Nous sommes (déjà) en 2024 et cet album fête ses... 40 ans !
« Tell me why I had to be a Maidenslave! » Fidèles lecteurs de mes digressions musicales sur le groupe, vous savez à quel point je suis fan d’IRON MAIDEN et me pardonnerez donc bien volontiers ce petit détournement de paroles tirées du morceau-titre de l’album « Powerslave ». Car si certains n’étaient pas encore esclaves du groupe en 1984, ce disque et la pharaonique tournée qui s’ensuivit mirent des chaînes de façon consentie à tous ceux restés jusque-là plus ou moins de marbre au heavy metal de la Vierge de Fer. En compagnie de H.G. Wells pour cette petite virée somewhere back in time, nous sommes donc à présent le 3 septembre 1984. Les juilletistes qui ont tout loisir de prendre des bains de soleil sont frappés par la foudre le 27 juillet avec « Ride The Lightning » de METALLICA, un album ralliant de nouveaux fans et divisant les « anciens » alors que SCORPIONS et sa « kolossale » balade "Still Loving You" sont en passe d’être en Europe les instigateurs d’un baby-boom dans les mois qui suivent. Arnold Schwarzenegger lui, se fourvoie dans la peu convaincante suite de Conan Le Barbare mais il se fera pardonner six mois plus tard en incarnant un cyborg mal embouché venu du futur pour retrouver une certaine Sarah Connor. Pendant ce temps-là, les membres du jury du Prix Goncourt sont en pleine concertation pour savoir s’ils vont l’accorder à Marguerite Duras pour son roman L’Amant tandis que, côté écologie, on tente d’endiguer en Belgique au large d’Ostende le naufrage du cargo Mont-Louis transportant de l’uranium après une collision avec un ferry. Dans l’hémisphère Sud, c’est pire. La nouvelle Constitution sud-africaine qui n’accorde aucun droit politique à la majorité noire entre malheureusement en vigueur et signe le début de troubles violents dans les townships tandis que le prêtre français André Jarlan est assassiné à Santiago du Chili par la police lors d’une manifestation contre la dictature d’Augusto Pinochet. Bref, rien de bien réjouissant dans cet almanach succinct de l’an de grâce 1984, à part en ce qui concerne METALLICA, SCORPIONS et, bien sûr, IRON MAIDEN.
Alors évidemment, chaque hardos se rue en ce jour béni chez son disquaire (« Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans... » etc) pour se procurer le nouveau vinyle, la K7 audio ou – une première – le CD de « AILLERONE MAÏDEUNE » afin de prendre sa gifle annuelle car à l’époque, il faut se remémorer que la plupart des groupes occupaient le terrain et enquillaient une sortie par an. Et si jusque-là, le quintet de la perfide Albion mettait en avant son agressif porte-étendard Eddie, mort-vivant de son état, dans des situations peu enviables (pour lui ou ses victimes), il se voit ici élevé au rang de pharaon à qui est dédié un temple à la hauteur de ce qu’il représente. Et « Powerslave » est clairement un temple à sa hauteur, bâti par ces cinq maçons non pas égyptiens mais anglais. Un troisième album où officie Bruce Dickinson et sur lequel il peut continuer à s’exprimer librement puisque contractuellement parlant, ses obligations avec son ancien groupe SAMSON ne lui avaient pas permis en 1982 de participer à la composition – officiellement du moins – de son premier album avec les boys, « The Number Of The Beast ». Ayant pris ses marques sur « Piece Of Mind », la bête prend définitivement ses aises et ne va donc pas chômer, signant en compagnie du guitariste Adrian Smith le premier single de l’album, "2 Minutes To Midnight", morceau squattant régulièrement les set-lists du groupe et écrit en vingt minutes dixit Adrian : « Nous étions dans un hôtel sur l’île de Jersey pour composer l’album et Bruce et moi partagions des chambres contiguës. Un jour, j’ai joué le riff et il est venu frapper à ma porte en me demandant de lui rejouer. Il avait quelques paroles qu’il a alors fredonnées, a écrit le reste directement sur place et vingt minutes plus tard, le morceau était terminé. ». On y retrouve