Il s’agit sûrement de l’événement de l’année. Sept ans après la disparition tragique de Chester Bennington, LINKIN PARK renaît de ses cendres avec comme nouvelle recrue au chant accompagnant Mike Shinoda, Emily Armstrong. D’autres changements sont également opérés au sein du line-up avec le nouveau batteur Colin Brittain et Alex Feder à la guitare, remplaçant de Brad Delson pour les concerts, et un nouvel album annoncé depuis plusieurs semaine, pour le 15 novembre prochain. Il était donc temps de juger sur pièce et de voir si cette résurrection serait un fiasco ou bien une célébration. Mais à en juger par la ferveur et la rapidité avec lesquelles les billets pour ce show se sont vendus, il y avait fort à parier que la soirée allait être placée sous le signe de la fête.
Mais avant de pouvoir profiter pleinement du retour des Californiens (notre cher Maxime nous a très bien expliqué le contexte lors de son reportage à Londres), place au phénomène anglais SLEEP TOKEN. Que l’on découvre ou non le groupe, l’expérience est intense. Plongés dans l’obscurité, sa prestation se met en place rapidement. L’ambiance est oppressante et même s’il est bien difficile de définir exactement l'univers musical du groupe, le public est en tout cas très réceptif.
Quelques jours plus tard le groupe se produira en tête d’affiche à la LDLC Arena de Lyon, ce qui démontre bien l’engouement que provoque SLEEP TOKEN qui débute avec ''The Offering'' tiré de son tout premier album « Sundowning » en 2019 et il n’en faut pas plus pour que l’audience se mette en jambe. La suite sera composée principalement de chansons issues du 3e et dernier disque en date « Take Me Back To Eden », seule ''Alkaline'' viendra s'immiscer dans cette set-list.
Que dire de la prestation si ce n’est qu’elle est rondement menée. Aucun temps mort, les lumières sont magnifiques, le son raisonne un peu dans cette salle souvent décriée mais qu’importe, la conviction que Vessel propose dans l’interprétation est si palpable qu’elle embarque les 45 000 personnes présentes ce soir. La scénographie avec les choristes n’est pas sans rappeler un autre groupe masqué, mais leur apport est essentiel. Le show s'achève brutalement, la messe est terminée et SLEEP TOKEN a indiscutablement gagné encore un peu plus de fidèles ce 3 novembre à Paris.
Je ne l'ai pas encore évoqué, mais la scène de ce soir n’est pas centrale comme cela était le cas à Londres. La déception se fait sentir, car la salle est immense et elle aurait été parfaite dans cette configuration... néanmoins, la foule est tout simplement en délire lorsque le groupe arrive sur ''Somewhere I Belong'', chantée à gorge déployée. La machine à voyager dans le temps est lancée et LINKIN PARK mettra un point d’honneur à ne jamais faire retomber cette intensité. La joie se lit d’ailleurs sur les visages des musiciens et la communion est totale. Emily Armstrong est totalement adoptée par les fans, qui lui feront même une ovation. Tous les âges sont présents dans la salle et la fête bat son plein. Après une entrée en matière aussi réussie, la suite ne pouvait que dérouler. Nous restons dans les chansons classiques un moment avant que ne soit lancé ''The Emptiness Machine'', premier extrait de l'album « From Zero ». Le single est immédiatement repris en chœur, preuve s’il en est que le LINKIN PARK 2.0 fait mouche.
Alors que l’introduction laisse supposer que ''Castle Of Glass'' allait être interprétée, il faudra se montrer encore un peu patient, car c’est ''The Catalyst'' qui est proposée, avant l’ultra dansante ''Burn It Down''. Vue des gradins, la salle ressemble à une vraie marée humaine, oscillante et bruyante. L'Arena a beau être immense, on ne voit aucune personne qui ne saute pas dans la fosse et rarement la ferveur n’aura été aussi palpable. Après deux feintes aux samples, ''Castle Of Glass'' arrive enfin, suivi de la paire ''When They Come For Me''/''Remember The Name''. Récemment sorti en vidéo, le 3e single ''Over Each Other'' est joué ici pour la première fois sur scène avec Emily à la guitare. Ce titre prend réellement toute son ampleur en live et n’augure que du bon pour la suite du répertoire de LINKIN PARK. Après ''Lost in The Echo'', ''Given Up'' et ''One Step Closer'', le troisième acte s’ouvre sur une version piano/voix de ''Lost''. De toute beauté. L’assistance est littéralement sous le charme de la nouvelle frontwoman et ce ne sont pas les ''jumps'' sur le classique ''Breaking The Habit'' qui me feront mentir.
Il alors temps de reprendre son souffle en chantant sur une version acoustique de ''My December'' ; là encore, un moment de grâce où chacun sort son téléphone portable pour faire naître des milliers d’étoiles dans la salle de Nanterre. Et il faut bien ce répit de trois chansons avant ''Numb'', et que la salle renoue au mode ''jump park'' actionné depuis le début. La communion est vraiment totale entre le public et LINKIN PARK et rarement une audience aura chanté aussi fort, à moins que ce ne soit sur ''In The End'' peut-être. Tant de hits et tant d’engouement, LINKIN PARK nous aura régalés et on perçoit bien là toute la densité de sa discographie. ''Faint'' clôt le set avec l'impériale Emily Armstrong sur le scream final.
Une courte introduction avec encore quelques éléments de ''Castle Of Glass'' annonce le rappel, notamment le deuxième single extrait de « From Zero », ''Heavy Is The Crown'', une touche finale puissante à cette soirée avant que ''Bleed It Out'' ne couronne cette longue et intense prestation.
Avec 28 titres au compteur, ce concert à Paris La Défense Arena marque le retour d’un très grand groupe au plus haut de sa forme. Le public aura été impeccable et sa relation avec le groupe franchement fusionnelle.
Pas de doute LINKIN PARK est de retour et pour longtemps.