouveau tête-à-tête détendu et amical lors duquel nous avons abordé le nouvel album, les tournées, les difficultés relationnelles et l’origine de l’inspiration créative. C’est toujours un plaisir de converser avec un musicien tel que Guillaume qui ne triche jamais et ne mâche pas ses mots quand il le faut. Pas de langue de bois, c'est un artiste honnête et sensible...
 

Bonjour Guillaume, KLONE a joué sur la scène de l’Altar, c’était votre grand retour au Hellfest depuis 2019. Comment l’as-tu vécu ?
C’était cool parce que cette fois, on jouait tard, contrairement à toutes les fois où nous avons dû jouer à 11h00. Là, nous étions programmés à 16h30. La tente était complètement blindée, ça dégueulait de partout  et j’ai rencontré plein de gens qui m’ont dit qu’ils n’avaient pas pu voir le concert tant il y avait de monde. On ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant de gens. Le concert ne s’est pas trop mal passé. On ne va pas faire des cas individuels, mais on a eu des problèmes techniques de merde (sourire). Je n’avais plus de son de guitare sur un morceau, et j’ai passé la moitié du titre à essayer de régler ça, mais apparemment, c’est passé, et les gens s’en foutent, car ce n’est pas ce qu’ils vont retenir du concert. Mais à part ça, il y a eu un très bon ressenti et tout le monde était bien à fond, les gens sont restés scotchés pendant le concert. Tout ce qui s’est dit, tout ce que j’ai entendu, ce ne sont que des retours extrêmement positifs. Cela veut dire qu’on a bien fait le boulot. L’ingénieur du son nous a dit que le son était énorme. Il a vraiment bien géré le truc et tout le monde était content. Et notre ingénieur lumières, Capsule, qui faisait les lights pour la première fois, mais qui connait bien notre musique, a vraiment bien assuré. On était vraiment contents du rendu. De belles impressions. On a soufflé un peu après. On a eu un petit stress car tout cela était très speed. Tu fais en sorte que tout se passe bien, mais plus tu fais attention, plus il y a de chances qu’il y ait un truc qui merdouille à un moment. Mais globalement, on est très contents.

Et puis, il y a eu le problème du camion, qui vous a lâché à deux jours du départ...
Oui, il y eu ça aussi ! Et moi, j’ai eu mon ampli guitare qui a grillé (rires) ! C’est pour ça qu’il y a eu plein de trucs qui se sont cumulés et ça commençait vraiment à faire beaucoup ! Mais tout s’est arrangé en bien : nous avons eu un meilleur ampli que celui qu’on a, pour le camion, Adrien de BEYOND THE STYX nous a contactés. Il nous a prêté un véhicule gratuitement, nous a même proposé de nous conduire. Finalement, nous avons eu de meilleures choses que ce que nous aurions dû avoir. Tous les problèmes se sont transformés en points positifs.

Avant d’aborder le sujet du nouvel album prévu l’automne prochain, peut-on revenir sur l’excellent « Meanwhile » paru en février 2023 ? Quel accueil a-t-il reçu ? Quelles retombées économiques a-t-il eu pour vous ? Et quel regard portes-tu sur lui avec le recul ?
L’accueil de la presse a été très bon, les retombées économiques ont été plutôt bonnes aussi, moins que « Le Grand Voyage », mais je m’y attendais un peu. On en était content au moment où on l’a fait, mais me concernant et avec du recul, c’est un disque sur lequel j’aime bien certains morceaux mais pas tout l’album au complet. On a voulu revenir à des riffs plus metal, mais on s’est rendus compte en les jouant sur scène que certaines chansons étaient plus compliquées à faire sonner. Nous aimons bien celles que nous interprétons sur scène. Cependant, quand tu essaies de faire le méchant, ça ne marche pas vraiment. Ça donne l’impression de faire semblant, et je n’aime pas quand on est entre deux. Cela donne quelque chose de pas vraiment assumé. Au final, je préfère largement le nouvel album à paraître, « The Unseen ». Et ce n’est pas seulement moi, tous les membres de KLONE partagent cet avis. On le préfère tous à « Meanwhile », on se sent plus en adéquation avec celui-ci qu’avec le précédent où il y a un peu trop de distorsion dans le son. On ne s’y retrouve plus par rapport à ce qu’on aime aujourd’hui. On a essayé un truc pour se faire plaisir sur scène et puis au public qui souhaitait un retour aux riffs plus incisifs, et pour éviter de refaire la même chose que « Le Grand Voyage ». On l’a plus ou moins fait, même s’il était quand même dans la continuité. C’est certain qu’on ne va pas faire un album de death metal. Dans son intégralité, je trouve que l'album a des parties plus dures à digérer en bloc, ou plus long à s’en imprégner. Je pense que le son peut faire un barrage. Je suis très fatigué des sons de distorsion de guitares, et quand je me bouffe un album avec de la guitare saturée pendant cinquante minutes, même quand c’est du rock comme PEARL JAM, ça me saoule. Ça me fatigue l’oreille. J’ai besoin de trucs plus doux pour tenir plus longtemps. C’est juste une histoire d’agression de fréquences. Je ressens de plus en plus ça dans la guitare, dès qu’il y a de la distorsion. Tu es content, et puis au bout de quinze minutes, tu n’en peux plus. J’ai une fatigue auditive plus sensible.

