
Après le très réussi « Mosaïc » qui avait apporté un peu de gaîté dans la morosité du confinement en 2020, LESOIR est de retour avec son sixième album. Tout aussi réussi et plaisant, le quintet s’est une fois de plus octroyé les services du duo John Cornfield (MUSE, SUPERGRASS, Ben Howard, Robert Plant...) et Paul Reeve (producteur vocal de Matt Bellamy). Si le rock progressif de LESOIR est plutôt lumineux, loin de la mélancolie, il n’en demeure pas moins réaliste. Pour preuve, la pochette qui propose une image brouillée de ce qui pourrait représenter un couché ou un levé de soleil. Si au sortir de la pandémie, le sentiment d’aller de l’avant et de repousser l’horizon est, somme toute, bien naturel dans nos sociétés qui se sont construites sur les valeurs de la liberté et des Droits de l’Homme, l'âge de l'insouciance est bel est bien terminé. Et pourtant comme le mentionne le groupe, nous continuons notre fuite en avant, sans réaliser que nous sommes collectivement à un point de basculement.
L’album commence par la chanson-titre ''Push Back The Horizon'' qui annonçait en début d'année, la sortie prochaine de l'album. Tout commence par un rythme de batterie comme si le cœur du groupe sortait de son hibernation. Rapidement rejoint par la section rythmique qui sonne le réveil avant que la guitare solo ne le fasse de manière plus insistante et renforcée par la voix qui appelle l’attention de l’auditeur. Plus posés, les couplets laissent place aux chants où Maartje accueille ses acolytes pour une ligne à quatre voix. La richesse de ce titre est aussi le dialogue de la flûte traversière et du solo de guitare, des cordes qui emplissent l’espace.
On embraye sur le rythmé et lumineux ''Under The Stars'' qui nous emporte un soir de nuit des étoiles sous la voûte céleste pour les explorer. Instant d'insouciance et de plaisir prolongé par le spectacle du vol des lucioles inspiré par ''Fireflies'' et son riff de guitare incisif. Plus posé, ''You Are The World'' est rythmé par un pattern de batterie et la basse qui lui donne son groove. Cela permet à Maartje de développer sa ligne de chant d’une voix posée et secondée par les chœurs assurés comme à son habitude par Eleen. Enigmatique, ''The Drawer'' commence sur un couplet parlé accompagné d'un arpège de guitare, suivi d'un second couplet plus rock et soutenu par un solo de guitare qui s’étire quasiment jusqu’à la fin pour laisser le titre se terminer comme il a commencé.
Vient le moment de l'instrumental ''AEON'' et si Maartje n’utilise pas son souffle pour faire entendre sa voix, elle le fait pour faire chanter sa flûte traversière. Un très joli et reposant intermède musical. Probablement le titre le plus sombre et triste de l’album, ''Nadi'' n’en demeure pas moins une très belle composition où l’on se laisse porter par la voix et la guitare. ''What Do You Want From Me?'' nous ramène sur un ton plus rock et familier puisqu’il nous avait été révélé en juin dernier. Le single, d’une grande richesse, est construit sur un rythme de batterie à la fois puissant et subtil et une ligne de basse qui apporte un superbe groove. Vient s’y greffer des gimmicks, des mélodies, des riffs, des chœurs et des orchestrations qui font de cette chanson une très belle réalisation. Elle est suivie du tout aussi familier ''As Long As Your Girls Smile'' qui avait aussi été révélé comme single et qui de manière rythmée et plaisante, aborde le sujet des liens familiaux.
C’est tranquillement que nous terminons ce nouveau voyage avec ''Why I Stand Here Now''. Une fois de plus, LESOIR démontre la solidité d’un collectif admirablement produit et coaché par le duo John Cornfield et Paul Reeve. Tout en restant rock, le quintet dégage à travers ce « Push Back The Horizon » une grande maturité musicale. De son écoute se dégage une force tranquille où chacun apporte une contribution fondamentale. On y retrouve une batterie qui donne le rythme, sachant se faire à la fois discrète et directive. Une basse capable d’apporter le groove sans pour autant nuire à la luminosité des compositions. Des claviers, des chœurs et une guitare rythmique qui apporte beaucoup de fluidité. Une guitare-lead volubile qui évoque par moment PINK FLOYD ou DIRE STRAITS. Sans oublier le chant principal qui a su se poser et accueillir les chœurs au service de cette force tranquille qui caractérise la musique du groupe. Et pour finir, une flûte traversière qui ne manque jamais d’apporter une note poétique toujours agréable à entendre.
Pour ceux qui opteront pour la édition limitée en vinyle , ils pourront profiter de ''Babel'', une pièce d’une vingtaine de minutes composées de sept parties parue en 2022 et jouée en solidarité pour les populations sinistrées par la crue de la Meuse en 2023.