notamment la phrase « Blood is freedom’s stain », quelques mots qui avaient alors marqué le chanteur, extraits du roman de Michael Herr, Dispatches, paru en France en 1977 sous le nom Putain de Mort et dont Apocalypse Now est l’adaptation cinématographique. Mais il appose aussi son sceau sur le morceau-titre "Powerslave", l’un des deux pavés du disque. « C’est vraiment un titre et un sujet solides indique le bassiste et leader Steve Harris et ça tombait sous le sens de l’utiliser pour le nom de l’album. Il fait naître toute sorte d’imagerie. Cela nous a également inspiré pour ce que nous allions faire sur scène. ». En passant rapidement sur "Aces High", chanson pour laquelle tout a été dit et redit, prenant une dimension particulière sur scène avec l’ajout d’un extrait de discours de Winston Churchill, on s’attardera plus volontiers sur "Losfer Words (Big ‘Orra)", dont le nom signifie réellement lost for words (big horror) (à traduire par « à court de mots (quelle horreur) ») comme l’a expliqué le leader-bassiste : « On ne savait vraiment pas quoi écrire comme paroles sur cette composition alors on l’a laissée telle quelle et on a trouvé amusant de l’appeler ainsi. ». Après "Transylvania" sur le premier album, l’intro "The Ides Of March" et "Genghis Khan" sur « Killers », c’est le dernier morceau instrumental du groupe à ce jour. Une version en concert existe que l’on peut retrouver en face B du single live "Run To The Hills" paru en 1985 pour la promotion de l’album « Live After Death ». Une chanson jouée uniquement lors du « World Slavery Tour » et plus jamais depuis.
Les chansons "Flash Of The Blade" et "The Duellists" qui se suivent sur la face A du disque, traitent toutes deux d’un sujet similaire mais abordées d’un point de vue différent et écrites par deux personnes différentes, respectivement Dickinson (encore lui ?) et Harris. "Flash Of The Blade" tout d’abord qui, bien que jamais jouée en concert, sera tout de même mise à l’honneur en faisant partie de la bande originale de Phenomena, long métrage horrifique réalisé par le transalpin Dario Argento et sorti sur les écrans en 1985. Autre accointance entre ces deux morceaux, cette fois cinématographique et résidant dans le fait que "The Duellists" soit inspiré du film du même nom réalisé en 1977 par le britannique Ridley Scott avec Harvey Keitel et David Carradine dans les rôles principaux. Intéressant d’apprendre de la part de Bruce, épéiste émérite qui continue à pratiquer encore aujourd’hui, que « celui qui a été en charge de chorégraphier les combats dans le film Les Duellistes s’appelait Bill Hobbs. Il a fondé un club d’escrime qui s’appelait le Swash And Buckle, un club où j’ai pratiqué. » Il précisa pour le magazine Sounds : « J’avais ma chanson et j’ai découvert ensuite que Steve avait écrit la sienne. Elles ont une approche différente mais ont un thème similaire. Les autres groupes écrivent sur des femmes de petite vertu, IRON MAIDEN sur des épéistes ! » Bruce omet cependant qu’à cette époque, MAIDEN avait tout de même rendu hommage à ces accortes dames et avait fait d’une prénommée Charlotte le sujet de deux titres, "Charlotte The Harlot" (1980) et "22 Acacia Avenue" (1982), une histoire qui se terminera sur deux-roues et dans un train d’enfer dix ans plus tard avec "From Here To Eternity". Mais revenons-en à nos oiseaux avec la pièce maitresse de l’ensemble et la note finale de ce disque, une déclinaison musicale du poème du même nom écrit sous la plume de Samuel Taylor Coleridge, datant de 1798 mais réécrit en 1817 pour en moderniser l’orthographe, y compris celle de son titre : Ancyent Marinere. "Rime Of The Ancient Mariner", car telle est le nom de cette épique ritournelle, culmina pendant de longues années comme la chanson la plus longue écrite par le groupe, détrônée seulement par "Empire Of The Clouds" et ses 18 minutes que l’on retrouve sur l’album « The Book Of Souls », paru en 2015. Manuscrites, Harris déclara que les paroles couchées sur le papier