J’ai la nette sensation que cet album méritait d’être encore plus exposé qu’il ne l’a été. Vous avez fait quelques tournées, certes, mais pas autant que je le pensais, du moins en France. Est-ce un choix délibéré ou cela vient-il de la difficulté de mettre en place une tournée conséquente, ou de recevoir des propositions qui tiennent la route ?
Je ne suis pas d’accord. Nous avons même plus tourné que pour « Le Grand Voyage » ! On a fait l’Olympia, un Trabendo quasiment complet, on ne peut pas jouer quinze fois uniquement à Paris pour le même album ! En plus, on rejoue une troisième fois à Paris en octobre pour un show acoustique. Faire trois dates dans la même ville pour le même album, il n’y en a pas beaucoup qui le font. Et puis, pour les autres villes, il y a avait peut-être moins de dates, mais c’était dans des salles trois fois plus grosses que celles que nous faisions d’habitude. Je ne l’ai pas du tout ressenti comme toi. Nous avons fait des dates dans des pays où nous n’étions jamais allés, comme le Mexique. Nous sommes retournés en Angleterre une deuxième fois, après la tournée avec Devin Townsend, dans des salles bien plus grandes en première partie de RIVERSIDE. On a plus tourné cette fois qu’avec l’album précédent. C’est sûr que pour « Le Grand Voyage », il y a eu la COVID, mais nous nous sommes bien rattrapés malgré ces soucis. Je pense même qu’en termes de dates, nous en avons fait plus, environ une cinquantaine.

Peut-on dire que le nouvel album a été réalisé un peu dans l'urgence ?
Non, parce que nous n’avions pas envie de bâcler la production, et lorsque nous nous rendions compte que quelque chose n’allait pas, ou que cela allait pécher, nous ne l’avons pas laissé passer. On a refait les prises batterie ou guitare, en fonction des besoins. S’il fallait faire passer le son des guitares dans un ampli différent pour avoir un meilleur son, nous avons pris le temps de le faire aussi. Nous pensions que nous serions plus laxistes sur beaucoup de points, mais au final, nous avons été aussi exigeants que d’habitude. Les gens n’auront pas à ressentir quoi que ce soit par rapport au déroulement de nos complications.

