27 septembre 2024, 17:20

NO ONE IS INNOCENT

"Colères"

Album : Colères

Ils furent du cercle des pionniers de la nouvelle vague du rock et metal français. Successeurs des TELEPHONE, TRUST, NOIR DESIR, BERURIER NOIR et autres MANO NEGRA, les années 90 virent d’émergence de groupes bien énervés, fusionnant les styles pour porter haut et fort leurs (nos) paroles de révoltes. Frères de combat sonore de MASS HYSTERIA, TAGADA JONES ou LOFOFORA (souvenez-vous du débat opposé l’œuf à la peau), NO ONE IS INNOCENT a tracé sa route et imprimé durablement son style en France à travers 30 longues années. Surprise, la bande à Kemar, qui peut se permettre d'être fatiguée d’avoir mené trop de luttes, d’avoir essuyé personnellement certains revers et attaques, livre un dernier disque. Ne restera que les prestations live. En guise d’ultime salve NO ONE, pour les fidèles, vous balance un vrai faux Best Of. Il y a du classique, du revisité, du live, et de l’inédit. Et quand on voit que ça s’appelle « Colères » on a tout pigé.

NO ONE IS INNOCENT vous offre le tout frais et niveau "L'arrière-Boutique du Mal". Charge dénonciatrice contre les charognards de la fake-news, les fausses victimes avides de 15 secondes de gloire médiatique. Les riffs sont lourds, entêtants tel de l’indus, la rythmique porte le sens de la charge vengeresse, la voix est pleine de rimes justes et baignées de colère, le solo quant à lui résonne en sirène d’alerte. "A la Gloire du Marché", l’une des dernières compositions n’a pas perdu de sa force. "La Peau", l’hymne des premiers âges lui emboîte le pas, histoire de raviver en nous l’esprit metal français sans confession. Que de souvenirs en réentendant cette noble sauvagerie. Dans ce beast ouf, forcément l’hommage "Charlie" a une place de choix, le groupe et son engagement pour toute liberté d’exister a toujours été un impertinent écho dans la savane.

NO ONE IS INNOCENT a choisi de livrer son "Chile" en version live. J’adore son rythme en rage progressivement libérée l’apport et la participation du public est bienvenue. Intellectualisation musicale de la révolte universelle. On ne manque pas de titres moments forts. "Silencio" tout en vacarme vocal, "Ali (King Of The Ring)" ou la déclaration d’amour si sincère à une personnalité hors normes, "Doberman" aussi câlin (ou canin) que peut l’être une rage contre la machine. On trouve beaucoup de titres de la dernière décennie, les derniers brûlots que nous avions très bien accueillis. "Frankenstein", "Nomenklatura" enregistré live, et le très rageux "Forces du Désordre". La jouissance metal en fusion de NO ONE IS INNOCENT, histoire de bien nous faire comprendre la perte culturelle occasionnée par la fin de production de ce groupe emblématique.

Les moments forts ne manquent pas, "Les Revenants" avec son hard and blues réveille nos désirs les plus noirs, nous poussant à déchirer le ciment des plaines pour enfin s’envoler vers notre paradis, au-dessus de l’enfer de Sarthe. Nouvel hommage à Charlie, puis l’immense "Massoud" est revisité à la l’orientale avec LAHAD ORCHESTRA. Une beauté spirituelle, avant la conclusion sur l’inédit "Ils Marchent". Dernier avertissement contre les dérives vestimentaires qui prôneraient de brunir ou noircir les chemises. Utiliser une passivité musicale est un joli contrepoint face au danger de la menace planant sur les démocraties.

Un règlement de comptes par KO au corral. Un dernier message offensif pour la route. De la dernière production de NO ONE personne... ne sortira innocent !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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