étaient accrochées en haut du mur en studio et finissaient au sol tant elles étaient longues. Une longueur non calculée cependant selon lui en ce qui concerne la musique : « Le plus drôle, c’est qu’on ne pensait pas qu’elle atteindrait 13 minutes, on travaillait dessus, on s’éclatait et on pensait qu’elle ferait en gros huit ou neuf minutes grand max. Quand notre producteur Martin Birch nous annonça une fois finalisée qu’elle faisait 13 minutes 30, on était genre « Putain de bordel, 13 minutes 30 ?! » Mais quand nous la jouons en concert, on n’a jamais l’impression qu’elle est aussi longue. ». Le bassiste ajoute : « Je me souviens que Rod Smallwood, notre manager, était énervé à cause de cette chanson. Mais ça ne m’a pas autant dérangé à sa conception. Lui à l’arrivée par contre… (rires) Il a probablement dû passer quelques nuits blanches suite à ça. Moi pas en revanche ! » Si ces durées n’étonnent plus personne de nos jours – venant du groupe surtout –, il faut se remettre dans le contexte d’il y a quarante ans et savoir que tous les morceaux de heavy metal étaient plus ou moins formatés pour durer 4 ou 5 minutes tout au plus et que Rod y ait alors vu, en bon manager, le côté « à vendre » loin d’être évident.
Aux manettes une fois encore, l’indéboulonnable Martin Birch qui, dans les crédits de l’album, se voit affublé cette fois du sobriquet « Pool bully », soit « le bourrin de la piscine » pour sa propension à pousser tout le monde à l’eau lorsqu’il passait à proximité d’un des boys. Entre ça, ses démonstrations hasardeuses de karaté en studio manquant de faire valser les instruments alentour et les nuits à trinquer avec le chanteur Robert Palmer qui enregistrait aux Compass Point de Nassau à la même période, on ne peut pas dire que le producteur était dans la retenue, les deux accueillant même une fois aux petites heures du matin un Smith encore fortement alcoolisé de la veille pour – respect H – torcher le solo de "Powerslave" en une seule prise. Une aisance à foutre le bordel certes mais un professionnalisme qu’on ne pouvait prendre en défaut, affublant sa patente sur les compositions du cru nouveau. Le contenu oui mais le contenant aussi. Sans ambages, une œuvre majeure due à l’artiste Derek Riggs qui accoucha d’une des pochettes les plus abouties faites pour le groupe. Lumineuse, solaire (« Râ » lovely!), elle tranche d’emblée avec l’aspect sombre de ses précédentes réalisations. Les plus attentifs aux détails auront à l’époque remarqué sur le format vinyle quelques easter eggs disséminés à l’envi, une tête de Mickey par ci ou des citations par-là. Entre autres, « Indiana Jones was here 1941 », « Wot a load of crap » (« Quel tas de merde ») ou bien un non moins distingué « Bollocks » (« Mes couilles »), savamment cachées parmi les hiéroglyphes du temple. Derek dévoilera d’ailleurs quelques anecdotes sur la conception de cette pochette : « J’ai démarré sur du format A4 et puis, au fur et à mesure, j’ai fini par 16 feuilles de ce format assemblées les unes aux autres (NDR : soit quasiment 1m2 !) et j’ai dit à Rod « Je peins ça du coup ? » et lui de répondre « Ben ouais carrément » (rires). Le groupe m’avait fait venir aux Bahamas pour je ne sais quelle raison et l’hygrométrie est tellement élevée là-bas que c’était une horreur de peindre avec un tel climat ! La peinture dégoulinait, j’ai dû faire affréter mes pinceaux, mon aérographe et un compresseur pour le faire fonctionner car tout ce qu’ils avaient sur place c’était genre une palette de peinture à l’eau, vous voyez les trucs pour gamins. Avec l’hygrométrie, l’air compressé était gorgé d’eau et ça gouttait quand je peignais. J’ai passé trois plombes à enlever une énorme goutte sur le nez d’Eddie ! Il fallait que ça cesse donc on a fait installer un déshumidificateur dans ma chambre. Alors ok les Bahamas, c’est très beau mais il n’y a vraiment rien à foutre sur place. Et quand ton matériel ne peut pas fonctionner correctement, ça devient vite très chiant ! (rires) ».