A l’écoute, et sans tout dévoiler, on retrouve sans conteste la patte de KLONE avec un fort relent de vos deux albums précédents. Tu as déjà un peu anticipé cette question... les morceaux ont-ils été composés à cette période ?
Oui, largement ! Les compositions sont un mélange entre 2009 et 2015/2017. Une partie sont des morceaux que nous n’avions pas eu le temps de terminer pour « Black Days », certains n’avaient pas pu être achevés pour « Here Comes The Sun ». Ils étaient avancés, mais il y avait des blocages pour les finir. Pour l’anecdote, après « The Dreamer’s Hideaway », nous avions à l’époque tout un album qui était fait et qui devait s’appeler HERE COMES THE SUN en tant que groupe, et qui devait être un projet parallèle. Mais au final, on l’a assumé en tant qu’album sous le nom de KLONE. On avait à l’époque douze morceaux. Nous avions fait les prises batterie avec un batteur différent et nous n’étions pas satisfaits du résultat. Cela nous avait ramollis sur le processus, nous n’assumions pas ce qui avait été fait. On a laissé les morceaux de côté, et pour des soucis de motivation, nous avions refait de nouvelles compositions pour l’album « Here Comes The Sun » et nous n’avions gardé qu’un ou deux morceaux de la session précédente. Et ceux qui ont été laissés de côté sont ceux que nous sortons aujourd’hui. Il y a deux ou trois morceaux antérieurs, mais nous avons remis le nez dans ces compositions. J’ai refilé ce qu’on avait à Yann pour qu’on puisse avancer rapidement. On a réécouté ces vieux titres qui étaient bien avancés, et on s’est rendus compte qu’ils étaient bien cool. Et puis Yann a commencé à poser des voix dessus, ce qu’il n’avait pas eu le temps de faire à l’époque. Ça a commencé à sonner vraiment bien, puis on a fait des arrangements, on a bossé les basses et pris le temps de fignoler les morceaux, comme on aurait dû le faire à l’époque. On a fait ça presque dix ans après, mais avec un regard frais sur ce qu’on fait aujourd’hui. Cela peut paraitre bizarre de faire ça, mais dans chaque disque de KLONE il y a toujours des morceaux qui étaient mis de côté depuis longtemps, qui étaient en train de macérer, qui n’étaient pas terminés. C'était déjà le cas sur chaque album, donc, ça ne change pas de nos habitudes. Mais si j’avais dû composer d'autres morceaux aujourd’hui, cela n’aurait clairement pas été ce disque-là. Impossible ! Mais cela n’empêche rien. Le paradoxe est marrant : pour des morceaux qui étaient censés être des faces B d’une certaine période, on les trouve bien mieux que l’album que l’on vient de faire juste avant ! On les accepte plus. C’est un ressenti personnel, mais ce nouvel album sonne plus frais que « Meanwhile ». C’est une histoire d’esthétique pour moi.


Je ne serai pas aussi catégorique que toi concernant « Meanwhile ». C’est un album qui m’a fait vibrer dès la première écoute. D’ailleurs, un grand merci d’avoir joué pour la toute première fois "Blink Of An Eye", qui est une vraie merveille...
Oui, première fois effectivement. On n’était pas très à l’aise d’ailleurs. En plus, Matthieu était là pour le saxophone, alors on s’est lancés. On ne voulait pas la jouer en live, justement à cause du fait que la chanson contienne beaucoup de saxo. Ça nous faisait suer d’avoir tout sur bandes parce qu’il y a plein de choses qui se passent dedans. Pareil pour "Meanwhile", la chanson-titre. Nous avions essayé de la jouer précédemment, mais nous n’arrivions pas à la faire sonner comme nous le voulions. Nous l’aimons beaucoup pourtant. Mais pour le concert d’avant-hier, il nous a fallu faire des choix en fonction du temps imparti. Nous ne pouvions pas trop jouer de morceaux récents, sinon, nous étions obligés d’enlever des titres plus anciens. C’est compliqué de faire des set-lists, surtout quand les morceaux sont longs. Nous n’avons pas joué "Army Of Me", la reprise de Björk, alors que nous la jouons tout le temps. Mais comme on va la jouer ce soir, c’est pas grave. C’est dur de faire des choix.

Sur ce nouvel album, la mise en son et les lignes de basse d’Enzo sont absolument exceptionnels. L’as-tu guidé, ou a-t-il fait ses propres propositions ?
Non, Enzo est venu tout seul à la maison, et je n’ai pas eu grand-chose à redire dans ce qu’il a fait, 90% de ce qu’il a proposé était mortel. On a revu juste quelques détails sur ce qu’il m’avait envoyé. J’avais tilté sur deux ou trois trucs qu’il fallait alléger, ou essayer de trouver une autre tournure, mais en réalité, il n’a pas fallu revoir tant de choses que ça. Enzo est fort, il est à l’aise et a capté le sens que l’on veut donner à la basse. Il ne faut pas oublier que c’est un guitariste au départ et ce n’est pas si simple pour lui de se positionner en tant que bassiste. Quand tu es guitariste, tu réfléchis comme un guitariste. Mais là, il a compris les codes, il sait ce qui marche bien, il a su faire le boulot comme il faut. Et c’est clairement mortel ! Et le son de basse ressort bien mieux que sur « Meanwhile ». Elle est très bien mise en avant, et c’est tout à fait le genre de basse que nous avons toujours aimé avoir dans KLONE. Cela fait partie des points négatifs de « Meanwhile ». Ce n’était pas évident surtout à cause de la grosse distorsion. Là, nous avons vraiment un duo basse-batterie qui est cool, et ça joue bien.


