30 octobre 2024, 17:50

BLOOD INCANTATION

"Absolute Elsewhere"

Blogger : Clément
par Clément
Album : Absolute Elsewhere

J’ai encore du mal à compter le nombre d’écoutes qu’il m’aura fallu pour dompter ce troisième album du quartet originaire de Denver. Le précédent (« Hidden History Of The Human Race »), chroniqué en ces pages, m’avait déjà donné du fil à retordre. Et demandé du temps pour tenter d’en déchiffrer tous les contours. Mais là c’est du "next level". Est-ce une surprise ? Pas vraiment au vu du nombre incalculable de détails dont il fourmille. Un son, un style, une approche du death metal qui lui est unique. Et il le lui rend bien.

Divisé en deux parties, elles-mêmes séparées en trois chapitres distincts, « Absolute Elsewhere » est un disque ambitieux, pour sûr. Avec d’un côté, "The Stargate" qui prend son temps pour poser une ambiance spatiale quasi palpable et surtout "The Message" qui enfonce le clou en ravivant la flamme death metal avec un doigté magique digne d'E.T. « Téléphone maison pendant que tu le peux encore » . Point commun des deux blocs : chacun d’entre eux comporte la plupart du temps un riffing mammouth et des parties de batterie léchées, le tout ponctué de tremolo pickings tout droit sortis d’un espace intersidéral dans lequel Albator aurait pu se perdre. Où les rythmiques partent conter fleurette pendant que la basse et la batterie se livrent un duel de toute beauté.

Du death metal jusqu’au bout des orteils pour lequel BLOOD INCANTATION invoque un hommage, un héritage respectueux pour cette scène du début des années 90. Celle-là même où ATHEIST, NOCTURNUS et consorts régnaient en despotes. Bien sûr, trois décennies plus tard le son est différent, la technologie aidant, et seul l’esprit des pionniers reste palpable sur cet album. Qui divisera ou rassemblera, c’est selon, avec ces apports qu’OPETH semble lui avoir livrés cartes sur table. Ces parties prog' 70's éthérées, ces nappes de synthé floydiennes et cet esprit libre, frondeur, sans se soucier du qu’en dira-t-on ont de quoi questionner. Mais, un simple coup d’œil dans le rétroviseur permet d’en saisir la logique, implacable. Le groupe s’est en effet fendu, entre ces deux albums, d’un EP qui mettait déjà la puce à l’oreille. « Timewave Zero » paru en 2002 avait déjà posé les bases d’un chemin tout tracé pour « Absolute Elsewhere ». Ce disque, entièrement instrumental, avait laissé transparaître l’amour de BLOOD INCANTATION pour ces artistes des années 70 qui ont commencé à incorporer des synthétiseurs, en utilisant les équipements de l'époque pour aller au-delà des textures dites "standards" de la musique rock. YES !

Pour en revenir à l’album à proprement parler, il marie le meilleur des deux mondes. Ce death metal dont il avait régalé petits et grands sur ses précédents travaux, quelque part entre MORBID ANGEL et IMMOLATION et ce pas de côté progressif, vintage qu’il annonçait déjà sur « Timewave Zero ». Le tout façonné puissance mille avec un sens de la composition bluffant (Mazette, ce "The Message, Tablet III" et son finish hallucinant) et une volonté de dérouter l’auditeur à chaque instant. C’est louable, tant de groupes se contentant de dérouler une recette connue sans se remettre en cause.

Produit aux Hansa Studios de Berlin qui ont vu passer les plus grands, de KILLING JOKE à SIOUXSIE AND THE BANSHEES en passant pas TANGERINE DREAM, ce disque dénote une nouvelle fois de cette envie irrépressible de prendre à revers tous ceux qui l’attendaient sur une simple redite de « Hidden History Of The Human Race ». La mission est accomplie.

Magistral.

Blogger : Clément
Au sujet de l'auteur
Clément
Clément a connu sa révélation métallique lors d'un voyage de classe en Allemagne, quelque part en 1992, avec un magazine HARD FORCE dans une main et son walkman hurlant "Fear of the Dark" dans l'autre. Depuis, pas une journée ne se passe sans qu'une guitare plus ou moins saturée ne vienne réjouir ses esgourdes ! Etant par ailleurs peu doué pour la maîtrise d'un instrument, c'est vers l'écriture qu'il s'est tourné un peu plus tard en créant avec deux compères un premier fanzine, "Depths of Decadence" et ensuite en collaborant pendant une dizaine d'années à Decibels Storm, puis VS-Webzine. Depuis 2016, c'est sur HARD FORCE qu'il "sévit" où il brise les oreilles de la rédaction avec la rubrique "Labels et les Bêtes"... entre autres !
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