C’est le 6 août 1984 qu’IRON MAIDEN marque le début des hostilités avec la parution en single du titre "2 Minutes To Midnight" contenant, en face B, une reprise du groupe BECKETT, "Rainbow’s Gold" et surtout, "Mission From ‘Arry", enregistrement "pirate" d’une conversation ayant suivie un incident qui s’était produit sur scène le jour de cet échange haut en couleurs. Explications : un problème technique avait forcé le groupe à devoir faire patienter le public plus longtemps que prévu et ce, au moment du solo de batterie de Nicko McBrain. Harris alla voir un technicien pour le missionner afin qu’il demande au batteur de prolonger son solo le temps de régler le problème en question (un émetteur sans fil HS). N’arrivant à se faire comprendre par gestes et/ou borborygmes, le technicien en question ne réussit qu’à faire louper le solo de batterie au grand dam d’un Nicko furieux qui l’insulta littéralement à sa sortie de scène, s’emportant violemment en coulisses et s’en prenant également à Steve qui ne faisait après tout que défendre ce technicien. Le tout sous l’œil facétieux d’un Bruce Dickinson qui en remit alors une couche et appuya discrètement sur la touche "REC" d’un petit appareil d’enregistrement portatif à portée de main, faisant ainsi passer à la postérité cet imbroglio. Pour qui maîtrise la langue de Shakespeare, c’est très amusant surtout le passage final lorsque Steve se rend compte qu’ils sont enregistrés… Second de cordée le 22 octobre, "Aces High" renferme dans ses versions vinyle 12" à destination du Brésil et du Japon cinq chansons (une version live de "The Number Of The Beast enregistrée sur la tournée précédente au Westfallenhalle de Dortmund le 18 décembre 1983, concert qui avait été retransmis en partie par la chaîne ZDF ainsi que trois reprises, celle précitée mais aussi "King Of Twilight" de NEKTAR parue initialement en 1972 et enfin, "Cross-Eyed Mary" du groupe JEHTRO TULL que l’on retrouvait déjà sur la version US de l’album « Piece Of Mind » et en face B de l’un de ses singles, "The Trooper"). A cette parution s’ajouta dès le lendemain et en rayons une home-video de 30 minutes, « Behind The Iron Curtain », qui comprenait les clips des deux singles parus plus deux titres live, "Hallowed Be Thy Name" et "Run To The Hills", enregistrés respectivement les 14 août à Zabrze en Pologne et 17 août 1984 à Budapest en Hongrie. Cette vidéo se veut un témoignage éloquent d’un périple derrière le rideau de fer dans le difficile contexte géopolitique de la guerre froide entre les pays de l’Est et l’Occident, mais également une première pour un groupe de rock au sens large du terme s’aventurant en ces terres. L’hégémonie catholique en Pologne qui était réfractaire au metal et au régime en place expliquerait l’accord du pouvoir communiste alors en place pour la venue du groupe. Parmi le public de ce concert à Zabrze, un certain Piotr Wiwczarek, 18 ans à l’époque et fan de rock, qui avait fondé en 1983 son propre groupe, VADER. Il déclarera quelques années plus tard que pas mal de spectateurs présents ce jour-là avaient ensuite été incités à fonder leur propre groupe. La musique adoucit les mœurs et crée des vocations. La chaine musicale américaine MTV diffusera à l’époque une version longue de cette vidéo en y incluant des titres supplémentaires, montage que l’on retrouvera officiellement en 2008 dans les bonus de la réédition en DVD de « Live After Death ». Extrêmement bien ficelé au niveau marketing, un succès incroyable – et mérité – suivit la sortie de « Powerslave ». Et IRON MAIDEN d’en faire à ce jour sa troisième plus grosse vente avec plus de 9 millions de copies écoulées, dont 280 000 exemplaires vendus à sa sortie en France.