Le ton de l’ensemble est plutôt jazzy, que ce soit avec les interventions de Matthieu Metzger au saxophone, ou bien sur le groove des chansons. Je pense notamment à "Desire Line". Etait-ce un choix volontaire ou cela s’est-il imposé de lui-même ?
Alors, oui, je vois de laquelle il s’agit. Son titre de travail, c’était "Swing". Elle commence par du saxo. Il est sympa ce morceau. J’ai un petit solo de guitare à la fin et cela fait un moment que je l’avais en tête sans l’avoir jamais enregistré auparavant. Ce petit thème revenait sans cesse et lorsque je l’ai envoyé à Matthieu, il s’est mis à le jouer au saxophone. Il l’a remis en boucle jusqu’à la fin, avec différentes modulations. Et quand j’ai entendu mon thème de guitare joué au saxophone, je me suis dit que ça ressemblait à du Franck Zappa. Je ne le voyais pas comme ça, mais le timbre de son instrument m’a fait penser à cela. C’est un gimmick qui ne me sortait pas de la tête et que je trouvais un peu kitch. Je ne savais pas trop quoi en penser. Mais je l’entendais tout le temps, et je me suis dit qu’il fallait que je l’enregistre et on verrait bien après. Lorsque je l’ai envoyé aux autres, j’ai cru qu’ils allaient se foutre de ma gueule, mais cela a eu l’effet inverse. Ils ont beaucoup aimé. C’est vrai qu’il est très particulier ce morceau. Il y a de l’air dedans et ça change un peu de ce qu’on a fait dans KLONE. Et ça fait du bien. Comme il est aéré, qu’il y a de la place, la voix peut s’exprimer comme il faut, les arrangements sont bien plus importants, et on l’aime beaucoup. Il aurait pu être sur « Here Comes The Sun », car il date de cette période-là.


Est-ce encore Morgan qui a enregistré la batterie ?
Oui, c’est Morgan, et ce qui est rigolo, c’est qu’il a enregistré ses parties chez Jelly Cardarelli, son remplaçant pendant la tournée avec Devin Townsend. Et pour le mixage de l’album, ce devait être Jelly, mais il ne nous a plus donné de nouvelles, alors, nous nous sommes rabattus sur notre troisième batteur, Romain Bercé, qui assure les tournées acoustiques avec nous, qui a mixé l’album. Les trois batteurs étaient à fond sur la production.

Justement, comment avez-vous procédé pour l’enregistrement ? Etiez-vous tous dans le même studio, comme pour « Meanwhile »?
Non, les prises batterie chez Jelly se font dans une toute petite cabine, et Jelly connait bien le son de sa batterie et de sa cabine. Et ça a bien failli ne pas se faire. Pour l’anecdote, Morgan devait enregistrer dès le lendemain de notre retour du Mexique. Or, nos valises ont été perdues et il y avait son matériel dedans. On a fini par tout récupérer au dernier moment. On a vraiment eu du bol, mais cela s’annonçait très mal. Et Morgan n’a eu que deux jours et demi pour faire ses prises. C’était ultra speed. Il a profité d’un court laps de temps où il était en France pour le faire. Je me suis occupé des prises guitares et basse, Yann a fait ses prises voix chez lui, Matthieu a fait les siennes chez lui aussi et après, on a tout envoyé à Romain Bercé qui a mixé l’album chez lui. Il habite à Poitiers alors on a pu y aller et faire quelques petits tours de passe-passe. Ce qui nous a permis d’aller au bout de ce qu’on voulait faire. C’était très simple, très fluide. Et surprenant, parce que Romain ne mixe pas ce genre de son d’habitude. Il ne vient pas du tout du metal. Il est dans le jazz et l’électro, des trucs qui n’ont rien à voir. Au final, il s’est vite fait l’oreille, a capté les codes de la musique, et il a fait un truc que je trouve très cool. Nous sommes très contents du son. Nous nous retrouvons dans ce que nous sommes, dans ce que nous jouons.


J’ai personnellement eu un gros coup de cœur pour "After The Sun" et son refrain superbe. Quel est ton morceau préféré sur cet album ?
C’est marrant, parce qu’on a galéré à trouver un single, mais en fait, ce sera celle-là que nous allons sortir, pas en premier, mais pour le clip-vidéo. Au départ, il y en a qui pensaient que c’était le titre le moins bien, mais moi, je l’aimais bien, et nous avions plein de retours positifs à son sujet. Pour te dire, même quand je n’avais que la musique, je l’avais appelé "Tube". Selon moi, c’est un morceau très calibré, avec couplet/refrain et une mélodie entêtante qui se retient bien. Quand Yann  a posé ses voix dessus, je l’ai trouvé encore plus mortel. Le fils de ma sœur qui est tout jeune mais qui suit KLONE depuis un bout de temps, qui écoute vraiment et connait précisément le timing de tout ce qu’il se passe dans nos morceaux à la seconde près, m’a dit que son morceau préféré était "After The Sun". Notre manager nous a dit la même chose, le futur réalisateur du clip aussi... C’est revenu de plus en plus, alors que les autres étaient plutôt sur "The Unseen", que j’aime bien aussi. Mais pour moi, ce n’est pas un single.

Peut-être moins accrocheur ?
Oui, c’est ça ! Même si je l’aime bien. Mais un single doit donner envie d’aller écouter le reste et dans ce sens-là, il est parfait. Notre galère maintenant va être de finaliser les clips. Il est prévu pour septembre. On sort un premier titre fin juillet, mais je n’ai pas encore la date précise. Ce sera la première, "Interlaced", parce qu’on a toujours mis la première de l’album comme morceau de présentation, même si ce n’est pas un morceau immédiat. C’est une belle introduction. On aime bien le solo de saxophone, il y a une certaine ouverture. Ça, c’est un morceau qui date de 2009.

Vous venez d’annoncer une mini-tournée acoustique en octobre prochain. Prévoyez-vous de jouer des chansons du nouvel album, sachant qu’il sort officiellement le 8 novembre ?
Oui ! On a rodé déjà deux morceaux sur la tournée au Royaume-Uni avec RIVERSIDE. On a fait "Interlaced" et "The Unseen" en mode acoustique. En fait, on a tenté plusieurs chansons, notamment la troisième de l’album, "Magnetic", un truc plus arpégé aux guitares, qui était aussi potentiellement un single pour nous. Maintenant, avec du recul, je n’en suis plus aussi sûr. Les deux premières marchaient bien et les gens ont aimé directement. C’est original, en plus, de présenter des morceaux en acoustique, avant que les gens découvrent les versions électriques. On s’est dit que ce serait une belle introduction au nouvel album.

Et justement, en parlant d’électrique, y-aura-t-il une tournée prévue par la suite, après la sortie de l’album ?
Oui, mais pareil. On a eu un autre souci, encore une fois. Notre tourneur, Syncope Prod, est en train de disparaitre. Et de ce fait, nous n’avons plus de tourneur attitré. Nous sommes en discussion avec plusieurs personnes pour reprendre le booking. Ce qui veut dire que là, à cause des périodes à caler en amont, nous sommes obligés de décaler le live pour avoir une tournée. Il n’y aura rien avant au minimum avril 2025. Ce n’est pas grave en soi, puisque l’album sort en novembre. Les gens auront eu le temps de se l’approprier. Il y aura quand même eu des vidéos, de la promo, et les dates arriveront un peu plus tard. Il faut que l’on confirme avec qui on va travailler pour qu’il puisse se remettre rapidement sur un planning de dates.

C’est probablement trop tôt pour en parler, mais, comme pour « The Unseen » vous avez repris d’anciens morceaux, es-tu en train de travailler sur du matériel récent ? 
En ce moment, j’ai plein de choses de côté que je n’ai pas eues le temps de finir et qui datent d’après « Meanwhile ». Depuis que j’habite à la campagne...