28 pays, 11 mois, près de 200 concerts. Des chiffres pharamineux pour illustrer une tournée pharaonique comme dit en préambule à l’issue de laquelle le groupe a manqué se disloquer (un an plus tard, Adrian Smith écrira "Wasted Years" en écho à cette tournée), ses membres étant éreintés par un rythme surhumain, Bruce en particulier l’ayant finie en burn-out total. Et Steve Harris de préciser : « Avant cette tournée, nous nous croyions invincibles mais nous avons rapidement réalisé que nous ne l’étions pas. Mais à cet âge-là (NDR : les membres du groupe avaient en moyenne 28 ans), tu es encore en plein apprentissage. Tu es au taquet et tu ne veux rien lâcher. Cela nous a donné une bonne leçon, il faut parfois savoir se réfréner. » IRON MAIDEN fera lors de la tournée « World Slavery Tour » sept fois étapes en France (à Annecy, Palavas, Toulouse, Bordeaux, Nancy, Paris et Lyon) accompagnés selon les dates et villes par ACCEPT et MÖTLEY CRÜE). La prestation donnée à l’Espace Balard parisien sera en partie retransmise sur les ondes par RTL, donnant lieu à un bootleg au son très correct que les die-hard fans se sont échangés depuis. Une tournée en forme de première, le groupe n’ayant alors jamais joué à un tel niveau de professionnalisme et avec une scénographie aussi importante, rien n’étant laissé au hasard. Ce qui fera notamment dire à Brian May, guitariste de QUEEN, « Mais comment est-ce que l’on va passer après ça, nous ? » tandis que MAIDEN était en train de mettre à genoux les 100 000 personnes présentes lors de la première édition du festival Rock In Rio en 1985. Timing parfait, le manager Rod Smallwood et le groupe décidèrent de faire paraître comme témoignage de cette tournée un premier – et double – album live enregistré majoritairement en Californie en banlieue de Los Angeles à Long Beach dans la salle du même nom et un autre captage, pour sa dernière face, à l’Hammersmith Odeon de Londres. Le 14 octobre 1985, « Live After Death », l’un des meilleurs albums live de tous les temps tous genres confondus selon les classements des magazines musicaux spécialisés metal ou non, porte le groupe au pinacle en mettant « Powerslave » en valeur le temps de cinq morceaux, les deux singles, le titre "Powerslave" bien entendu, l’instrumentale "Losfer Words (Big ‘Orra") ainsi que l’odyssée marine maudite "Rime Of The Ancient Mariner". Une tournée et ce morceau en particulier revisités en 2008 et 2009 lors du périple « Somewhere Back In Time » pour le plus grand plaisir des fans présents à l’époque et ceux qui se sont rattrapés à cette occasion (le groupe ne l’avait plus jouée depuis 1987). Steve Harris avait alors pointé au sujet de cette chanson que « c’est toujours épineux lorsque tu reviens en arrière et revisite quelque chose, tout en essayant de faire aussi bien que ce dont les gens se souviennent. La première fois que l’on découvre quelque chose, c'est toujours particulier, unique. Cela a été difficile de la refaire mais je crois qu’on ne s’en est pas trop mal tirés. L’idée était qu’une grande majorité du public était un peu passée à côté, tous ces fans qui n’étaient pas là à cette époque. On l’a fait pour eux. Je l’ai dit, on a fait du mieux qu’on pouvait. » Mais tout ceci est une autre histoire…