Ça t’inspire mieux ?
Non, justement, au contraire ! Avant, j’enregistrais plein d’idées au dictaphone, très facilement. Tout le temps, quand je marchais... Je marche toujours quand je vais promener mon chien. Dans la campagne, il n’y a pas de bruit. En fait, je me rends compte que lorsque j’étais en ville et que je m'ennuyais, j’aimais bien me poser tout seul et avoir du bruit ambiant, l’église qui sonne, plein de bordel dans les rues... Ça stimulait ma création sans que je cherche quoi que ce soit. Et je joue moins de guitare tout seul que je ne le faisais avant. Et ça me limite. Mais j’ai aussi l’impression que je suis en saturation, comme à chaque fois que j’ai trop de trucs que je n’ai pas eu le temps de bosser. Mon cerveau se met en pause et m’incite d’abord à finir ce que j’ai commencé, toutes ces bribes d’idées qui partent dans tous les sens, avant de repartir sur des nouveautés. Je n’aime pas avoir trop d’idées inachevées car cela me frustre. C’est pour cela que c’est cool d’avoir pu retravailler les morceaux de « The Unseen » car cela m’aurait vraiment frustré de ne pas avoir été au bout de ces idées. Je me dois d’assumer complètement mes créations. Et je ne peux pas non plus sortir deux disques par an ! Parfois, je me demande s’il n’y aurait pas moyen de faire un projet parallèle afin de sortir ce qu’il me reste encore dans les tiroirs. Je n’ai pas envie de garder les choses pour moi et j’aimerais faire aboutir tout ce que j’ai commencé à ébaucher. En ce moment, c’est plus calme effectivement. Et des fois, ça me fait peur. J’ai peur parce que je me demande si je n’ai pas perdu à un moment les idées qui germaient tout le temps, perdu mon inspiration. Avant, je ne me posais pas ce genre de question car j’avais des idées qui me venaient très facilement. Je ne cherche pas à forcer les choses. Si ça ne vient pas tout seul, comme c’est le cas en ce moment, j’espère quand même que ça va revenir ! Mon cerveau fonctionnait en mode automatique. Je ne me suis jamais posé en me disant que j’allais faire un composition sur demande. C’est toujours venu tout seul. J’enregistre les idées qui trainent dans ma tête pour je ne sais quelle raison. Et j’aime bien fonctionner comme ça.

Peut-être que ton cerveau a simplement besoin de repos...
Oui. Mais c’est bizarre quand tout se passe trop bien dans ta vie, quand tu te sens bien, que tout est fluide, il n’y a plus de choses négatives à transformer en émotions. J’avais déjà remarqué ça avant sur « The Dreamer’s Hideaway », qui est un album beaucoup plus positif que « Here Comes The Sun » et même « Le Grand Voyage ». C’est toujours comme ça. Il y a un disque sur deux où des trucs me sont arrivés et il a fallu faire sortir les choses de cette façon. Cela se ressent aussi avec les auditeurs qui peuvent être tristes et intimement touchés par la musique. C’est marrant de voir que les gens peuvent ressentir des trucs qui sont sortis instinctivement, une sorte de tristesse qui s’est transformée en musique.

La création se nourrit de ton expérience personnelle, de ce que tu vis, de ce que tu es. Et lorsque tu vis des choses négatives ou un peu dures, c’est ce qui va te nourrir le plus. Quand tu es heureux, tu es simplement bien...
Tu vois, sur « Le Grand Voyage », c’était vraiment le cas. Une grosse période au fond du trou pour moi. Avoir autant de gens qui sont touchés par cet album... Je me revois en train de trouver mes idées, alors que j’étais au plus bas, limite au bord des larmes (rires). C’est pour me vider la tête et tâcher de ne plus être triste, retransmettre mes émotions avec des notes. Je trouve cela fou que sur des morceaux comme "Silver Gate" ou "Yonder", il y ait eu autant de gens qui nous ont avoué avoir pleuré à chaudes larmes !

Mais complètement ! On se reconnecte, on se relie avec la musique. Même si nous n’avons pas vécu la même expérience, que nous n’en sommes pas les créateurs, c’est un écho de notre vie...
On a tous vécu les mêmes choses à un moment. Ce sont des émotions universelles. La magie de la musique est là pour moi.

Et pour conclure, il vaut mieux être malheureux pour créer ? (rires)
J’ai l’impression que pour moi, oui. Pour faire quelque chose de vraiment sincère et profond, tu n’as rien de mieux qu’un choc émotionnel fort qui va faire que derrière, cela va se transformer en un truc beau et profond. Et tu ne peux pas tricher. Je ne peux pas composer une musique triste si je ne le suis pas moi-même. Ce ne serait pas sincère.

Mais un choc émotionnel, cela peut être aussi un heureux événement... tu vas bientôt être papa !
Oui, cela aussi peut marcher. C’est juste que dans la musique, je n’aime pas les choses trop joyeuses. Quand j’écoute de la musique joyeuse, ça me rend triste. A l’inverse, quand j’écoute de la musique triste, ça me fait du bien, ça me libère, ça me soulage. J’ai jamais aimé la musique pour faire la fête, et ce, depuis que je suis tout jeune. Cela me hérisse le poil dans le mauvais sens. Ça les fait rentrer dans la peau ! (rires)
 

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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