Les collectionneurs le savent bien, IRON MAIDEN n’aime rien tant que multiplier les formats de ses sorties et les rééditer au fil des années. « Powerslave » n’échappe bien évidemment pas à la règle et a bénéficié de nombreux supports différents à sa sortie, que ce soit pour l’album en lui-même que pour ses singles puis pour l’album principalement lors des rééditions. Faisons ensemble un rapide tour d’horizon de quelques pièces valant le détour pour leurs particularités ou leur exotisme. L’édition vinyle anglaise a une pochette qualifiée de granuleuse contrairement à la version française, visible à l’œil et au toucher (oui on sait, le réfractaire à la collectionnite s’en fout éperdument) et, toujours outre-Manche, la version picture-disc de 1984 voit le morceau "Powerslave" à cinquante-cinq secondes accélérer sans explication pendant une quinzaine de secondes environ. La version japonaise quant à elle bénéficie de ses habituels OBI, insert et poster (une photo live du groupe issue de la tournée « World Piece Tour » de 1983), un soin que l’on apprécie pour eux, moins en tant qu’Européens, nous qui sommes notamment laissés à la traîne. Les singles "2 Minutes To Midnight" et "Aces High" sont déclinés en vinyles 7" et 12" ainsi qu’en 12" picture-disc et cassette audio. En 1995, le label Castle Records aux Etats-Unis réédite l’album en double CD avec un disque bonus incluant les faces B des singles puis par deux fois en 2002 chez Sanctuary-Metal Is. Tout d’abord en digipack mini LP dans la collection « The Return Of The Beast » qui, en collectant des preuves d’achat et en envoyant en complément un règlement de 6,66 $, permettaient d’obtenir une version CD du culte « The Soundhouse Tapes » limitée à 666 exemplaires, en faisant dès lors également une pièce très estimable. Et une autre plus simple, sans chichis et similaire à notre édition remasterisée européenne de 1998 mais insérée dans un fourreau en carton. En 1998 justement, le Canada avait déjà eu une version en fourreau cartonné également mais qui proposait en visuel un Eddie en costume de la police montée. Malheureusement, cet apparat étant soumis à autorisation légale de reproduction, il avait fallu dans l’urgence tous les retirer de la vente quelques jours après la mise en rayons car la demande n’avait pas été effectuée auprès des autorités compétentes. Comptez de nos jours une centaine d’euros pour chaque version de cette édition... Enfin en 2014, l’Italie proposa à la vente en kiosques et à un rythme hebdomadaire vingt titres du catalogue du groupe dans un luxueux format CD digipack légèrement plus grand que la normale, le tout dans un coffret spécialement conçu pour les accueillir, regroupés sous le nom « The Beast Collection ». Les vinyles eux, attendront 2013 et 2014 pour une version picture-disc et pochette ouvrante puis vinyle noir 180g pochette simple « seulement », chacune de ces versions pouvant être rangées dans un coffret spécifique. Pris séparément et au fil de l’eau, ces éditions en coffret (CD ou vinyles) n’avaient l’air de rien à leur parution mais elles valent actuellement un beau billet lorsque complètes et en très bon état. Dommage pour ceux qui avaient alors laissé filer l’occasion de les acheter. Enfin en 2019, bien moins intéressante cependant, les versions remasterisées en CD digipack de l’ensemble du catalogue pour laquelle certains des disques étaient accompagnés d’un patch et d’une figurine mais « Powerslave » n’avait pour le coup pas été concerné par ce traitement.
Pour aller plus loin :
« Please Professor Maiden, teach me! (Part 5) »
« Le groupe lève le voile sur l’album « Powerslave »
Sources :
The Iron Maiden Commentary
Where Eagles Dare – Iron Maiden in the 80’s / Martin Popoff (Power Chord Express)
Run To The Hills – The Authorized Biography / Mick Wall (Sanctuary Publishing)
Metal – Diabolus In Musica / Corentin Charbonnier et Milan Garcin (Gründ)